Voir la source de Reconquista

{{Voir homonymes|Reconquête|Reconquista (homonymie)}}
{{Article général|Histoire d'al-Andalus|Histoire de l'Espagne|Espagnes médiévales}}
{{Infobox conflit militaire
 | image           = Linguistic map Southwestern Europe-en.gif
 | légende         = Évolution territoriale de la Reconquista à partir de l'évolution linguistique de la péninsule Ibérique.
 | guerre          = 
 | date            = [[722]]-[[1492]]
 | lieu            = [[Péninsule Ibérique]]
 | issue           = Victoire des [[Espagnes médiévales]] chrétiennes
 | combattants1    = {{Royaume des Asturies}}<br>{{Royaume de Galice}}<br>{{Royaume de León}}<br>{{Couronne d'Aragon}}<br>{{Royaume de Castille}}<br>{{Royaume de Portugal}}<br>{{Royaume de Navarre}}<br>[[File:Flag of Cross of Burgundy.svg|20px|bordure]] [[Monarchie catholique espagnole]]<br>
[[Ordre de Santiago]]<br>[[Ordre de Calatrava]]<br>[[Ordre d'Alcántara]]<br>
{{ordre de Saint-Jean de Jérusalem}}<br>{{pays|Templiers|nom=Ordre du Temple}}
 | combattants2    = [[File:Umayyad Flag.svg|20px|bordure]] [[Califat omeyyade de Damas]]<br>[[File:Umayyad Flag.svg|20px|bordure]] [[Émirat de Cordoue]]<br>[[File:Umayyad Flag.svg|20px|bordure]] [[Califat de Cordoue]]<br>[[Taïfa]]s<br> {{Almoravides|Empire almoravide}} <br>{{Almohades|Empire almohade}}<br>{{Émirat de Grenade}}<br>[[Fichier:Flag of Morocco 1258 1659.svg|20px]] [[Mérinides]]
 | commandant1     = 
 | commandant2     = 
 | forces1         = 
 | forces2         = 
 | batailles       = {{Reconquista}}
}}

La '''Reconquista'''{{Note|texte=Le mot « Reconquista » est un nom propre d'origine étrangère, il ne s'écrit donc pas en italique. Il est en outre utilisé ainsi dans la langue française et il est présent dans les dictionnaires de noms propres.|groupe=alpha}} (mot [[espagnol]] et [[portugais]], en [[français]] : « la Reconquête ») est le nom donné à la période de conflit entre les royaumes chrétiens du Nord de l'Espagne et les territoires musulmans d'Al-Andalus, établis depuis la conquête omeyyade de l'Hispanie wisigothe en 711, suivie par d'autres dynasties musulmanes comme le [[califat de Cordoue]], les [[Almoravides]] et les [[Almohades]]. Les forces musulmanes dominent et contrôlent la péninsule rapidement après la conquête, mais la chute du Califat de Cordoue en 1031 ouvre la voie à une progression rapide des royaumes chrétiens : dès 1085 le royaume de Castille prend Tolède et installe Alphonse VI au centre le péninsule. En [[1212]] la [[bataille de Las Navas de Tolosa]], avec l'appui des ordres chevaliers et croisés, réduit la présence musulmane au royaume nazari de Grenade qui devient vassal de la Castille jusqu'à sa chute en 1492, qui marque la fin de près de 800 ans de présence musulmane dans la péninsule ibérique.

L'historiographie traditionnelle utilise le terme de « Reconquista » à partir du {{s|XIX}}, en remplacement de la vision précédente d'une « restauration » des royaumes chrétiens [[wisigoths]] comprise comme la conquête de nouveaux territoires par de nouvelles monarchies pour rétablir un ordre politique et religieux préexistant. Les objectifs de la reconquête changent. Si certains souverains de Castille avaient pu avoir l'ambition d'être les souverains des chrétiens comme des musulmans, au XVe siècle, la politique d'Isabelle la Catholique est l'unification de l'Espagne par la religion chrétienne.

La Reconquista est traditionnellement donnée comme débutant l'année [[722]] et s'achevant précisément le {{date|2 janvier 1492}}. La première date correspond à la première victoire des forces chrétiennes contre les troupes musulmanes arabo-berbères, à la [[bataille de Covadonga]] dans la [[cordillère Cantabrique]], affrontement limité engageant de faibles effectifs mais élevé à un niveau légendaire, et qui permit l'établissement du [[royaume des Asturies]]. La seconde date marque la [[prise de Grenade]] par les « [[Rois catholiques d'Espagne|Rois catholiques]] », faisant disparaitre le dernier bastion musulman dans la péninsule ibérique.

Malgré un nom unique, englobant l'essentiel du Moyen Âge Ibérique sur une durée de huit siècles, la Reconquista n'est pas un processus politiquement uniforme, ni continu temporellement ou géographiquement. L'avancée chrétienne subit de nombreuses interruptions, atteignant jusqu'à cent dix ans, et des épisodes de pertes territoriales. Les monarchies espagnoles et portugaises ne différencient pas les reconquêtes des terres ibériques des conquêtes de l'Afrique du Nord commencées en 1415, dans ce qui deviendra le [[Maroc portugais]].

La notion de Reconquista soulève de nombreux débats portant sur la pertinence du terme, sur les dates de début et de fin, sur l'historiographie et sur la capacité du concept à traduire au {{s-|XXI}} les réalités médiévales.

== Dénomination, définition et débat sur les limites du concept ==
Si la volonté de {{citation|reconquête}} apparaît dès [[722]] chez les [[Chrétien|chrétiens]] [[Péninsule Ibérique|ibériques]] en réaction à la [[Conquête musulmane de la péninsule Ibérique|conquête musulmane]], l'apparition du terme date du {{s|XIX}}, en tant que concept pour les historiens afin de désigner cette période<ref>{{Lien web|titre=La Reconquête ou la Reconquista |url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/la_Reconqu%C3%AAte/140502 |site=larousse.fr |consulté le=2017-01-15}}.</ref> et se fait dans un contexte nationaliste<ref>[https://www.diariodeburgos.es/noticia/ZD86B418D-DD64-5400-8FBA1220E9A23524/20131102/reconquista/es/mito]</ref> pour ce qui était auparavant connu sous le nom de « restauration » des royaumes chrétiens wisigoths, entendue comme la conquête de nouvelles terres par de nouvelles monarchies, qui cherchaient à rétablir un ordre politique et religieux préexistant<ref>[https://www.redalyc.org/pdf/589/58922939009.pdf]</ref>{{,}}<ref>[https://www.researchgate.net/profile/Alejandro_Garcia-Sanjuan/publication/270048623_Al-Andalus_en_la_historiografia_del_nacionalismo_espanolista_Entre_la_Espana_musulmana_y_la_Reconquista_siglos_XIX-XXI/links/549e989c0cf202801ea7b7f3/Al-Andalus-en-la-historiografia-del-nacionalismo-espanolista-Entre-la-Espana-musulmana-y-la-Reconquista-siglos-XIX-XXI.pdf#page=65]</ref>.

Bien qu'il soit compliqué de différencier la reconquête de la conquête sur une période si longue, la Reconquista ne représente pas une période unie et cohérente, car les combats ne sont pas continus, et ne se réduisent pas à un simple affrontement entre deux camps étanches. Faute de meilleur terme, celui-ci reste utilisé par les historiens en dépit de leur désaccord sur ce qu'il sous-entend. Les historiens de [[Arabe|langue arabe]] utilisent le terme ''istirdad'' qui traduit exactement ''Reconquista''<ref>{{harvsp|Alan J. Verskin|2015|p=Introduction|id=Verskin}}.</ref>.

Par ailleurs, plusieurs dates de départ sont traditionnellement admises, notamment 722 (conquête musulmane) et 1031 (chute du [[califat de Cordoue]]). Bien que diverse et s'étendant sur près de huit siècles, la Reconquista est souvent montrée comme un mouvement continu, volontaire et inéluctable dès 722, un exemple de construction historiographique [[Téléologie|téléologique]] d'un [[roman national]]<ref>{{Lien web|langue=es|auteur=Martin F. Rios Saloma |titre=La Reconquista. Una construcción historiográfica, siglos XVI-XIX (article en français) |url=https://www.researchgate.net/publication/283583575_La_Reconquista_Una_construccion_historiografica_siglos_XVI-XIX_by_Martin_F_Rios_Saloma |site=researchgate.net |date=10 octobre 2021 |consulté le=10 novembre 2021}}.</ref>.

En 2010, {{lien|lang=es|trad=Eduardo Manzano Moreno}} expliquait que les chroniques de l'époque d'{{Souverain2|Alphonse III (roi des Asturies)|des Asturies}} furent écrites entre la deuxième partie du {{Sp|IX|et le début du|X}}, époque où [[Al-Andalus]] était secoué par une profonde crise, décrite comme une guerre civile opposant le pouvoir arabes aux convertis, les [[Mozarabe|mozarabes]]. La profondeur de cette crise fit penser aux chroniqueurs que la fin de la présence musulmane dans la péninsule était proche. Mais « lorsque ces hypothèses échouèrent, on réajusta le programme d'après les nouvelles conditions que les siècles postérieurs apportèrent, même si l'idée de « perte » et de « récupération » de ce qui était perdu resta présent au fil des siècles ». Mais les mentions postérieures « atténuèrent considérablement la composante religieuse. Ainsi, en plein {{S|XIV}}, [[don Juan Manuel]] affirmait qu'« il y a une guerre entre chrétiens et maures, et elle continuera tant jusqu'à ce que les chrétiens aient pris les terres que les maures ont capturées », mais il niait que le conflit ait un fondement religieux parce que « ni par la loi, ni par la secte qu'ils ont [les maures] il n'y aurait de guerre entre ces deux »{{sfn|id=Moreno|Manzano Moreno|2018|p=111-112}}.

Des années plus tard, le même auteur, expliquait que le terme « Reconquista » présuppose de façon erronée la continuité entre les royaumes et comtés chrétiens du Nord et la monarchie wisigothe antérieure à la conquête musulmane, comme si Al-Andalus avait été une simple parenthèse historique dans l'évolution de la péninsule. De la même façon, il interroge le terme ''repoblación'' (repeuplement), et indique qu'Al-Andalus « fut commodément supprimé de façon subite et radicale après l'occupation chrétienne ». Il propose d'abandonner le binôme ''reconquista''/''repoblación'' pour se référer à l'expansion chrétienne, sans supposer un retour aux situations préexistantes, « sans que ça n'implique que l'occupation des enclaves et territoires n'altère substantiellement les situations antérieures, ni qu'il y a eu d'importants abandons de certaines enclaves, ni que, en fin, on ne mit en place de nouvelles organisations qui donnèrent les formes présentes aux sociétés du [[Moyen Âge tardif|bas Moyen Âge]]. Il y eut une certaine continuité, mais également des changements dramatiques, et ces derniers augmentèrent avec le temps jusqu'à rendre méconnaissable l'ancienne société andalusi »{{sfn|id=Moreno|Manzano Moreno|2018|p=465-468}}

Lors de la [[bataille de Las Navas de Tolosa]] ([[1212]]), le [[pape]] {{Souverain2|Innocent III}} accorde la rémission de leurs péchés aux combattants, lorsqu'il attribue à l'Espagne la [[bulle de la sainte croisade]]<ref group=alpha>Nom qui lui fut attribué rétrospectivement. Plusieurs termes concurrents coexistent durant le Moyen Âge.</ref>. La formation d'[[Ordre de chevalerie|ordres chevaleresques]] [[Ordre religieux|religieux]] et [[Ordre militaire|militaires]] commence au {{S|XII}}, avec notamment les ordres d'[[ordre d'Alcántara|Alcántara]], de [[Ordre de Santiago|Santiago]]{{etc}} inspirés des succès de l'[[ordre du Temple]] formé en [[1120]].

Lors de la crise du {{S|XIV}}, la reconquête militaire est interrompue, et durant une période de cent dix ans entre [[1350]] et [[1460]], la frontière est globalement en paix pendant quatre-vingt-cinq ans, malgré la prise d'[[Antequera]]. Le [[royaume de Castille]] accepte alors la mainmise musulmane sur [[Gibraltar]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=William Godfrey Fothergill Jackson|titre=The Rock of the Gibraltarians|éditeur=Associated University Presses|année=1986|passage=46|isbn=}}.</ref> et une vassalité des derniers territoires du [[royaume de Grenade]] dans les affaires duquel il intervient souvent.

== Conquête musulmane ==
[[Fichier:Rock of Gibraltar 1810.jpg|vignette|gauche|Rocher de [[Gibraltar]] d'où débuta la conquête de l'[[Hispanie]].]][[Fichier:The battle of Guadelete.jpg|vignette|gauche|[[Bataille du Guadalete]].]]
[[Image:Map Iberian Peninsula 750-es.svg|vignette|upright=1.2|[[Hispanie]] en [[721]], après la conquête musulmane des derniers royaumes wisigoths de Narbonne.]]
{{Article détaillé|Conquête musulmane de la péninsule Ibérique}}

Depuis la fin de l'[[Hispanie romaine]], les [[Wisigoths]], ayant assujetti les [[Suèves]] durant la période dite de l'« [[Royaume wisigoth|Hispanie wisigothe]] », dominent la [[péninsule Ibérique]] (royaume wisigoth de Tolède).

En [[711]] a lieu dans la péninsule Ibérique la première invasion musulmane. Celle-ci arrive d'[[Afrique du Nord]] par le [[détroit de Gibraltar]], qui doit précisément son nom actuel à [[Tariq ibn Ziyad|Tariq ibnou Ziyad]], général qui commande l’expédition, et que le roi [[Rodéric]] (''Rodrigo'' en [[espagnol]]), l'un des derniers rois wisigoths, combat personnellement. Le Roi Rodéric perd cependant la vie lors de la [[bataille du Guadalete]]. Tariq est appelé à [[Damas]], alors capitale du [[califat]], pour informer de sa victoire et ne revient pas. Sa place est prise par le gouverneur [[Abdelaziz ibn Moussa ibn Noçaïr|Abd al-Aziz]], qui épouse [[Egilona]], veuve du roi Rodéric, et organise ces territoires sous la forme d’un [[émirat]] dépendant du califat.

[[Fichier:Ibérique en 711.png|vignette|Conquête musulmane de la péninsule de 711 à 718.|alt=]]

Si l'invasion islamique est rapide et énergique, le retour à la stabilité politique et militaire est long. L’Émirat met immédiatement en place une politique de traités avec les nobles wisigoths qui lui permet de contrôler le reste de la péninsule. En [[716]], les Arabes commencent à diriger leurs forces vers les [[Pyrénées]] pour tenter d'entrer dans le [[Royaumes francs|royaume des Francs]] alors qu'[[Abdelaziz ibn Moussa ibn Noçaïr|Abd al-Aziz]] est assassiné à [[Séville]] générant une crise telle que, durant les quarante années suivantes, vingt gouverneurs se succèdent à la tête de l’Émirat qui fait face à de nombreux soulèvements. L'instabilité se poursuit au-delà de la prise de pouvoir mouvementée d'[[Abd al-Rahman Ier|Abd al-Rahman]] à la tête de l'Émirat qui laisse néanmoins à son fils un territoire indépendant et relativement stable en 788.

En plus de facteurs endogènes qui conduisent à l'expansion mondiale de l'[[islam]], cette évolution rapide est expliquée par les faiblesses des Wisigoths car leur domination sur la péninsule est fragile et incomplète : en 711, le roi Rodrigo dirige encore une campagne militaire contre les [[Basques]] dans le Nord. De plus, les élites wisigothiques sont divisées par des affrontements liés à la succession au trône de la monarchie qui est élective et non héréditaire. Les partisans de Rodrigo, duc de [[Bétique]], s'opposent à ceux d'[[Agila II]] à [[Tarragone]].

L'aristocratie terrienne, convertie tardivement au catholicisme<ref group=alpha>Avant de se convertir au catholicisme, les Wisigoths sont de confession [[christianisme|chrétienne]] [[Arianisme|arienne]].</ref>, est doublée d’une population libre ou servile, dont les conditions de vie difficiles la rendent mécontente. Beaucoup voient la conquête arabe comme une amélioration de leur situation{{Référence nécessaire|date=10 octobre 2021}}. Enfin, la baisse de l'activité commerciale conduit à une sous-estimation de la [[Juifs|population juive]], qui participe largement à cette invasion. Les juifs, maltraités lors des règnes précédents, notamment avec leur conversion forcée en 617, offrent un accueil favorable aux musulmans{{Précision nécessaire|date=10 octobre 2021}}, trouvant également un avantage dans la situation des minorités hébraïques protégées par la juridiction islamique plutôt que wisigothe<ref>{{Ouvrage|auteur1=Béatrice Leroy|titre=Les Juifs dans l'Espagne chrétienne avant 1492|éditeur=[[Éditions Albin Michel]]|collection=Présences du judaïsme|année=1993|pages totales=137|isbn=978-2-226-06299-4|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=K4UbBAAAQBAJ&pg=PT8}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|auteur1=Angel Sâenz-Badillos|titre=Les recherches sur les juifs d'al-Andalus dans les vingt-cinq dernières années|périodique=Revue du monde musulman et de la Méditerranée|volume=63|numéro=1|date=1992|doi=10.3406/remmm.1992.1539|lire en ligne=http://www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1992_num_63_1_1539|consulté le=2017-02-24|pages=63-79| issn = 0997-1327 }}.</ref>. Enfin, le royaume wisigoth avait été particulièrement touché par des famines consécutives à des sécheresses et par des épidémies {{incise|la [[peste de Justinien]]}} créant un fort déficit de population qui contribue à sa faiblesse et à sa chute{{Source insuffisante}}.

== Haut Moyen Âge ==
Les envahisseurs tentent de poursuivre leurs avancées au nord des [[Pyrénées]], vers des régions plus riches que la péninsule ibérique, mais ils échouent d'abord à [[Bataille de Toulouse (721)|Toulouse]] en 721, puis définitivement à [[Bataille de Poitiers (732)|Poitiers]] en 732. À partir de cette date, les francs reprennent le terrain jusqu'à la prise de Narbonne par Pépin le Bref en [[759]]. Une deuxième [[Présence_sarrasine_au_nord_des_Pyrénées#Huit_nouvelles_décennies_de_présence_(890_-_973|tentative maure]] de s'implanter en Provence, vers 890, finira en 973.

Le fait que les musulmans orientent leurs efforts vers le nord, et s'y cassent les dents, favorise la résistance chrétienne dans la péninsule ibérique. Deux foyers naissent (dans les Asturies et les Pyrénées), qui vont se consolider en différents royaumes pendant les trois siècles suivants.

Ce ralentissement voire ce recul des conquêtes islamiques au nord a également pour cause des problèmes internes à ce nouvel Émirat. La [[Grande révolte berbère|révolte berbère au Maghreb]] en 740 et son développement à Cordoue conduit au rapatriement vers al-Andalus de soldats installés en Provence. En 750, le renversement de la dynastie Omeyyades de Damas par les Abbassides modifie la position géopolitique de la péninsule ibérique aux mains des Omeyyades. L'[[Émirat de Cordoue|émirat omeyyade de Cordoue]] est fondé en 756 par [[Abd al-Rahman Ier|Abd al-Rahman {{Ier}}]] . Ce dernier, surtout concentré à {{citation|déjouer les complots fomentés par les Abbassides, à renforcer son pouvoir et à organiser son jeune État, ne peut poursuivre les conquêtes vers le Nord<ref>{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Florian Mazel et al.|titre=Nouvelle histoire du Moyen Âge|lieu=Paris|éditeur=Seuil|année=2021|passage=p145|isbn=2021460355|numéro chapitre=10|titre chapitre=L'irruption de l'Islam (VIIe - Xe siècle)}}</ref>}}.

=== Les Asturies ===
[[Image:Map Iberian Peninsula 910-es.svg|vignette|upright=1.2|[[Royaume des Asturies]], vers [[910]], sous le règne d'[[Alphonse III (roi des Asturies)|Alphonse III des Asturies]] ([[848]]-[[910]]).]]
[[Fichier:Don Pelayo.jpg|200px|vignette|Statue de [[Pélage le Conquérant]] à [[Covadonga (Espagne)|Covadonga]].]]
{{Article détaillé|Royaume des Asturies|Pélage le Conquérant|Alphonse Ier (roi des Asturies){{!}}Alphonse {{Ier}} des Asturies}}
En [[718]], un noble wisigoth connu sous le nom de [[Pélage le Conquérant|Pélage]] (''Pelayo el Conquistador'') se révolte. Cependant il échoue, est fait prisonnier et envoyé à « Córdoba » (terme qui désigne alors l’ensemble du [[califat de Cordoue]] et pas seulement la ville de Cordoue).

Il s’échappe et organise, dans les montagnes des [[Asturies]], une deuxième révolte concrétisée en [[722]] par la [[bataille de Covadonga]]. Cet événement est considéré comme le début de la Reconquête. Pélage avec les [[Astures]] d'origine celtique, quelques nobles wisigoths, et une population wisigothe fuyant vers le nord pour rejoindre la résistance<ref>{{Lien web|langue=es|format=citation non littérale du texte (soutien de l’argument)|auteur1=Juan Ignacio Ruiz de la Peña Solar|titre=Pelayo|url=http://dbe.rah.es/biografias/4725/pelayo|site=Académie Royale d’Histoire.Espagne|consulté le=19 Avril 2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=es|auteur1=F. Navarro Villoslada|titre=Covadonga|url=https://es.wikisource.org/wiki/Covadonga|site=wikisource|consulté le=19 Avril 2020}}.</ref> est à l'origine du [[royaume des Asturies]], dont les souverains se considéreront plus tard comme les successeurs des rois wisigoths, et fondement de la future Reconquista. L'interprétation de la bataille de Covadonga est sujette à controverses : tandis que dans les chroniques chrétiennes, elle apparaît comme « une grande victoire contre les infidèles avec l'aide de Dieu », les chroniqueurs arabes décrivent une confrontation avec un petit groupe de chrétiens, qu’ils vainquirent et se refusèrent à poursuivre après qu’ils furent considérés comme inoffensifs. Quoi qu'il en soit, cette bataille de Covadonga, malgré des forces en présence minimes, a un tel retentissement qu’elle polarise autour de Don Pelayo un foyer de résistance aux musulmans, ce qui en fait un événement politique et stratégique majeur, qui sera par la suite magnifiée à un niveau légendaire. Les chrétiens des Asturies acclament Pélage pour roi, il conduit la lutte contre les [[Maures]] de [[718]] à [[737]]<ref name="JFL">{{harvsp|Jean François Labourdette|2000|p=23-24|id=JFL}}.</ref>.

Les Arabes se retirent pour contrôler la partie la plus méridionale de la péninsule. De leur point de vue, la domination d’une région montagneuse aux ressources limitées et aux hivers extrêmement rudes n'est pas intéressante et leur faible contingent initial ne permet pas un contrôle effectif des territoires sans accords avec les seigneurs locaux. En somme, contrôler ces territoires marginaux implique plus de coûts que de bénéfices, d'autant plus que les chrétiens dans cette région ne représentent aucun danger. D'ailleurs l'urgence est alors la gestion de la contre-offensive de [[Pépin le Bref]] au nord des Pyrénées. Cependant, l'expansion rapide du petit royaume inquiète rapidement les autorités. À partir de [[740]], sous le règne d'[[Alphonse Ier (roi des Asturies)|Alphonse {{Ier}}]] ([[739]]-[[757]]), successeur de Pélage, à la faveur de luttes confuses entre les différents chefs de guerre qui refusent l'autorité du [[Califat de Cordoue|calife de Cordoue]] et d'un désintérêt des musulmans pour les terres de [[Galice]] et du [[Douro]], les cités d'[[Astorga]] et de [[León (Espagne)|León]] sont prises<ref name="JFL"/>. Alphonse {{Ier}} installe la capitale d'une monarchie asturio-léonaise à León et organise des expéditions qui conduisent à la prise des cités de [[Braga]], [[Porto]], [[Viseu (Portugal)|Viseu]] et [[Chaves (Portugal)|Chaves]]<ref name="JFL"/>. Ce sont des conquêtes sans lendemain car le roi ne dispose pas de forces suffisantes pour les conserver et les repeupler. Avant même que toutes ces terres ne soient reconquises, on distingue dans le [[royaume de León]] quatre grandes divisions administratives : les [[Royaume des Asturies|Asturies]], le [[Royaume de León|León]], la [[Royaume de Galice|Galice]] et la [[Royaume de Castille|Castille]]<ref name="JFL"/>.

[[Fichier:Ibérique en 757.png|vignette|Péninsule Ibérique en 757.|alt=]]

Ces territoires servent alors pour harceler [[Al-Andalus]] et pour annexer de nouvelles terres<ref>{{harvsp|Romain Parmentier|2015|p=16|id=Parmentier}}.</ref>. Le califat de Cordoue organise des raids successifs. Du temps d’[[Alphonse II (roi des Asturies)|Alphonse II]], il y en a un par an sur le territoire asturien. Mais le royaume survit et continue à se développer. Le Douro est franchi en [[878]]<ref name=Req17>{{harvsp|Romain Parmentier|2015|p=17|id=Parmentier}}.</ref> avec des victoires importantes, comme la [[bataille de Lutos]] et celle de {{Lien|langue=es|trad=Batalla de Polvoraria|fr=Bataille de Polvoraria|texte=Polvoraria}}. Une campagne à [[Lisbonne]], attribuée à Alphonse II, est signalée en [[809]]<ref>{{harvsp|Charles Romey|1838|p=537|id=Romey}}.</ref>.

Le [[royaume des Asturies]] qui a initialement un caractère [[asturien]] change en raison de la venue d’immigrants de culture hispano-gothique fuyant vers ce royaume chrétien du Nord. Le royaume est cependant très lié durant cette période à l’[[Empire carolingien]], en particulier après la « découverte » de la tombe présumée de l'apôtre [[Jacques de Zébédée|saint Jacques]]. Cette découverte va réussir à lier l'[[Europe]] [[Christianisme en Europe|chrétienne]] avec le royaume des Asturies contre une occupation islamisée du Sud de la péninsule.

Le royaume des Asturies subit plusieurs divisions, la première ayant lieu en [[910]] à la mort du roi [[Alphonse III (roi des Asturies)|Alphonse III des Asturies]]<ref>{{Lien web|titre=Alphonse III : Chronique « ad Sebastianum »|url=http://remacle.org/bloodwolf/iberiques/alphonse/chronique.htm|site=remacle.org|consulté le=14-01-2017}}.</ref>. Le royaume est d’abord partagé entre trois de ses cinq enfants : [[García Ier d'Oviedo|García]], [[Ordoño II de León|Ordoño]] et [[Fruela II|Fruela]]. Ces territoires incluent, outre les Asturies, le comté de León, celui de [[Comté de Castille|Castille]], la Galice, les marches de l’[[Alava]] et du [[Comté de Portugal|Portugal]] alors à la frontière sud de la Galice. García reçoit le León, la Castille et l’Álava fondant le [[royaume de León]]. Ordoño reçoit la Galice et le Portugal, et Fruela garde les Asturies<ref>{{en}} & {{de}} Peter Truhart, ''Regents of Nations'', K. G Saur Münich, [[1984]]-[[1988]] {{ISBN|359810491X}}, Art. « Europe/Southern Europe Europa/Südeuropa ».</ref>.

=== Le foyer pyrénéen ===
{{Article détaillé |Marche d'Espagne}}

Le [[royaume de Pampelune]], plus tard appelé [[royaume de Navarre]], a comme origine la famille [[Banu Qasi]] qui signe un accord avec les [[muladi]]es de [[Tudela]]. Son premier roi est [[Eneko Arista]] (Iñigo Arista en espagnol). Au début du {{s-|X}}, la famille Jimena remplace la famille Arista et [[Sanche Ier de Navarre|Sanche Garcés {{Ier}}]] qui en est le premier roi, remporte de grands succès militaires. [[Pampelune]] parvient à contrôler sa [[Royaume de Navarre|Navarre]] originelle, [[La Rioja]], alors appelée {{Lien|langue=es|trad=Reino de Nájera|fr=royaume de Nájer}}, et ce qui se nommera plus tard le [[Pays basque]]. Des [[Union dynastique|unions dynastiques]] permettent de prendre le contrôle des comtés de [[Comté de Castille|Castille]], dépendant du [[Royaume de León|León]] quoique très autonome, et d’[[Comté d'Aragon|Aragon]] après s’être transformées en dynastie héréditaire avec le comte [[Aznar Ier Galíndez|Aznar Galíndez]], [[Sobrarbe]] et [[Ribagorce|Ribagorza]] dans les Pyrénées sous le règne de [[Sanche III Garcés|Sanche III le Grand]]. À sa mort, il lègue le royaume de Pampelune à [[García IV de Navarre]], à qui doivent être subordonnés les dirigeants des autres parties de son royaume : Fernando, qui reçoit le comté de Castille et Ramiro, qui reçoit le comté d'Aragon, devenant cependant indépendant après l'annexion en [[1045]] de Sobrarbe et Ribagorza, comtés hérités par son frère cadet, Gonzalo.

[[Fichier:Péninsule ibérique en 814.png|vignette|Carte de la péninsule ibérique en 814 avec les campagnes de Charlemagne et la création de la marche d'Espagne.]]

Le foyer pyrénéen, c'est-à-dire le royaume de Pampelune, l’ensemble des comtés catalans et ceux d'Aragon, de Sobrarbe et de Ribagorza, est issu de la résistance carolingienne dirigée par [[Charles Martel]] qui avait permis, en [[Bataille de Poitiers (732)|732]], de faire refluer l’invasion musulmane en [[histoire de l'Aquitaine|Aquitaine]]. La marche d'Espagne est créée par les [[Carolingiens]] après que [[Pépin le Bref]] puis [[Charlemagne]] eurent reconquis la [[Septimanie]], faisant de cette dernière une zone de confinement militaire pour arrêter les [[Présence sarrasine au nord des Pyrénées|incursions sarrasines]]. C'est une frontière militaire au sud du Royaume franc qui permet que d’autres chrétiens se fixent dans la péninsule. Le territoire entre la Navarre orientale et la [[Mer Méditerranée|Méditerranée]] est alors divisé en comtés. L’Est de la marche d’Espagne est occupé par des comtés catalans et des comtés aragonais, [[comté de Sobrarbe|Sobrarbe]] et [[Comté de Ribagorce|Ribagorza]] formant la zone intermédiaire. Alors que l'intention initiale des Francs était d'amener ces frontières à l'[[Èbre]], la marche se trouve délimitée par les Pyrénées au nord et par le [[Llobregat]] au sud lors de la [[Siège de Barcelone (801)|prise de Barcelone]] par [[Louis le Pieux]] le {{date|2 avril 801}}. Au fil du temps, et particulièrement après la [[sac de Barcelone (985)|prise de Barcelone]] en [[985]] par [[Almanzor]], le comté prend son indépendance durant les règnes des comtes [[Guifred le Velu]] et Aznar Galíndez.

Le [[Royaume d'Aragon|comté d'Aragon]] appartient lui aussi aux comtés de la marche d’Espagne franque. Il fusionne en [[943]] avec celui de Pampelune, à la suite de l’union dynastique entre [[Andregoto Galíndez]] et {{Souverain3|García II de Navarre}}. {{Souverain-|Sanche III}} le Grand lègue le comté à son fils [[Ramire Ier d'Aragon|Ramiro]] à sa mort en [[1035]]. Ce dernier s'émancipe de la tutelle franque et annexe les comtés de Sobrarbe et Ribagorza. Ramiro {{Ier}} établit un royaume ''de facto'' comprenant les trois comtés occupant les Pyrénées centrales. En [[1076]] à la mort de [[Sanche IV de Navarre]], il réussit à annexer la Navarre. Mais après la mort d'Alphonse le Batailleur, cette union perd sa cohésion.

=== Bilan du haut Moyen Âge ===
[[Image:Map Almanzor campaigns-fr.svg|250px|gauche|vignette|Les campagnes d'[[Almanzor]].]]

La conquête arabe réalisée en à peine 5 ans ([[711]]-[[716]]) laisse seulement quelques franges montagneuses au nord. Les principaux efforts, désordonnés, jusqu'au {{s-|X}} permettent de construire et de consolider des structures politiques et institutionnelles sur des réalités socio-économiques en évolution rapide. Subissant l'afflux massif de populations fuyant l'avancée musulmane, elles posent les bases de la féodalité dans la [[Péninsule Ibérique|péninsule]].

À l'ouest, le [[royaume des Asturies]] se construit et s'étend jusqu'à la [[Galice]]. À l'est, la marche défensive carolingienne évolue en différents noyaux chrétiens et royaumes pyrénéens autonomes. Après des gains territoriaux initiaux rapides par les chrétiens la pression sur les royaumes du Nord augmente significativement. L'avènement d'[[Abd al-Rahman III]] ([[912]]) et la restauration d'un pouvoir musulman puissant, la transformation de l'[[émirat de Cordoue]] en califat ([[929]]) puis la prise de pouvoir d'[[Almanzor]] rendent précaire la situation de ces royaumes jusqu'à la fin du {{s-|X}}, versant des tributs au califat dont ils reconnaissent la souveraineté, faisant d'eux des États tributaires de l'Émirat<ref name=Req17/>.

== {{Sp-|XI|et|XII|s}} ==
[[Fichier:Puente Enrique Estevan Tormes.JPG|vignette|[[Salamanque]], ville attaquée par [[Almanzor]] en 977 en riposte à l'attaque des rois chrétiens.]]
[[Fichier:Medina-al-Zahra.jpg|vignette|gauche|[[Madinat al-Zahra]] aux abords de Cordoue. Siège du califat, la ville a été détruite en 1010, lors des débuts de la guerre civile en Al-Andalus.|alt=]]
[[Fichier:Reino de Navarra - La union con Aragón.svg|250px|vignette|Les possessions et les conquêtes d'{{Souverain2|Alphonse Ier (roi d'Aragon)}}.]]
[[Fichier:Toledo Skyline Panorama, Spain - Dec 2006.jpg|vignette|upright=1|Vue de [[Tolède]] ; la ville est à l'époque d'Al-Andalus la plus importante ville [[mozarabe]].]]
Le règne d'[[Almanzor]] célèbre pour ses saccages, à la fin du {{s-|X}}, favorise la reprise de la Reconquista. La [[sac de Barcelone (985)]] accélère l'autonomie des comtés [[Catalogne|catalans]] de l'Empire franc. Le pillage de [[Saint-Jacques-de-Compostelle]] en [[999]] est considéré comme un affront dans toute la chrétienté. À la mort d'Almanzor, en [[1009]], commence dans le royaume ruiné une [[Guerre civile en al-Andalus|guerre civile]] qui aboutit à l'effondrement du califat en [[1031]] et au morcellement de son domaine territorial en de nombreux émirats indépendants et souvent rivaux (''[[Taïfa|taïfas]]''). Les royaumes chrétiens soutiennent activement les révoltes qui ont lieu dans diverses villes, en particulier à Cordoue, en s'alliant à des clans séparatistes, ce qui leur permet de regagner les places perdues sous le règne d'Almanzor<ref name=Req17/>.

En [[1063]], le pape [[Alexandre II (pape)|Alexandre II]] octroie une [[Indulgence (catholicisme)|indulgence]] spéciale à quiconque irait lutter contre les musulmans en Espagne dans sa bulle ''Eos qui in Ispaniam''<ref>{{Ouvrage|auteur1=Philippe Josserand|titre=Église et pouvoir dans la péninsule ibérique|sous-titre=Les ordres militaires dans le royaume de Castille (1252-1369)|éditeur=|année=|passage=581|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=1FYnDwAAQBAJ&pg=PA581&dq=Eos+qui+in+Ispaniam}}.</ref>{{,}}<ref group=alpha>Le sens exact de la bulle a été discuté. La grande majorité des historiens la comprennent dans le cadre de la lutte contre l'Islam en Espagne. Texte intégral de la bulle :
''« Eos qui in Ispaniam proficisci destinarunt paternitate karitate hortamur ut, que divinitus admoniti cogitaverunt ad effectum perducere, summa cum sollicitudine procurent ; qui iuxta qualitatem peccaminum suorum unusquisque suo episcopo vel spirituali patri confiteatur, eisque, ne diabolus accusare de inpenitentia possit, modus penitentie imponatur. Nos vero auctoritate sanctorum apostolorum Petri et Pauli et penitentiam eis levamus et remissionem peccatorum facimus, oratione prosequente. »''</ref>. Les chevaliers de France, [[Royaume d'Aquitaine|aquitains]], [[Normandie|normands]], [[Champagne (province)|champenois]] notamment, viennent en nombre se joindre à leurs pairs d'outre-monts. C'est au cours de luttes confuses qui opposent les chrétiens aux [[Maures]] et aux [[Taïfa|taïfas]] que la Reconquista gagne du terrain.

La dislocation du califat en taïfas souvent rivales facilite une lente avancée chrétienne par le nord de la [[Meseta centrale|Meseta]], et par la vallée de l'[[Èbre]]. À cette époque, après un dur combat contre les taïfas de Saragosse, le royaume aragonais atteint l'Èbre, et conquiert sa capitale en [[1118]]. Ces avancées permettent de consolider institutionnellement les royaumes. Durant la dissolution du califat, le jeu des unions dynastiques renforce les royaumes chrétiens. En [[1137]], le mariage de Pétronille, fille unique du roi d'Aragon, et de [[Raimond-Bérenger IV de Barcelone|Ramón Berenguer IV]], [[Liste des comtes de Barcelone|comte de Barcelone]], donne naissance à la [[couronne d'Aragon]], unissant le royaume et les comtés, bien que chaque territoire conserve ses us et coutumes. La Couronne, affirmant son indépendance du royaume de France, avance jusqu'à l'Èbre. Elle finira par reprendre aux Arabes les territoires qui forment la Catalogne contemporaine. Inversant la situation des siècles précédents, ce sont les royaumes chrétiens qui imposent des tributs aux États musulmans, les {{Lien|langue=en|trad=parias|fr=parias (tribut)|texte=parias}}, les convertissant virtuellement en protectorats.

En [[Royaume de Castille|Castille]] et [[Royaume de León|León]], l'avancée aboutit notamment à la conquête du royaume de Tolède le {{date|6 mai 1085}}. À cette date, près de la moitié du territoire espagnol contemporain est sous souveraineté chrétienne.

<gallery>
Fichier:Péninsule Ibérique en 1002.png|La contre-attaque d'Almanzor, 967-1002.
Fichier:Péninsule ibérique en 1037.png|L'éclatement du califat de Cordoue en taïfas, 1002-1037.
Fichier:Péninsule ibérique en 1065.png|L'union des royaumes sous Ferdinand {{Ier}}, 1037-1065.
Fichier:Péninsule ibérique en 1085.png|La prise de Tolède en 1085.
</gallery>

Cette victoire provoque des vagues successives de renforts. Ibn Tachfin réunit à [[Ceuta]] une armée composée de soldats venus de tout l'Empire [[Almoravides|almoravide]], du Sahara, du Maghreb ainsi que des différentes tribus comme les [[Sanhadja]]<ref name="Ronald A. Messier, p.77">{{harvsp|Messier|2010|p=77}}.</ref>.
{{citation bloc|Mal arabisés, mal islamisés, les berbères n'avaient en réalité jamais accepté la conquête arabe, résistant farouchement à ceux qu'ils tiennent pour des envahisseurs. Après leur défaite et leur conversion, leur amour farouche de l'indépendance ne s'était pas éteint<ref name=Castillo>''Dictionnaire amoureux de l'Espagne'', Al Andalus, p. 46.</ref>.}}

D'abord appelée en renfort, son armée passe le détroit le 30 juillet [[1086]]. De retour en 1090, il conquiert rapidement le pays ; sur la trentaine de taïfas, moins d'une dizaine ont une réelle puissance militaire et une capacité de résistance. Les soldats d'[[Youssef ben Tachfine|Ibn Tachfin]] s'emploient à détrôner les petits émirs dont les [[Taïfa|taïfas]] disparaissent une à une, leur arrivée est acclamée par la foule qui, fatiguée de l'état de guerre permanent entre taïfas, est furieuse de la fragilité d'Al-Andalus face aux rois chrétiens{{Sfn|Clot|2004|p=198}}. Cette conquête marque la fin d'un âge d'or culturel et la fin de la ''[[Convivencia]]''. Les Almoravides, [[Sahara|Sahariens]] austères et rigides, favorisent les religieux aux dépens des poètes et des philosophes. Ils déportent des chrétiens dans leur territoires d'Afrique du Nord. Le caractère profondément pieux et intransigeant du nouveau maître du pays a pour conséquence une application stricte de la loi islamique dans le pays. Les églises sont détruites et les juifs condamnés à payer de lourdes taxes. Rapidement, les Almoravides sont haïs par la population{{Sfn|Clot|2004|p=199}}, tant à cause des hausses d'impôts que du comportement de leurs soldats qui pillaient, saccageaient le pays. La corruption de l'État prend des proportions alarmantes. Les Almoravides évitent l'effondrement complet de l'Espagne musulmane, mais ils ne font que freiner l'avancée chrétienne en bloquant les Castillans à la [[Bataille de Sagrajas|Sagrajas]]. Ils sont mis en difficulté à Valence, occupée par [[Rodrigo Díaz de Vivar|Le Cid]] de [[1094]] à [[1102]], ne remportent aucune bataille décisive et ne parviennent pas à reprendre des villes importantes comme Tolède{{Sfn|Clot|2004|p=200}}.

[[Fichier:Péninsule ibérique en 1115.png|vignette|Les conquêtes almoravides de 1085 à 1115.|alt=]]

Trente-cinq ans après, en [[1121]], le pays est en proie à la famine et une révolte éclate dans plusieurs villes mais elle est écrasée dans le sang, notamment à Cordoue. Cela sonne la fin de la présence almoravide sur la péninsule. Des chefs rebelles font appel aux [[Almohades]] d'Afrique du Nord qui venaient de conquérir le Maroc. L'arrivée des Almohades tient autant du renfort que d'une nouvelle conquête ; supplantant les Almoravides et transformant radicalement la situation politique. En [[1147]] ils dominent le [[Maghreb]] et [[Al-Andalus]] après avoir infligé une sévère défaite aux [[Royaume de Castille|Castillans]] lors de la [[bataille d'Alarcos]]. Pratiquant leur religion avec une rigueur extrême, les [[Almohades]] se montrent particulièrement intolérants vis-à-vis des juifs et des chrétiens [[mozarabe]]s parlant arabe et arabisés, parfois révoltés, qu'ils expulsent<ref>{{Ouvrage |auteur1=Cyrille Aillet |auteur2=Sophie Makariou |auteur3=Emmanuelle Tixier-Caceres |auteur4=Philippe Gourdin |directeur4=oui |et al.=oui |titre=Pays d'islam et monde latin |sous-titre=950-1250 |lieu=Neuilly-sur-Seine |éditeur=Atlande |collection=Clefs concours. Histoire médiévale |année=2001 |pages totales=383 |format livre=18 cm |passage=60-61 |isbn=2-912232-23-6 |issn=1281-4415 |bnf=372117153}}.</ref>.

{{citation bloc|Pour parachever l’œuvre de décadence, l'irruption des fanatismes sema partout la ruine et la désolation. Almoravides, Almohades, par vagues successives, l'intégrisme berbère attisé par des illuminés déferla sur le pays incendiant et tuant. Accusé de trahir les principes de l'Islam, de s'adonner à la pire débauche, de succomber aux tentations, d'un syncrétisme pernicieux, les princes furent assassinés, leurs bibliothèques incendiées, leurs palais rasés.|{{Ouvrage|auteur1=[[Michel del Castillo]]|titre=Dictionnaire amoureux de l'Espagne|éditeur=|année=|passage=47|isbn=|titre chapitre=Al Andalus}}}}

<gallery>
Fichier:Péninsule ibérique en 1144.png|L'effritement des Almoravides de 1115 à 1144
Fichier:Péninsule ibérique en 1148.png|L'effondrement almoravide et les taïfas de la seconde période de 1144 à 1148
Fichier:Péninsule ibérique en 1157.png|Les Almohades et l'Al-Andalus de 1148 à 1157
Fichier:Péninsule ibérique en 1195.png|L'apogée almohade en 1195
</gallery>

En [[1179]], les princes chrétiens se partagent les terres à conquérir par le [[traité de Cazola]]. La Castille profite ainsi d'un accès à la mer Méditerranée par [[Carthagène (Espagne)|Carthagène]], ce qui arrête l'expansion aragonaise au sud.

Sur la [[Océan Atlantique|côte atlantique]], la reconquête avance plus rapidement qu'en [[Estrémadure]]. Au sud du [[Douro]], les territoires reconquis forment un autre comté, celui de [[Coimbra]], ville reprise définitivement en [[1063]] ou [[1064]]. En gagnant la [[bataille d'Ourique]] en [[1139]], puis en reprenant [[Lisbonne]] en 1147, [[Alphonse Ier (roi de Portugal)|Alfonso Henriques]] devient roi de [[Portugal]], une indépendance de la Castille que lui reconnaît le pape en 1179. La capitale s'établit à [[Guimarães]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Eugeen Rœgiest|titre=Vers les sources des langues romanes|sous-titre=un itinéraire linguistique à travers la Romania|lieu=Louvain|éditeur=Acco|année=2009|passage=243|oclc=500528168}}.</ref>.

C'est une période d’influence européenne intense, avec l'ouverture de courants culturels continentaux ([[Ordre de Cluny|Cluny]], [[Ordre cistercien|Cîteaux]]) et l'acceptation de la suprématie religieuse de Rome. Le repeuplement entre le Douro et le [[Tage]] s'appuie sur des colons libres et des conseils dotés d'une grande autonomie, les [[For (droit)|fors]], pendant que dans l'Èbre les seigneuries chrétiennes exploitent une population agricole musulmane.

== {{s2-|XIII|XIV|}} ==
[[Image:Batalla de las Navas de Tolosa, por Francisco van Halen.jpg|upright=1.5|vignette|gauche|[[Bataille de Las Navas de Tolosa]] le {{date|16 juillet 1212}}.]]
L’alliance entre les royaumes chrétiens permet l’effondrement définitif d’Al-Andalus, avec la victoire majeure de [[Bataille de Las Navas de Tolosa|Las Navas de Tolosa]] ([[1212]]) et la conquête rapide de tout le Sud de la péninsule (hors Grenade). Durant la première moitié du {{s-|XIII}}, entre [[1217]] et [[1249]], les chrétiens conquièrent la moitié de la péninsule Ibérique. Cette période est connue sous le nom de ''Gran Reconquista'', d'après l'expression de Derek Lomax<ref>{{harvsp|Derek William Lomax|1978|id=Lomax}}.</ref>. La bataille du détroit où combat le dernier peuple nord-africain de la péninsule, les [[Mérinides|Benimerines]], est particulièrement célèbre.

En [[1229]], [[Jacques Ier (roi d'Aragon)|Jacques {{Ier}} d'Aragon]] enlève les [[Îles Baléares|Baléares]], avec la [[conquête de Majorque]], dont la capitale, [[Palma]], tombe le {{date|31 décembre 1229}}. La prise des îles fut déterminante pour le contrôle de la [[Mer Méditerranée|Méditerranée]], privant les [[Maures]] d'une base centrale pour le contrôle du commerce maritime. La prise de [[Cordoue]] en [[1236]] et celle de [[Séville]] en 1248 ([[siège de Séville]]) par les Castillans sont complétées par les dernières campagnes de la Reconquista aragonaise à [[Royaume de Valence|Valence]]. En [[1249]], [[Alphonse III (roi de Portugal)|Alphonse III de Portugal]] entre dans [[Faro]], achevant la Reconquista portugaise. À la fin du {{s-|XIII}}, les chrétiens portugais jugeant la situation suffisamment sûre prennent comme capitale Lisbonne. Les musulmans ne dominent plus que dans le royaume [[abencérages|abencérage]] de [[Grenade (Espagne)|Grenade]] qui représente moins d'un dixième de la péninsule. Les Almohades auparavant chassés par les musulmans andalous perdent l'[[Ifriqiya]] ainsi que le [[Maghreb central]] et sont supplantés en [[1269]] par une nouvelle dynastie, celle des [[Mérinides]].

La survivance du royaume de Grenade s'explique par plusieurs facteurs. Allié à l'Afrique du Nord, montagneux, et bénéficiant d'une grande cohérence de population (non mozarabes), sa conquête aurait été difficile par la Castille sans son allié aragonais. En outre, le royaume de Grenade devient alors un vassal utile du royaume de Castille, servant de refuge aux populations musulmanes du Nord. Entre [[1350]] et [[1460]], la frontière est, d'une manière générale, en paix ceci malgré la prise d'[[Antequera]]. Le royaume de Castille accepte alors le contrôle de Gibraltar et une vassalité des derniers territoires du royaume de Grenade dans les affaires duquel la Castille intervient souvent.

<gallery>
Fichier:Péninsule ibérique en 1224.png|La reconquista entre les batailles d'Alarcos et de Navas de Tolosa (1195-1224).
Fichier:Péninsule ibérique en 1230.png|La Reconquista de 1224 à 1230.
Fichier:Péninsule ibérique en 1240.png|La Reconquista de 1230 à 1240.
Fichier:Péninsule ibérique en 1250.png|La conquête de Séville et de Murcie en 1250.
Fichier:Péninsule ibérique en 1275.png|L'irruption mérinide en 1275.
</gallery>

=== Bilan du Moyen Âge ===
[[Image:Patio de Banderas, primitivo palacio califal.jpg|vignette|Le [[patio de Banderas]] (la « cour des Drapeaux ») à Séville, où il y a des vestiges des époques romaine, wisigothe, musulmane et chrétienne. Au fond, la [[Giralda]].]]

Les guerres sont menées par les couronnes de [[Couronne de Castille|Castille]] et d’[[Couronne d'Aragon|Aragon]], avec parfois des appuis européens plus larges. Elles entraînent des problèmes importants. Dans les années qui suivent leurs conquêtes, les rois chrétiens appliquent à l'avantage des chrétiens une politique de séparation et de coexistence des religions. La [[Convivencia|tolérance]] initiale envers les populations conquises évolue rapidement, suscitant des révoltes. Ainsi la Castille connaît une première [[révolte mudéjar de 1264-1266|révolte majeure en 1264]] à l'issue de l'annexion de [[Séville]] ([[1246]]) qui aboutit à l'expulsion des [[Mudéjar|mudéjars]]. Parallèlement, une série de révoltes d'importance secoue l'Aragon après la prise de [[Murcie]] à partir de [[1244]], s'intensifiant en [[1276]] et jusqu'en [[1304]]<ref name="Torró">{{PDF}} {{Lien web|url=https://rua.ua.es/dspace/bitstream/10045/7002/1/HM_07_03.pdf|titre=Josep Torró, El problema del habitat fortificado en el sur del Reino de Valencia después de la segunda revuelta Mudejar (1276-1304) p. 53-81|site=rua.ua.es|consulté le=12 janvier 2017}}.</ref>.

D'un point de vue économique, l’absorption d’énormes volumes territoriaux et de population cause d'importantes difficultés. En [[Andalousie]] et à [[Murcie]], l’imposition des grands seigneurs {{Incise|nobles guerriers et ordres militaires}} et l’expulsion des populations autochtones {{Incise|agriculteurs et artisans}} provoque une récession majeure du territoire. Les gains territoriaux très rapides sont accompagnés par d'intenses efforts de repeuplement, qui mettent à mal la stabilité économique et la production agricole. À [[Valence (Espagne)|Valence]] et à [[Alicante]], les seigneuries chrétiennes, plus petites, se superposent à une population musulmane qui maintient la prospérité économique. Ces problèmes sournois dégénèrent en crise majeure de la [[féodalité]] : des guerres de succession en Castille et enfin la crise entre [[1383]] et [[1385]] qui entraîne des combats violents entre la Castille et le [[Portugal]] avec la participation respective de la [[France]] et de l'[[Angleterre]].

La période du {{s-|XIV}} espagnol est troublée, la reconquête du territoire s'arrête : de [[1350]] à [[1460]], il y a seulement 25 ans de guerre pour 85 ans de paix.

<gallery>
Fichier:Péninsule ibérique en 1314.png|La Reconquista en 1314.
Fichier:Péninsule ibérique en 1350.png|La résistance de Grenade de 1314 à 1350.
Fichier:Péninsule ibérique en 1369.png|La Reconquista de 1350 à 1369.
Fichier:Péninsule ibérique en 1410.png|La Reconquista de 1369 à 1410.
Fichier:Péninsule ibérique en 1450.png|La Reconquista à l'arrêt en 1450.
Fichier:Péninsule ibérique en 1479.png|La guerre civile grenadine 1450-1464.
</gallery>

== La prise de Grenade ==
[[Image:Allegory of Spanish State.jpg|vignette|La victoire finale : l'[[Année cruciale]]. Peinture de [[Francisco Bayeu]].]]
[[Image:La Rendición de Granada - Pradilla.jpg|vignette|Datant du {{s-|XIX}}, ce tableau de [[Francisco Pradilla y Ortiz]] représente la reddition du roi [[feudataire]] de Grenade {{nobr|Muhammad XII}} Abû Abd Allah dit [[Boabdil]].]]
{{Article détaillé|Prise de Grenade}}

Au {{s-|XV}}, le territoire espagnol est divisé en trois royaumes chrétiens, la Navarre, la Castille (désormais unie au royaume de León), et l’Aragon. Le dernier royaume, celui de Grenade, est musulman et vassal du royaume de Castille.

La fin du Moyen Âge et le début de l'ère moderne se traduisent en Espagne par le mariage des Rois catholiques, [[Ferdinand le Catholique|Ferdinand II d’Aragon]] et [[Isabelle la Catholique|Isabelle de Castille]], qui permet l'union des royaumes d'Aragon et de Castille, union qui elle-même vise l'unification territoriale, politique et sociale de toute l'Espagne. Les royaumes chrétiens sont désormais tous unis : l’Aragon, la Castille et León, réunis au sein d’un seul État, signent l’émergence d’une nouvelle grande puissance<ref>{{PDF}} {{Lien web|url=http://blog.crdp-versailles.fr/espagnolevariste/public/les_rois_catholiques.pdf|titre=Les Rois Catholiques|site=blog.crdp-versailles.fr|consulté le=08 janvier 2017}}.</ref>.

Le [[royaume de Grenade]], alors sous la forme de l'[[Nasrides|émirat de Grenade]], est reconnu comme le vassal de la Castille depuis [[1246]] et doit lui payer un tribut. De temps en temps éclatent des conflits dus au refus de payer qui se terminent par un nouvel équilibre entre l'[[émir]]at maure et le royaume catholique. En [[1483]], [[Boabdil|Muhammad XII]] (« Boabdil ») devient émir en dépossédant son propre père, événement qui déclenche la [[guerre de Grenade]]. Un nouvel accord avec la Castille provoque une rébellion dans la famille de l'émir et la région de [[Malaga]] se sépare de l'Émirat. Málaga est prise par la Castille et ses {{nombre|15000|habitants}} deviennent prisonniers, ce qui effraie Muhammad.

Ce dernier, pressé par la population affamée et devant la suprématie des Rois catholiques qui possèdent de l'artillerie, capitule le {{date|2 janvier 1492}}, terminant ainsi onze ans d'hostilité pour Grenade et sept siècles de présence du pouvoir islamique en Espagne. Vaincu, Muhammad signe un traité et livre la ville au roi Ferdinand d’Aragon et à la reine Isabelle de Castille. La reddition de Boabdil met fin au royaume musulman de Grenade<ref>{{Lien web|url=http://www.herodote.net/2_janvier_1492-evenement-14920102.php|titre=2 janvier 1492 ; Chute de Grenade et fin de la Reconquista|site=herodote.net|consulté le=08 janvier 2017}}.</ref>. La présence des populations musulmanes, les mudéjars (musulmans sous domination chrétienne), prend fin en [[1609]], lorsqu'elles sont totalement expulsées d'Espagne par {{Souverain2|Philippe III (roi d'Espagne)}}.

<!----Selon la légende, quand les derniers musulmans rendirent la cité de Grenade aux catholiques, Boabdil se retourna vers Grenade et se mit à pleurer. Sa mère lui répliqua : « [[Soupir du Maure|Tu pleures comme une femme ce que tu n'as pas su défendre comme un homme]] ».--->
Les combats menés depuis le {{s-|VIII}} contre les musulmans en vue de reconquérir les terres de la péninsule Ibérique s’achèvent donc avec la prise de Grenade<ref>{{Lien web|url=https://www.linternaute.com/histoire/annee/1492/a/1/1/index.shtml|titre=Jour Par Jour, l'année 1492|site=linternaute.com|consulté le=08 janvier 2017|brisé le = 2023-12-01}}.</ref>. C'est à la suite de cette victoire qu'Isabelle et Ferdinand reçoivent du pape (espagnol) {{Souverain2|Alexandre VI|Borgia}} le titre de « rois catholiques ».

Dans l'Espagne contemporaine, les fêtes de ''[[Moros y Cristianos]]'' (« Maures et chrétiens ») commémorent la victoire chrétienne dans des parades colorées.
[[Fichier:Péninsule ibérique en 1516.png|vignette|La fin de la Reconquista en 1492.|alt=]]

== Poursuite temporaire de la Reconquista en Afrique du Nord ==
Après la chute du dernier bastion maure de la péninsule Ibérique, [[Ferdinand le Catholique|Ferdinand II d'Aragon]] continua la lutte contre les musulmans dans la mesure où il s’agissait de provinces autrefois romaines<ref>{{Ouvrage|langue=es|auteur1=Rodrigo Sánchez de Arévalo|titre=Histoire hispanique|éditeur=|année=1469}}</ref>. [[Henri le Navigateur]] avait déjà tenté de prendre [[Tanger]] dès 1437. Le testament d’Isabelle la Catholique de 1504 oriente définitivement la politique extérieure de l’Espagne vers une guerre sainte contre l’Islam et un contrôle militaire de l’Afrique du Nord<ref>{{citation|''y ruego y mando a la princesa mi hija, y al principe su marido, que como catolicos principes tengan mucho cuidado de las cosas de la honra de Dios y de su Santa Fe (…) y que no cesen de la conquista de Africa y de pugnar por la Fe contra los Infieles…''}}.</ref>. Le {{date-|17 septembre 1497}}, la ville de [[Melilla]] est prise, puis en 1505 c'est au tour de [[Mers el-Kébir|Mers-el Khébir]] et de [[Peñón de Vélez de la Gomera]] en 1508. La [[Prise d'Oran (1509)|prise d'Oran]] intervient en 1509, celles de Bougie et de Tripoli, à l’autre extrémité de la [[côte des Barbaresques]], l’année suivante en 1510. [[Khayr ad-Din Barberousse]] [[Prise du Peñon d'Alger (1529)|reprendra le Peñon d'Alger]] en 1529 pour le compte de la [[Régence d'Alger]]. Tripoli, donnée aux hospitaliers par Charles Quint en 1530, sera [[Prise de Tripoli (1551)|reprise]] par les Ottomans en 1551, Oran et Mers el-Kébir [[Reconquête d'Oran et de Mers el-Kébir (1790-92)|resteront espagnoles jusqu'en 1792]].

{{Palette|Conflits algéro-hispaniques}}

== Déplacement de populations ==
=== Repeuplement ===
[[Fichier:Alfonso I of Asturias.jpg|droite|vignette|Alphonse {{Ier}} des Asturies, dit « le Catholique », statue située dans le [[parc du Retiro]] de [[Madrid]].]]
Simultanément aux avancées militaires se produit un processus de déplacement de populations accueilli favorablement par les populations chrétiennes. Connu sous le nom de {{citation|repeuplement}}<ref name="repeuplement">[https://www.scribd.com/doc/152530202/LA-REPOBLACION].</ref>, il recouvre deux aspects. D'une part le repeuplement de terres abandonnées par les guerres et les baisses démographiques massives qui s'ensuivent (vallée du Douro), d'autre part la récupération de territoires conquis souffrant de désorganisation administrative et d’appauvrissement économique associés à une chute modérée de la population. Le premier aspect du repeuplement est écarté par des auteurs comme Menéndez Pidal<ref name=repeuplement/>. Dans tous les cas, ce processus a pour objet de {{citation|réoccuper et coloniser des terres conquises sur les musulmans}}<ref name="repeuplement" /> et de s'assurer la loyauté des habitants dans les terres annexées<ref>https://image.slidesharecdn.com/presentacionesedadmedia-cristianos-091027094156-phpapp02/95/edad-media-los-reinos-cristianos-15-728.jpg?cb=1258192710.</ref>.

Les populations proviennent de noyaux septentrionaux (zones montagneuses, pauvres, zones trop peuplées), de communautés mozarabes du Sud qui émigrent au nord à la suite de l’augmentation de la [[Persécutions religieuses|répression religieuse]]. Ces populations se déplacent jusqu’aux zones franques du nord des Pyrénées. Les modalités de l’assentiment de ces populations dépendent de leurs caractéristiques, de la façon dont a lieu la conquête, le rythme de l’occupation et les volumes de population musulmane établie dans la zone à repeupler. Dans les zones qui sont successivement des frontières entre chrétiens et musulmans, il n’y a jamais de vide démographique, de zones dépeuplées.

La question du dépeuplement de la région au nord du [[Douro]], entre [[750]] et [[850]], a été un sujet de controverse entre les historiens<ref name="JFL"/>. La thèse d'[[Alexandre Herculano]], historien portugais du {{s-|XIX}}, affirme qu'à l'instar des Maures, [[Alphonse Ier (roi des Asturies)|Alphonse {{Ier}}]] aurait pratiqué alors la [[politique de la terre brûlée]], constituant ainsi « une ceinture de désert » pour empêcher les chefs musulmans de s'en servir comme base de départ de leurs attaques<ref name="JFL"/>. Le roi aurait ainsi transféré des populations chrétiennes pour les regrouper au nord sur ses terres, surtout autour d'[[Astorga]]<ref name="JFL"/>. Cette théorie fut remise en cause dans la première moitié du {{s-|XX}} par des historiens comme Alberto Sampaio et Pierre David<ref name="JFL"/>. L'historien [[Claudio Sánchez-Albornoz|Sanchez Abornoz]] défend au contraire le point de vue d'Herculano ainsi que, plus récemment, Torquato de Sousa Soares dans le ''Dictionnaire d'histoire du Portugal''<ref name="JFL"/>.

=== Coexistence au Moyen Âge ===
{{Article détaillé|Convivencia}}
[[Fichier:Tolede.el Transito.intérieur.JPG|vignette|150px|[[Synagogue]] de [[Tolède]].]]
Après leur conquête, les musulmans sont en infériorité numérique massive dans les territoires conquis. Leurs souverains appliquent une {{citation|politique coloniale}}<ref name="Madden2">[https://www.newcriterion.com/articles.cfm/Acts-of-faith-8489].</ref> : ils renomment les villes et les fleuves<ref name="Madden2" />, réaménageant les lieux de cultes chrétiens en [[mosquée]]s<ref name="Madden2" />. Chrétiens et juifs sont soumis au régime juridique du ''[[dhimmi]]'' : leurs droits sont réduits et ils souffrent de nombreux désavantages par rapport aux musulmans<ref name="fernandez-morera">[http://www.mmisi.org/ir/41_02/fernandez-morera.pdf].</ref>.

Cependant, [[al-Andalus]] concentre les plus grandes [[Juifs et judaïsme en Europe|communautés juives d'Europe]] et c'est l'[[âge d'or de la culture juive en Espagne]]. Mais la situation des juifs se dégrade : ils subissent un [[Massacre de Grenade|massacre en 1066]] à [[Grenade (Espagne)|Grenade]] et finissent par être expulsés au {{s-|XII}}. Beaucoup trouvent refuge au nord de la péninsule<ref>{{Lien web|titre=Desmontando mitos: la tolerancia de la Ál-Andalus multicultural|url=https://profeaventuras.wordpress.com/2013/12/13/desmontando-mitos-la-tolerancia-de-la-al-andalus-multicultural/|site=profeaventuras.wordpress.com|date=2013-12-13|consulté le=21 janvier 2017}}.</ref>.

Lors de la prise des taïfas par les royaumes chrétiens, les princes musulmans négocient des conditions de vie favorables aux musulmans, calquant le statut du mudéjar sur celui du ''dhimmi''<ref name=Perez10-11/>. Chaque communauté jouit de ses propres lois, contraintes et impôts<ref name=Perez10-11>{{harvsp|id=MusEnCat|Ortéga i Perez|p=10-11}}.</ref>. Même si l'application des traités est éloignée de leurs textes, les communautés continuent à coexister jusqu'à la fin du {{S-|XIII}} avant que l'espace culturel musulman ne se restreigne massivement<ref>{{harvsp|id=MusEnCat|Ortéga i Perez|p=88}}.</ref>.

=== Haut Moyen Âge ===
Du {{Sp-|VIII|au|XI}}, entre la [[cordillère Cantabrique]] et le [[Douro]], s’établit une véritable culture de la frontière. Le roi attribue des terres sans maître à des hommes libres qui doivent se défendre par eux-mêmes dans un environnement dangereux et occuper la terre qu’eux-mêmes vont travailler ([[Aprision]]<ref group=alpha>Du [[latin]] ''prendere'', s'emparer.</ref>). C’est un processus apparenté aux ''[[Aprision|presuras]]'' des noyaux pyrénéens. La sécurité retrouvée, la population s'accroît rapidement et les chrétiens occupent les terres abandonnées. En [[856]], la ville de [[León (Espagne)|León]] est de nouveau occupée par des chrétiens<ref name=Req17/>.

Au fur et à mesure que la frontière se déplace vers le sud, l’indépendance initiale qui caractérisait le [[comté de Castille]] se mue en une forme proche du [[féodalisme]] européen, avec des seigneuries monastiques et nobiliaires.

==== Le ''Condado Portucalense'' ====
[[Fichier:Alfonso III de Asturias 01.jpg|vignette|130px|Le roi [[Alphonse III (roi des Asturies)|Alphonse III des Asturies]].]]
À la fin du {{s-|IX}} une unité territoriale entre le [[Lima (fleuve)|Lima]] au nord et le [[Douro]] au sud est confiée à un ''[[dux]]''<ref group=alpha>Le roi dans la tradition romaine ou wisigothique confiait le gouvernement des divisions administratives du royaume à un comte (''comes''), parfois appelé duc (''dux'').</ref> qui établit son siège à [[Porto|Portucale]] dans l'embouchure du Douro. Durant le règne d'[[Alphonse III (roi des Asturies)|Alphonse III des Asturies]], la noblesse qui s'y installe et repeuple la région est à l'origine du ''Condado Portucalense'' ([[comté de Portugal]])<ref>{{harvsp|Jean François Labourdette|2000|p=25-27|id=JFL}}.</ref>.

=== {{s2-|XI|XII}} ===
[[Fichier:AlfonsoVI of Castile.jpg|gauche|vignette|150px|[[Alphonse VI (roi de León)|Alphonse {{VI}}]] (peinture du {{S|XII}}, [[cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle]]).]]

Entre le [[Douro]] et le [[Système central]], aux {{s2-|XI|XII}} s’établissent des conseils municipaux qui attirent la population par l’attribution de privilèges collectifs substantiels fixés par les chartes de peuplement, les ''fors''. Ces villes exercent des droits comparables aux seigneuries sur les zones agricoles alentour (''alfoz'') avec lesquelles elles forment des communautés de ville et de terre : [[Salamanque]], [[Ávila]], [[Arévalo]], [[Ségovie]], [[Cuéllar]], [[Sepúlveda (Espagne)|Sepulveda]] ou [[Soria]] par exemple.

En [[Castille]], dans la vallée du [[Tage]], l’apport de nouvelle population est moindre. L’essentiel de la population autochtone de la taïfa de [[Tolède]], zone densément peuplée, se maintient. L’année suivant la prise de Tolède en [[1086]], par le roi [[Alphonse VI (roi de León)|Alphonse VI]], commence un effort de repeuplement des zones plus au nord en particulier [[Talavera de la Reina|Talevera]], [[Madrid]], [[Guadalajara (Espagne)|Guadalajara]], [[Talamanca (Catalogne)|Talamanca]] ou [[Alcalá de Henares]]. Chaque communauté est définie par ses origines ethnico-religieuses (juifs, musulmans, mozarabes, castillans) et bénéficie d’un statut juridique particulier. Après l’invasion [[Almoravides|almoravide]], les musulmans sont expulsés afin de former une unité sociale castillane. Le siège archiépiscopal de Tolède s’enrichit alors des propriétés saisies (mosquées) et achète de nombreux biens aux familles [[mozarabes]]. Dans les zones plus au sud, notamment en [[Estrémadure]], dans [[La Manche (province historique d'Espagne)|La Manche]] et le [[Maestrazgo (Teruel)|Maestrazgo]], {{qui?|le roi}} concède aux ordres militaires espagnols de grandes seigneuries. Autour de leurs châteaux s’installent des paysans avec très peu de libertés ne dépendant pas des conseils et des ''fors''.

En [[Royaume d'Aragon|Aragon]], durant la première moitié du {{s-|XII}}, dans la vallée de l’[[Èbre]], les grands noyaux urbains de [[Tudela]], [[Saragosse]] et [[Tortosa]] maintiennent la population musulmane en même temps qu’entrent sur le territoire des vagues de [[Mozarabe|Mozarabes]], Francs et Catalans qui s’y établissent suivant {{lequel|un système de répartition}} et en occupant les maisons abandonnées.

=== {{s-|XIII}} ===
[[Fichier:La_Expulsión_de_los_Moriscos.jpg|vignette|''L'expulsion des [[Morisques]]'', [[Vincenzo Carducci]], 1627, [[musée du Prado]], [[Madrid]].]]
Dans les vallées du [[Guadalquivir]], sur le littoral valencien et les [[Îles Baléares|Baléares]], le repeuplement est effectué selon le système de répartition des ''donadios''<ref group=alpha>Grandes propriétés terriennes concédées aux plus nobles, aux fonctionnaires, aux ordres militaires et aux institutions ecclésiastiques.</ref> ainsi que des ''heredamientos''<ref group=alpha>Petites et moyennes propriétés offertes aux chevaliers de lignages, chevaliers et serviteurs (''péon'').</ref>.

En [[Castille]], la population musulmane reste dans les zones à domination castillane. Le repeuplement progresse sous forme d'habitat colonial fortifié qui annexe les terres de musulmans majoritairement paysans. Par ailleurs le mécontentement dans les villes est systématiquement dirigé contre les [[mudéjar]]s<ref name="Torró"/>. Cette population se révolte en [[1264]] en [[Andalousie]] et en [[Castille]], ce qui entraîne leur expulsion et favorise une augmentation du nombre de grandes seigneuries.

Après la conquête du [[royaume de Valence]] en [[1238]] et malgré des révoltes en [[1248]] et [[1275]], la population musulmane se maintient dans les zones rurales jusqu’à l’expulsion des [[morisques]] en [[1609]].

=== {{s-|XIV}} ===
{{…}}
Les violences de la fin du {{s|XIV}}, entre crise de la féodalité et guerres de successions, s'accompagnent dans la péninsule Ibérique de [[Persécutions religieuses|persécutions ethno-religieuses]] dirigées contre les musulmans et les juifs.

=== {{s-|XV}} ===
[[Image:Maimon-Marrans.jpg|vignette|300px|''Marranos. Cérémonie secrète en Espagne à l’époque de l’[[Inquisition espagnole|Inquisition]].'' Tableau de {{Lien|langue=en|fr=Moshe Maimon}}, [[1893]].]]
L'évolution politique favorisée par les crises du siècle précédent met un terme au [[Espagnes médiévales|Moyen Âge espagnol]] et ouvre la voie aux États modernes. Les violences religieuses dans la majeure partie de la péninsule se transforment progressivement en une politique de ''pureté du sang'' et de christianisation de la société. Les souverains n'ayant pas encore la totalité des pouvoirs, cette politique est lancée indépendamment par d'importantes institutions civiles ou ecclésiastiques.

Dès [[1449]] et jusqu'au milieu du {{s-|XVI}}, elles promulguent, chacune de leur côté, les décrets dits de la ''[[Limpieza de sangre|pureté du sang]]'' ayant pour but d'extirper d'Espagne les héritages musulmans et juifs. Les [[Inquisition espagnole|tribunaux de l'Inquisition]] apparaissent dès [[1478]] en Espagne et au Portugal. {{citation|Leurs victimes sont d'abord les [[Juifs]] convertis au catholicisme, suspectés de judaïser en secret. On les appelle les [[Marranisme|marranes]], c'est-à-dire les cochons}}<ref name="DVD2">''Juifs et musulmans'' (DVD), [[Karim Miské|K. Miské]], E. Blanchard, édition Collector, 2013, {{2e}} épisode (dans le DVD 1).</ref>.

Cette politique atteint son paroxysme en Espagne après [[1492]], lorsque les désormais [[Rois catholiques d'Espagne|rois très catholiques]], à la tête d'un royaume uni, voulant imposer la foi chrétienne à l'ensemble du royaume prononcent l'[[Expulsion des Juifs d'Espagne|expulsion des juifs d'Espagne]] non convertis, provoquant par là-même un exil. Les musulmans non convertis sont expulsés en [[1502]]. Ne restent alors en Espagne que de nouveaux convertis appelés [[morisques]]. Après différentes péripéties, ceux-ci seront définitivement [[Expulsion des morisques d'Espagne|expulsés, un siècle plus tard, en 1609]] au motif qu'ils ne s'assimilent pas et sont suspectés d'aider leurs coreligionnaires du Maghreb lors d'attaques par mer par les pirates [[barbaresques]]. {{Citation|C'en est vraiment fini alors de l'esprit de la ''[[Convivencia]]''}}<ref name="DVD2" />, de la coexistence pacifique entre les trois [[monothéisme]]s.

Le catholicisme, dans ces circonstances, n'est plus seulement une religion, mais devient {{citation|une idéologie émergente de l’État-nation}}, estime [[Ella Shohat]]<ref name="DVD2" />. {{citation|On constate une intolérance croissante de dimension culturelle et [[Ethnie|ethno]]-[[Racisme|raciale]]. Juifs et musulmans ne sont plus seulement étiquetés comme différents religieusement, mais leur identité culturelle et linguistique est considérée comme incompatible avec la culture chrétienne espagnole, et elle doit être éradiquée}}, selon [[Adnan Husain]], spécialiste du Moyen Âge européen<ref name="DVD2" />. L'expulsion des juifs et des musulmans d'Espagne a contribué à {{citation|créer l'identité moderne de l'Europe que défendent encore beaucoup de personnes de nos jours, une identité chrétienne. C'est l'Europe d'aujourd'hui, mais elle n'était pas ainsi auparavant}}, selon l'historien [[Tariq Ali]]<ref name="DVD2" />.

== Tradition littéraire de la Reconquista ==
[[Image:Portadaromancero.jpg|vignette|gauche|Couverture du ''Libro de los cincuenta romances'' (1525), première collection connue de [[Romancero|romances]].]]
La Reconquista est l'un des chapitres les plus célèbres et les moins bien connus de l'[[histoire de l'Espagne]]. Elle donne lieu à nombre de discussions où, faute de sources solides, {{citation|l'idéologie prime sur l'objectivité}}<ref>José Luis Martin, « ''Repoblacion y reconquista ; acta III, curso de historia medieval. La Perdida y Reconquista de Espana a la luz de las cronicas y del [[Romancero]]'' ».</ref>.

Si les premières chroniques décrivent objectivement l'occupation musulmane, se met en place progressivement, à la fin du {{s|IX}}, par le biais des chroniques, des chansons de gestes (dont notamment le ''[[Cantar de mio Cid]]'') puis, plus tard, des [[romancero]]s, une présentation de la Reconquista comme dessein divin. La conquête musulmane et la disparition du royaume des [[Wisigoths]] sont interprétées comme la [[châtiment divin|punition]] du peuple qui n'aurait pas respecté les commandements de [[Dieu]]. Le roi [[Wittiza]] puis le roi [[Rodéric]] sont présentés comme des rois corrompus<ref>{{Ouvrage |auteur1=Béatrice Leroy |titre=Le triomphe de l'Espagne catholique à la fin du Moyen Âge |sous-titre=écrits et témoignages |éditeur=Presses universitaires de Limoge |année=2004 |isbn= |présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=nvSZUk2ud98C|passage=18}}</ref>. On leur attribue, à l'un ou l'autre, le viol de la fille du [[comte Julien]], ce qui expliquerait la trahison de ce dernier et son ralliement aux Sarrasins. Mais, selon ces chroniques, Dieu n'aurait pas voulu la destruction complète de son peuple et aurait protégé le foyer de résistance qui s'installe dans les Asturies, autour du chef [[Pélage le Conquérant]]. De là, la naissance du mythe de la [[bataille de Covadonga]] au cours de laquelle les flèches envoyées par les Maures se seraient retournées contre eux et à l'issue de laquelle la montagne elle-même les aurait engloutis{{sfn|Leroy|2004|p=20}}. C'est dans ce courant de pensée qu'apparait l'intervention divine de [[Jacques de Zébédée|Saint Jacques le Majeur]] dans les batailles décisives de la Reconquista{{sfn|Leroy|2004|p=17}}.

Ainsi à travers les ''Chroniques asturiennes'', en particulier la ''[[Chronique d'Alphonse III]]'' ({{s|X}}), et l'''Historia silensis'' ({{s|XII}}<ref>George Martin, [http://e-spania.revues.org/21607 e-spania {{n°|14}}].</ref>), se dessine une volonté d'établir une continuité entre le [[royaume wisigoth]], converti au catholicisme sous le règne de [[Récarède Ier]] en 599 et disparu avec Rodéric en 711, et le [[royaume de León]]<ref>{{Article |auteur1=Gaël Le Morvan |titre=La ''Chronica naiarensis'' : d'un néo-gothisme astur-léonais à un néo-gothisme castillan |périodique= Revue interdisciplinaire d'études hispaniques médiévales et modernes|numéro=7 |date= juin 2009 |lire en ligne=https://e-spania.revues.org/18028?lang=es |consulté le=27 janvier 2017 |id=Naiarensis}}, résumé</ref>.

Par la suite, la'' Chronica naiarensis'' (1190) introduit un changement dans l'héritage. L'héritier véritable du royaume wisigoth n'est plus le royaume de León mais celui de [[Royaume de Castille|Castille]]. Selon cette chronique, tout comme deux siècles plus tôt sous le règne de Rodéric, la vengeance divine fond sur le ''mauvais roi'' [[Bermude II de León|Vermude le Goutteux]], par le biais des invasions d'[[Almanzor]]. La sauvegarde du royaume wisigoth est alors assurée par le comte [[Sanche Ier de Castille|Sanche Garcia]] et le [[royaume de Castille]] en devient le nouveau représentant{{sfn|id=Naiarensis|texte=Naiarensis|loc=par. 35}}. La ''[[Chronica naiarensis]]'' est la première chronique proprement castillane{{sfn|id=Naiarensis|texte=Naiarensis|loc=par. 33}}. Elle développe l'affirmation de la domination de la Castille où le concept discutable d'[[Hispanie]] repose sur un redressement [[Ethnie|ethnique]] et [[dynastique]]{{sfn|id=Naiarensis|texte=Naiarensis|loc=par. 39}}.

Une telle vision de l'Histoire est encore très présente du {{Sp|XVI|au|XIX}}<ref>Martin F. Ríos Saloma, ''La reconquista, une construcción historiográfica (siglos XVI-XIX)'', [[Marcial Pons Historia]], 2011, [https://books.google.fr/books?id=EVpor72daAEC&hl=fr&source=gbs_navlinks_s aperçu en ligne]</ref> et rares sont les chroniqueurs présentant une discontinuité entre le [[royaume wisigoth]] et les [[nouveaux royaumes espagnols]].

== Chronologie ==
{{Article détaillé|Liste des batailles de la Reconquista}}
[[Image:Steuben - Bataille de Poitiers.png|vignette|200px|[[Bataille de Poitiers (732)|Bataille de Poitiers]], en octobre 732.]][[Fichier:Mort de Roland.jpg|vignette|Miniature représentant la mort de [[Roland]] à la [[Bataille de Roncevaux (778)|bataille de Roncevaux]] en [[778]] : [[Jean Fouquet]], [[Tours]], vers [[1455]]-[[1460]].]]
[[Fichier:B Osma 85v.jpg|vignette|150px|droite|Enluminure sur parchemin de [[1086]], année de la [[bataille de Sagrajas]]. ''Les Quatre Cavaliers''.]][[Fichier:Parador in Alcañiz.jpg|droite|vignette|200px|Un chevalier de [[Ordre de Calatrava|Calatrava]] en combat.]]
[[Fichier:Rodrigo Diaz de Vivar crop.jpg|vignette|193x193px|[[Rodrigo Díaz de Vivar]] dit ''Le Cid''.]]
[[Fichier:Adeffonsus, king of Galicia and Leon (detail).jpg|vignette|150px|{{Souverain-|Alphonse IX}} de Léon. [[Enluminure]] du {{s-|XIII}}.]][[Fichier:Entrada de Jaume I a València.jpg|vignette|Peinture murale du [[château d'Alcañiz]] qui représente l'entrée du roi [[Jacques Ier (roi d'Aragon)|Jacques {{Ier}}]] à Valence.]][[Fichier:Capture de Séville par Ferdinand III.jpg|vignette|En {{Date-|novembre 1248}}, le [[caïd]] {{Lien|langue=es|trad=Axataf|fr=Axataf}} [[Siège de Séville|remet les clefs]] de [[Séville]] à {{Souverain3|Ferdinand III de Castille}}, tableau de [[Francisco Pacheco]] (vers 1625).]]
[[Image:IsabellaofCastile05.jpg|150 px|vignette|droite|Les [[Rois catholiques d'Espagne|Rois catholiques]].]]

* [[718]] (ou 722) : le noble [[Wisigoths|wisigoth]] [[Pélage le Conquérant]] (''Pelayo'') défait le général musulman [[Abd al-Rahman ibn Habib al-Fihri|Ibn al-Qama al-Lakhmi]] lors de la {{Incise|probablement légendaire}} [[bataille de Covadonga]]<ref>{{Ouvrage|auteur=Pierre Chastang|titre=Le Passé à l'épreuve du présent|sous-titre=appropriations et usages du passé du Moyen âge à la Renaissance|éditeur=Presses Paris-Sorbonne|date=1 janvier 2008|pages totales=523|isbn=978-2-84050-545-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=dNSKF0c0JJsC&printsec=frontcover}}<br>{{Google Livres|id=dNSKF0c0JJsC|titre=Le passé à l'épreuve du présent|couv=1}}.</ref>. Il constitue ainsi le premier noyau de résistance chrétienne contre l'[[islam]] et fixe sa capitale à [[Cangas de Onís|Cangas de Onis]].
* [[719]] : les [[Musulman|musulmans]] prennent [[Narbonne]] et y chassent [[Ardo]] le dernier gouverneur wisigoth<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur=Frank Riess|titre=Narbonne and its territory in late antiquity|sous-titre=from the Visigoths to the Arabs|lieu=Farnham|éditeur=Burlington, VT : Ashgate|année=2013|pages totales=288|format livre=24 cm|isbn=978-1-4094-5534-9|bnf=43577612j}}<br>{{Google Livres|id=v1QGDAAAQBAJ|titre=Narbonne and its territory in late antiquity|couv=1}}.</ref>.
* [[721]] : [[Bataille de Toulouse (721)|bataille de Toulouse]] remportée par [[Eudes d'Aquitaine|Eudes, duc d'Aquitaine]] et de [[duché de Vasconie|Vasconie]], sur l'émir musulman [[Al-Samh ibn Malik al-Khawlani]]<ref>{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/histoire/evenements/le-9-juin-721-eudes-d-aquitaine-ecrasait-les-musulmans-a-toulouse-09-06-2014-1833850_1616.php|titre=Le 9 juin 721, Eudes d'Aquitaine écrasait les musulmans à Toulouse|site=lepoint.fr|consulté le=08 janvier 2017}}.</ref>.
* [[725]] : extension maximale de la conquête musulmane en [[Occident chrétien|Europe occidentale]] : l'émir musulman [[Ambiza|Anbasa ibn Suhaym Al kalbi]] prend [[Autun]] et [[Luxeuil-les-Bains]] et assiège [[Sens (Yonne)|Sens]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Claude Devic|auteur2=Joseph Vaissette|prénom3=Alexandre|nom3=Du Mège|titre=Histoire générale de Languedoc|sous-titre=avec des notes et les pièces justificatives|lieu=Toulouse|éditeur=J.-B. Paya|année=1840-1846|format livre=10 vol. ''in-8''|bnf=36384293q}}<br>{{Gallica|n=bpt6k2984937|t=Histoire générale de Languedoc, vol. 2}}.</ref> qui n'est située qu'à seulement cent kilomètres de [[Paris]].
* [[732]] :
** l'émir musulman [[Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Rhafiqi]] remporte la [[Bataille de Bordeaux|bataille de la Garonne]] sur [[Eudes d'Aquitaine|Eudes, duc d'Aquitaine]] et de [[duché de Vasconie|Vasconie]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Edward Shepherd|nom1=Creasy|titre=The Fifteen decisive battles of the world, from Marathon to Waterloo|lieu=Londres|éditeur=R. Bentley|année=1871|format livre=''in-16''|pages totales=XIX-407|bnf=30285145t}}<br>{{Internet Archive|id=fifteendecisiveb00crea_0|titre=The Fifteen decisive battles of the world}}.</ref> et prend [[Bordeaux]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Abel Hugo|titre=France historique et monumentale|sous-titre=histoire générale de France, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours|lieu=Paris|éditeur=H.-L. Delloye|année=1836-1843|format livre=5 vol. ''in-4°''|isbn=|bnf=30624935x}}<br>{{Google Livres|id=08xBAAAAcAAJ|titre=Histoire générale de France|couv=1}}.</ref>.
** [[Bataille de Poitiers (732)|bataille de Poitiers]], [[Charles Martel]] brise définitivement le projet musulman de conquête de la [[Gaule]].
* [[737]] : [[bataille de la Berre]], les troupes de [[Charles Martel]] et wisigothes détruisent une armée [[Sarrasins|sarrasine]] en route vers l'actuelle France et mettent fin à la colonisation musulmane au [[Languedoc]], toutefois la libération de la [[Septimanie]] se heurte à l'échec du [[Siège de Narbonne (737)|siège de Narbonne]]<ref>{{Ouvrage|titre=Recueil de travaux|éditeur=[[Librairie Droz]]|année=1969|isbn=978-2-600-04521-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=TqMpqQbPq2gC&printsec=frontcover}}<br>{{Google Livres|id=TqMpqQbPq2gC|titre=Recueil de travaux|couv=1}}.</ref>.
* [[742]] : [[Lugo (Espagne)|Lugo]] est prise aux musulmans par [[Alphonse Ier des Asturies|Alphonse {{Ier}} le Catholique]]<ref name="Ségur">{{Ouvrage|langue=es|prénom1=Philippe-Paul comte de|nom1=Ségur|titre=Historia moderna|sous-titre=Historia de España|éditeur=Imprenta de la Real Compañia|année=1835}}<br>{{Google Livres|id=4wgmo0t1nDQC|titre=Historia de España|couv=1}}.</ref>.
* [[743]] : [[Astorga]] est prise par [[Alphonse Ier des Asturies|Alphonse {{Ier}} le Catholique]]<ref name="Ségur"/> mais sera récupérée par les musulmans en [[795]]<ref>{{Ouvrage|langue=es|prénom1=Enrique|nom1=Martínez Ruiz|auteur2=Consuelo Maqueda|prénom3=Emilio de|nom3=Diego Garcia|et al.=oui|titre=Atlas histórico de España. 2|lieu=Madrid|éditeur=Istmo|collection=Colección Fundamentos|numéro dans collection=156|année=1999|format livre=18 cm|pages totales=245|isbn=84-7090-350-0|bnf=401764448}}<br>{{Google Livres|id=MTVvn1AqSjIC|titre=Atlas histórico de España|couv=1}}.</ref>.
* [[750]] : les forces d'[[Alphonse Ier des Asturies|Alphonse {{Ier}} le Catholique]], roi des Asturies, occupent la [[Galice]] abandonnée par les [[Berbères]]<ref>{{Ouvrage|langue=es|prénom1=José Luis|nom1=Ortigosa|titre=La cuestión vasca desde la prehistoria hasta la muerte de Sabino Arana|sous-titre=historia, etnografía, mitos, leyendas y mentiras|lieu=Madrid|éditeur=Vision Libros|année=2013|pages totales=534|format livre=25 cm|isbn=978-84-9011-425-4|oclc=935157284|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=1uVJY3Ed6g0C&printsec=frontcover}}<br>{{Google Livres|id=1uVJY3Ed6g0C|titre=La cuestión vasca desde la prehistoria hasta la muerte de Sabino Arana|couv=1}}.</ref>.
* [[759]] : les [[Francs]] prennent Narbonne le dernier bastion musulman en France<ref>{{Ouvrage|auteur1=Éric Dellong|auteur2=Dominique Moulis|auteur3=Josy Farré|titre=Narbonne et le Narbonnais|lieu=Paris|éditeur=Académie des inscriptions et belles-lettres|collection=Carte archéologique de la Gaule. Nouvelle série.|année=2002|pages totales=704|format livre=30 cm|isbn=2-87754-079-0|bnf=38993996z}}<br>{{Google Livres|id=PYeZGPtJTE0C|titre=Narbonne et le Narbonnais|couv=1}}.</ref>.
* [[778]] : une partie de l'armée de [[Charlemagne]] est défaite à la [[Bataille de Roncevaux (778)|bataille de Roncevaux]] par les [[Vascons]] ; mort de [[Roland]].
* [[785]] : les Francs prennent [[Gérone]].
* [[801]] : les Francs [[Siège de Barcelone (801)|prennent Barcelone]], reprise en 985. Voir ''infra''.
* [[824]] : [[Pampelune]] est prise par les Francs aux musulmans.
* [[854]] : [[Tui (Galice)|Tuy]] est prise et peuplée par les [[Galiciens]].
* [[856]] : [[León (Espagne)|Leon]] est prise par le roi [[Ordoño Ier d'Oviedo|Ordoño {{Ier}} d'Oviedo]].
* [[860]] : prise d'[[Amaya (Espagne)|Amaya]].
* [[868]] : [[Porto]] est prise aux musulmans par le noble galicien [[Vímara Peres|Vimara Perez]] qui fonde le [[comté de Portugal]].
* [[902]]-[[903]] : les [[musulman]]s s'installent à [[Majorque]], puis dans toutes les [[Baléares]]<ref>{{Article|auteur1=Charles Leselbaum|titre=Guia Judía de Mallorca - Josep Francesc Lopez bonet|périodique=La Lettre Sépharade|numéro=54|date=1er juin 2005|lire en ligne=http://www.lalettresepharade.fr/home/la-revue-par-numero/numero/guia-judia-de-mallorca---josep-francesc-lopez-bonet|consulté le=09 janvier 2017}}.</ref>.
* [[929]] : l'[[émir]] de [[Cordoue]] prend le titre de [[calife]].
* [[985]] : Barcelone est de nouveau investie brièvement par les musulmans en 985. Cette bataille marque l'indépendance du [[comté de Barcelone]] de l'[[Empire franc]]. Voir [[sac de Barcelone (985)]].
* [[997]] : [[Saint-Jacques-de-Compostelle]], symbole de la [[chrétienneté]] européenne, est ravagée par [[Almanzor]]<ref>{{Lien web|url=http://www.chemindecompostelle.com/Historique/Historique.html|titre=Historique du Chemin de Compostelle|site=chemindecompostelle.com|consulté le=08 janvier 2017}}.</ref>.
* [[1002]] : mort [[Almanzor|d'al-Mansur]].
* [[1009]] : début de la guerre civile dans l'[[Al-Andalus]] musulman (''fitna'').
* [[1031]] : morcellement du [[califat de Cordoue]] en 22 royaumes.
* [[1045]] : naissance de [[Rodrigo Díaz de Vivar]] dit ''El Cid Campeador'', l'un des commandants chrétiens les plus influents de la Reconquista.
* [[1064]] : [[croisade de Barbastro|expédition de Barbastro]] : des troupes venues de [[France]] {{Incise|commandées par [[Guillaume VIII de Poitiers|Guillaume VIII d'Aquitaine]]}} et d'[[Italie]] interviennent à l'appel du pape ; la ville de [[Barbastro]] est prise en [[juin]] mais redevient musulmane l'année suivante.
* {{date|25 mai 1085}} : [[Alphonse VI de Castille|Alphonse VI de León]] prend [[Tolède]]. La reconquête de l’ancienne capitale wisigothe eut un effet considérable.
* [[1086]] : les renforts des berbères almoravides permettent de vaincre [[Alphonse VI (roi de León)|Alphonse VI de León]] à la [[bataille de Sagrajas]].
* [[1094]]-[[1099]] : Rodrigo Díaz de Vivar devient roi de [[Valence (Espagne)|Valence]].
* {{date|19 novembre 1096}} : [[Pierre Ier d'Aragon|Pierre {{Ier}} d'Aragon]] remporte la [[bataille d'Alcoraz]] (probablement légendaire) qui lui ouvre les portes de [[Huesca]] dont il fait sa nouvelle capitale<ref>{{harvsp|Philippe Conrad|1998|id=Conrad}}.</ref>.
* [[1102]] : [[Barbastro]] est définitivement prise par les chrétiens du [[royaume d'Aragon]]<ref>{{Ouvrage|langue=es|prénom1=José Fernando|nom1=González|titre=Crónica de la provincia de Huesca|lieu=Valladolid|éditeur=Maxtor|collection=Crónica general de España|nature ouvrage=Fac similé de l'édition : Crónica de la provincia de Huesca, Madrid : Ronchi y compañía, 1866|année=2010|pages totales=80|format livre=290x210|isbn=978-84-9761-808-3|oclc=868822012|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=ptVQPIkV-7gC&printsec=frontcover}}<br>{{Google Livres|id=ptVQPIkV-7gC|titre=Crónica de la provincia de Huesca|couv=1|page=62}}.</ref>, Valence est de nouveau reconquise par les musulmans<ref>{{harvsp|Reinhart Dozy|1861|id=Dozy}}.</ref>.
* {{date|30 mai 1108}} : [[Bataille d'Uclès (1108)|bataille d'Uclès]], les troupes castillanes (chrétiennes) sont mises en pièce, l'infant Sancho, héritier unique trouve la mort.
* {{date|24 janvier 1110}} : l'armée musulmane est écrasée à la [[bataille de Valtierra]].
* [[1117]]-[[1118]] : conquête du [[Taïfa de Saraqusta|royaume de Saragosse]] par les Aragonais et leurs alliés francs.
* 1118 : prise de [[Alcalá de Henares|Alcalá de Henarés]] par les chrétiens.
* [[1119]] : prise de [[Tudèle]], [[Borja (Saragosse)|Borja]], [[Tarazona]] et [[Soria]].
* [[1120]] : [[bataille de Cutanda]] remportée par les Aragonais et leurs alliés francs face à une très forte armée musulmane.
* [[1125]]-[[1127]] : expédition du roi d'Aragon pour aider les [[mozarabe]]s de Grenade qui assiègent la ville mais il doit se replier, ramenant avec lui quelque {{nombre|10000|mozarabes}}.
* [[1137]] : [[Alphonse VII de Castille|Alphonse VII de Castille et de León]] s'intitule « [[empereur]] d'Espagne ».
* [[1147]] : [[Alphonse Ier de Portugal|Alphonse {{Ier}} de Portugal]] [[Siège de Santarém (1147)|prend Santarém]] et [[Lisbonne]].
* [[1151]] : [[traité de Tudilén]] entre [[Alphonse VII de Castille]], roi de Galice, de León et de Castille, et [[Raimond-Bérenger IV de Barcelone]] pour partager les zones d'influence et la conquête du Sud et du [[Levant espagnol|Levant]].
* [[1156]] : création de l'[[ordre d'Alcántara]].
* [[1158]] : création de l'[[ordre de Calatrava]].
* [[1170]] : création de l'[[ordre de Santiago]].
* [[1177]] : [[Alphonse VIII de Castille]] prend [[Cuenca (Espagne)|Cuenca]].
* [[1179]] : [[traité de Cazola]] entre la Castille et l'Aragon.
* [[1180]] : [[Alphonse VIII de Castille]] s'empare de [[Plasencia]] ([[Estrémadure (Espagne)|Estrémadure]]).
* [[1195]] : victoire des troupes du Califat almohade à la [[bataille d'Alarcos]] sur le royaume de Castille.
* {{date|16 juillet 1212}} : événement majeur de la Reconquista : la [[bataille de Las Navas de Tolosa]] est remportée par une coalition chrétienne menée par les rois de Castille, d'Aragon et de Navarre ainsi que des volontaires venus du [[royaume de León]], du Portugal et de la France, et marque le début de la fin de la présence musulmane en péninsule Ibérique.
* [[1217]] : prise d'[[Alcácer do Sal]] par le royaume du Portugal débutant ainsi la grande Reconquista qui s'achèvera en 1248 avec la prise de Séville.
* [[1229]] :
** {{Souverain2|Alphonse IX|de León}} prend [[Cáceres (Espagne)|Cáceres]].
** [[Jacques Ier d'Aragon|Jacques {{Ier}} d'Aragon]] conquiert les [[Îles Baléares|Baléares]], avec la [[conquête de Majorque]].
* [[1230]] : {{Souverain-|Alphonse IX}} de León prend [[Badajoz]] et [[Mérida (Espagne)|Mérida]] ([[Estrémadure]]). Il meurt peu de temps après, permettant à son fils, {{Souverain3|Ferdinand III de Castille}}, d'unir définitivement les deux royaumes.
* [[1231]]-[[1288]] : protectorat aragonais sur [[Minorque]].
* [[1236]] : Castillans et Léonais prennent [[Cordoue]].
* [[1237]] : les Aragonais remportent la [[bataille du Puig de Cebolla]].
* [[1238]] : conquête du [[royaume de Valence]] par [[Jacques Ier d'Aragon|Jacques {{Ier}} d'Aragon]].
* [[1243]] : {{Souverain3|Ferdinand III de Castille}} impose un protectorat au [[royaume de Murcie]].
* [[1246]] : Castillans et Léonais prennent [[Jaén (Espagne)|Jaén]].
* [[1248]] : Castillans et Léonais prennent [[Séville]] ([[siège de Séville]] (1248)).
* [[1248]] : soulèvement à [[Valence (Espagne)|Valence]].
* [[1249]] : {{Souverain2|Alphonse III (roi de Portugal)|de Portugal}} prend [[Faro]], fin de la Reconquista au [[Portugal]].
* [[1262]] : prise de [[Cadix|Cadiz]].
* [[1264]] : grande révolte [[mudéjar]]e en [[Andalousie]].
* [[1275]] :
** soulèvement à [[Valence (Espagne)|Valence]].
** bataille d'[[Écija|Ecija]], victoire musulmane des [[Mérinides]] du Maroc sur le royaume de Castille.
* [[1287]] : achèvement de la conquête des [[îles Baléares]] avec la prise de Minorque.
* [[1292]] : prise de [[Tarifa]].
* [[1309]] : accord de défense entre [[Zianides]] du Maghreb central et [[Nasrides]] de Grenade.
* [[1340]] : [[Bataille du Río Salado|bataille du rio Salado]] ([[Tarifa]]), victoire de la coalition chrétienne castillano-portugaise sur la coalition musulmane mérino-nasride qui marque la fin des interventions des Berbères du Maghreb en péninsule Ibérique.
* [[1343]] : prise d'[[Algésiras]].
* [[1410]] : prise d'[[Antequera]]<ref>{{Ouvrage|titre=L'Amérique hispanique et le Pacifique|sous-titre=Hommage à Hugo Neira|éditeur=Karthala Éditions|date=2005-11-01|isbn=978-2-8111-4014-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=NIJLgJWjX0UC|consulté le=5 septembre 2016}}.</ref>.
* [[1469]] : prise de [[Gibraltar]] par les chrétiens.
* [[1487]] : prise de [[Malaga]]<ref>{{Ouvrage|auteur=Adrien Lemercier|titre=Conquête de Granade|sous-titre=D'après Washington Irving|éditeur=Mame & Ciè|date=1840-01-01|isbn=|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=BAIOL0Vh6mIC|consulté le=5 septembre 2016}}.</ref>.
* [[1489]] : prise d'[[Almería]]<ref>{{Ouvrage|titre=La route de Washington Irving|éditeur=Fundación El legado andalusì|date=2000-01-01|pages totales=199|isbn=978-84-8176-352-2|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=xSkfKmnxPqgC|consulté le=5 septembre 2016}}.</ref>.
* {{date|2 janvier 1492}} : les [[Rois catholiques d'Espagne|Rois catholiques]] prennent [[Grenade (Espagne)|Grenade]], fin de la Reconquista.

=== Participants étrangers à la Reconquista ===
[[Fichier:Charlemagne-by-Durer.jpg|vignette|150px|Portrait imaginaire de Charlemagne, par [[Albrecht Dürer]]. Le manteau et les blasons au-dessus de sa tête montrent l'[[Aigle (héraldique)|aigle]] allemand et le [[Fleur de lys (ornement)|lys]] français.]]
La Reconquista ne fut pas seulement l'affaire d'Espagnols ou de Portugais, de nombreux chevaliers de toute l'Europe y participèrent et le [[Maison de Bourgogne au Portugal|Portugal fut même fondé]] par un membre de la [[Duché de Bourgogne|maison de Bourgogne]], [[Henri de Bourgogne (comte de Portugal)|Henri de Bourgogne]], {{1er|comte}} du [[Portugal]] ; la [[Andorre|principauté d'Andorre]] qui existe encore à nos jours trouve ses origines dans la zone tampon dénommée [[marche d'Espagne]] et créée par [[Charlemagne]] pour protéger le Royaume franc d'une éventuelle invasion musulmane.
* [[Roger Ier de Tosny|Roger {{Ier}} de Tosny]] (Normand) (vers [[1020]]).
* {{Souverain3|Guillaume VIII d'Aquitaine}}, lors de l' « expédition militaire» de Barbastro ([[1064]]).
* [[Robert Crispin]] (Normand), lors de l' « expédition militaire » de Barbastro ([[1064]]).
* [[Guillaume de Montreuil]] (Normand), lors de l' « expédition militaire » de Barbastro ([[1064]]).
* [[Ebles II de Roucy|Ebles de Roucy]] ([[1064]]).
* [[Raymond de Saint-Gilles]], lors de [[l'expédition de Tudela]] ([[1087]]).
* [[Rotrou III du Perche|Rotrou du Perche]] en [[1114]].
* [[Gaston IV de Béarn]] dit ''le Croisé'' à partir de [[1105]].
* [[Guillaume IX d'Aquitaine]] en [[1117]].
* [[Bernard de Sédirac]] en [[1118]], s'illustre dans la prise d'[[Alcalá de Henares|Alcala de Henares]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=André de|nom1=Mandach|titre=Naissance et développement de la chanson de geste en Europe|éditeur=[[Librairie Droz]]|date=1975-01-01|pages totales=97|isbn=978-2-600-02892-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=kz_ulY36rOYC|consulté le=3 septembre 2016}}.</ref>.
* [[Raymond de Bourgogne]] ([[1059]]-[[1107]]), second fils du [[Liste des ducs de Bourgogne|duc de Bourgogne]]. [[Comte de Galice]], il se maria avec l'héritière de [[Castille-et-León|Castille et León]], [[Urraque Ire de León|Urraque de Castille]], fille d'{{Souverain2|Alphonse VI de León|de Castille}}.
* [[Henri de Bourgogne (comte de Portugal)|Henri de Bourgogne]] ([[1066]]-[[1112]]), petit-fils de [[Robert Ier de Bourgogne|Robert {{Ier}} de Bourgogne]]. [[Comté de Portugal|Comte de Portugal]], il se maria avec [[Thérèse de León (1080-1130)|Thérèse de León]], fille d'{{Souverain2|Alphonse VI de León|de Castille}}, et eurent [[Alphonse Ier (roi de Portugal)|Alphonse Henriques]] fondateur du Portugal.
* [[Robert Burdet]] (Normand) se taille une principauté autour de [[Tarragone]] ([[1128]]-[[1161]]).
* {{Lien|langue=en|fr=Hervey de Glanvill}}, [[Arnold III d'Aerschot]], [[Christian de Ghistelles]], [[Simon de Dover]], {{Lien|langue=en|trad=Andrew of London|fr=André de Londres}}, [[Saher d'Archelle]] participent au siège et à la [[Siège de Lisbonne (1147)|prise de Lisbonne en 1147]]
* [[Arnaud Amaury]] participe à la [[bataille de Las Navas de Tolosa]] le lundi {{date|16 juillet 1212}}.
* [[Nuno Sanche de Roussillon|Nuno Sanche]] accompagne le roi [[Jacques Ier (roi d'Aragon)|Jacques {{Ier}} d'Aragon]] lors de la [[conquête de Majorque]] ([[1229]]).
* [[Olivier de Termes]] est un compagnon de Nuno Sanche à [[Majorque]].
* [[Chabert de Barbaira]] participe également à la [[conquête de Majorque]].
* [[James Douglas (seigneur de Douglas)|James The Good]] participe avec le roi [[Alphonse XI]] dans la guerre contre les Maures et est tué à la {{Lien|langue=en|trad=Battle of Teba|fr=bataille de Teba}} en 1330.
* Le prince français [[Philippe III de Navarre]] participa avec le roi [[Alphonse XI|Alphonse XI de Castille]] au [[Siège d'Algésiras (1342-1344)|siège d'Algéciras]] en [[1342]] mais fut tué au combat.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=alpha}}

=== Références ===
{{Références}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets|commons=Category:Reconquista|commons titre=La Reconquista espagnole}}

=== Bibliographie ===
==== Ouvrages ====
'''{{s-|XIX}}''' :
* {{Ouvrage|auteur=Charles Romey|titre=Histoire générale d'Espagne|lieu=Paris|éditeur=F. Malteste|année=1838|format livre=''in-4''|pages totales=645|bnf=31241183q|id=Romey}}.<br>{{Gallica|n=bpt6k6203773x|t=Histoire générale d'Espagne}}.
* {{Ouvrage|auteur=Reinhart Dozy|titre=Histoire des Musulmans d'Espagne|sous-titre=jusqu'à la conquête de l'Andalousie par les Almoravides (711-1110)|lieu=Leyde|éditeur=E. J. Brill|année=1861|format livre=4 vol. ''in-16''|bnf=303528598|id=Dozy}}<br>{{Internet Archive|id=histoiredesmusul01dozyuoft|titre=Histoire des Musulmans d'Espagne, vol. 1}}.<br>{{Internet Archive|id=histoiredesmusul02dozyuoft|titre=Histoire des Musulmans d'Espagne, vol. 2}}.<br>{{Internet Archive|id=histoiredesmusul03dozyuoft|titre=Histoire des Musulmans d'Espagne, vol. 3}}.<br>{{Internet Archive|id=histoiredesmusul04dozyuoft|titre=Histoire des Musulmans d'Espagne, vol. 4}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Gustave|nom1=Le Bon|titre=La Civilisation des Arabes|lieu=Paris|éditeur=Firmin-Didot et Cie|année=1884|pages totales=705|format livre=''in-4'' (30 cm)|bnf=307612985}}.<br>{{Internet Archive|id=GustaveLeBonLaCivilisationDesArabesEditionIntegrale|titre=La Civilisation des Arabes}}.

'''{{s2-|XX|XXI}}''' :
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Derek William|nom1=Lomax|titre=The Reconquest of Spain|lieu=Londres et New York|éditeur=Longman|année=1978|pages totales=212|format livre=23 cm|isbn=0-582-50209-8|bnf=35332953r|id=Lomax}}.
* {{Ouvrage|auteur=Adeline Rucquoi|titre=Histoire médiévale de la péninsule Ibérique|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=Points. Histoire|numéro dans collection=180|année=1993|pages totales=442|format livre=18 cm|isbn=2-02-012935-3|issn=0768-0457|bnf=35611500x}}.
* {{Ouvrage|auteur=[[Philippe Conrad]]|titre=Histoire de la Reconquista|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Que sais-je ?|numéro dans collection=3287|année=1998|pages totales=127|format livre=18 cm|isbn=2-13-048597-9|issn=0768-0066|bnf=367008776|id=Conrad}}.<br>{{Gallica|n=bpt6k4814416g/f1.image|t=Histoire de la Reconquista}}.
* {{Ouvrage|langue=ca|prénom1=Jesús|nom1=Mestre i Campi|directeur1=o|prénom2=Flocel|nom2=Sabaté i Curull|responsabilité2=Rédacteur|titre=Atlas de la "Reconquista"|sous-titre=la frontera peninsular entre los siglos VIII y XV|lieu=Barcelone|éditeur=Éd. Península|année=1998|pages totales=64|format livre=24 cm|isbn=84-8307-078-2|bnf=375485699|id=AtlesReconquesta}}.
* {{Ouvrage|auteur=Jean-François Labourdette|titre=Histoire du Portugal|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=2000|pages totales=703|format livre=24 cm|isbn=2-213-60590-4|bnf=37100686q|id=JFL}}.
* {{Ouvrage|auteur=Béatrice Leroy|titre=En Espagne chrétienne du {{Sp-|XI|au|XV}}|sous-titre=la Reconquista|lieu=Pau|éditeur=Éd. Cairn|année=2006|pages totales=172|format livre=21 cm|isbn=2-35068-060-6|bnf=40926071d}}.
* {{Ouvrage|auteur=Pierre Chastang|directeur1=o|titre=Le passé à l'épreuve du présent|sous-titre=appropriations et usages du passé du Moyen Âge à la Renaissance|lieu=Paris|éditeur=[[Presses de l'université Paris-Sorbonne]]|collection=Mythes, critique et histoire|année=2008|pages totales=523|format livre=24 cm|isbn=978-2-84050-545-7|issn=0298-7910|bnf=41285036t|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=dNSKF0c0JJsC&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage|langue=en|auteur=Frank Riess|titre=Narbonne and its territory in late antiquity|sous-titre=from the Visigoths to the Arabs|lieu=Farnham|éditeur=Burlington, VT : Ashgate|année=2013|pages totales=288|format livre=24 cm|isbn=978-1-4094-5534-9|bnf=43577612j}}.
* {{Ouvrage|auteur=Romain Parmentier|titre=La reconquista, d'Al-Andalus à l'Espagne catholique|sous-titre=sept siècles de reconquêtes en péninsule Ibérique|lieu=Cork|éditeur=50 Minutes|collection=Grands Évènements|numéro dans collection=11|année=2015|pages totales=36|format livre=21x13|isbn=978-2-8062-5931-8|oclc=910446462|id=Parmentier}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Alan J.|nom1=Verskin|titre=Islamic law and the crisis of the Reconquista|sous-titre=the debate on the status of Muslim communities in Christendom|lieu=Leiden ; Boston (Mass.)|éditeur=Brill|collection=Studies in Islamic law and society|numéro dans collection=39|année=2015|pages totales=202|format livre=24 cm|isbn=978-90-04-28319-0|issn=1384-1130|bnf=44394668n|id=Verskin}}.
* {{Ouvrage|auteur1=[[André Clot]]|titre=L'Espagne musulmane|sous-titre={{Sp-|VIII|-|XI}}|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin]]|année=2004|pages totales=429|isbn=2-262-02301-8}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Ronald A.|nom1=Messier|titre=The Almoravids and the Meanings of Jihad|lieu=Santa Barbara, Calif.|éditeur=Praeger|année=2010|pages totales=248|isbn=978-0-313-38589-6|isbn2=0-313-38589-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=5YouJtx-igIC&printsec=frontcover}}.

==== Articles et revues ====
* ''Cahiers d'Études hispaniques médiévales'', revue publiée par le Séminaire d’Études médiévales hispaniques de l’[[Université Sorbonne-Paris-Nord|université Paris-XIII]] et distribuée par Klincksieck puis reprise par ENS Éditions (Lyon), anciens ''Cahiers de linguistique hispanique médiévale'', fondée en 1976 par Jean Roudil puis Georges Martin ouvre la revue aux études de civilisation et d’histoire littéraire sur la péninsule Ibérique médiévale.<br>{{Lien web|url=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/revue/cehm|titre=49 numéros en ligne avec Persée en 2012, soit 584 contributions, 1976-2011|site=persee.fr|consulté le=08 janvier 2017}}.
* {{Article|titre=La reconquête de l'Espagne|sous-titre=La pire défaite de l'Islam|périodique=[[Guerres et Histoire]]|numéro=79|pages=14-33|date=06/2024}}

=== Articles connexes ===
* [[Conquête musulmane de l'Hispanie]]
* [[Al-Andalus]] (711-1492)
* [[Royaume des Asturies]]
* ''[[Conquistador]]''
* [[Morisques]]
* [[Conquête de Majorque]]
** [[Expulsion des morisques d'Espagne]]
* [[Formation territoriale de l'Espagne]]
* [[Histoire de l'Espagne]] :
** Suite : règne de [[Charles Quint]]
* [[Histoire du Portugal]]
* [[Almoravides]]
* [[Almohades]]
* [[Vocabulaire des croisades et de la Reconquista]]

=== Liens externes ===
{{Liens}}
* {{Lien web|url=http://www.historia-nostra.com/index.php?option=com_content&task=view&id=478&Itemid=58|titre=La conquête arabe en Espagne : mythe ou réalité ?|site=historia-nostra.com|consulté le=08 janvier 2017|brisé le = 2023-12-01}} sur historia-nostra.com.
* {{Lien web|url=http://meticebeta.univ-montp3.fr/lexique/content/view/604/31/|titre=Reconquête|site=meticebeta.univ-montp3.fr|consulté le=08 janvier 2017|brisé le = 2023-12-01}}. ''Lexique de l'Espagne moderne'', Michel Boeglin - Vicent Parello, U.O.H, 2009.
* [http://www.cosmovisions.com/ChronoEspagneReconquista.htm Les royaumes chrétiens de l'Espagne médiévale].
* [http://explorethemed.com/reconquistaFr.asp?c=1 L'Espagne islamique et la Reconquista].
* [http://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/95-moyen-age/232-al-andalus-de-la-conquete-au-califat.html Al-Andalus (1/4) : de la conquête au califat].

{{Palette|Batailles de la Reconquista|Batailles impliquant l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem|Histoire de l'Espagne|Histoire du Portugal}}
{{Portail|histoire militaire|Espagne|Portugal|Reconquista|Hospitaliers|ordre du Temple}}

[[Catégorie:Reconquista|*]]
[[Catégorie:Événement militaire]]
[[Catégorie:Histoire du catholicisme en Espagne]]
[[Catégorie:Histoire du catholicisme au Portugal]]
[[Catégorie:Histoire d'al-Andalus]]
[[Catégorie:Histoire du Portugal médiéval]]
[[Catégorie:Expression espagnole]]
[[Catégorie:Histoire de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem]]
[[Catégorie:Histoire de l'ordre du Temple]]