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Le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' est jeté au monde écrit [[Christian Dubois]] <ref name="Duboisp358">{{harvsp|Christian Dubois|p=358|2000}}</ref> dans son glossaire. Le concept d'«'''Être jeté'''» traduction consensuelle de  ''Die Geworfenheit'' appartient à la série de concepts fondamentaux créés par le philosophe [[Martin Heidegger]] dans son ouvrage phare de 1927, ''[[Être et Temps]]''. Avec ceux de [[Lexique de Martin Heidegger#Être-au-monde|Être-au-monde]], [[Être-vers-la-mort]], [[Être-en-faute]], [[Être-avec]], il désigne un phénomène unitaire qui comporte une pluralité de moments structurellement liés de l'existence humaine que [[Martin Heidegger]] étudie successivement<ref>{{harvsp|Alain Boutot|1989|p=27}}</ref>. Ce concept vise, comme les autres, à  saisir phénoménologiquement, le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' dans son [[Dasein#L'Être-au-monde|être-au-monde]], sa mobilité et sa temporalité, autrement dit dans les possibilités de son existence concrète. Ce concept est à mettre en lien avec la [[Lexique de Martin Heidegger#Facticité|facticité]], et plus précisément avec le sentiment que quelque chose s'est toujours déjà joué sur laquelle le ''{{lang|de|Dasein}}'' n'a pas de prise. Le concept d'« être-jeté » rassemble paradoxalement les négativités qui pèsent sur l'existant et les éléments d'une ouverture et d'une nouvelle relance de cet existant. 
 
== Les contours du concept ==
{{article connexe|Finitude}}
En tant que « [[Lexique de Martin Heidegger#Facticité|factif]] » je ne suis pas mon propre fondement mais ne puis non plus me référer à une origine plus haute ni y voir le signe d'une autre destination que celle là même. {{citation|Tout au contraire : l'être-jeté se manifeste comme la fermeture de ces deux dimensions}} écrit [[Christian Dubois]] <ref name="Duboisp358"/>. 

La question qui taraude le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' c'est d'être à chaque fois lui-même, lui-même à partir de lui-même (l'avoir à être de l'[[Lexique de Martin Heidegger#Voix de la Conscience|injonction de l'appel de la conscience]]), c'est la définition même de l'existence authentique (voir [[Heidegger et la question de l'existence]]), cela il ne le peut qu'à la condition d'assumer à chaque fois ce qu'il a déjà été, cet « avoir été » est partie intégrante de l'existence du ''{{lang|de|Dasein}}'' venant à soi. [[François Vezin]] utilise l'expression de [[Lexique de Martin Heidegger#Être-été|être-été]] à la place d'avoir été pour bien marquer que pour Heidegger le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' '''« est »''' son passé<ref>[[François Vezin]] note dans ''[[Être et Temps]]'' de [[Martin Heidegger]] Gallimard 1990 page 574 et 575</ref>. Ce processus implique nécessairement la reprise des possibilités trouvées dans l'être-jeté et donc léguées par le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' passé dans la projection de son propre avenir note [[Jacques Rivelaygue]]<ref>{{harvsp|Jacques Rivelaygue|1989|p=265}}</ref>.

Quel que soit le moment de cette existence, le phénomène premier que l'analyse [[Lexique de Martin Heidegger#Existential|existentiale]] met à jour, c'est un ''{{lang|de|Dasein}}'' qui se sent toujours, prisonnier et enfermé dans un horizon déterminé de possibilités en deçà desquelles il ne peut remonter (le fait d'être homme et non femme, âgé et non jeune etc)<ref>{{harvsp|Heidegger|1986|p=448}}</ref>, et qu'il doit impérativement assumer. Le ''{{lang|de|Dasein}}'' ne choisit ni le lieu, ni le comment de sa venue bien qu'il soit toujours déjà au monde, déjà à pied d'œuvre<ref>voir article ''Dasein'' dans {{harvsp|texte=''Le Dictionnaire Martin Heidegger''|id=Dictionnaire}}</ref>,  immergé dans une [[Lexique de Martin Heidegger#Situation|situation]], dont il n'a pas la maîtrise et qui détermine dès l'abord, un éventail fini de possibilités existentielles et de contraintes, auquel il ne peut se soustraire (lieu de naissance, culture, langue), à quoi s'ajoute en héritage la perspective inévitable et omniprésente de sa propre mort.

En dehors de la naissance, comme « Être jeté », le ''{{lang|de|Dasein}}'' compris [[Lexique de Martin Heidegger#Existential|existentialement]], a toujours déjà été : cet « [[Lexique de Martin Heidegger#Être-été|avoir-été]] », ce passé, qui est une partie intégrante de son existence, implique une possibilité ouverte, spécifique, de soi-même. Enfermé dans une [[Lexique de Martin Heidegger#Situation|situation]] déterminée, l'homme obligé à l'assumer, tel un « fardeau »<ref group="N">le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' est toujours déjà-jeté dans la vie, sans qu'il y soit pour quelque chose, un  « être-là »  dont il est [[Lexique de Martin Heidegger#Facticité|facticiellement]] responsable, qu'il doit prendre en charge, et qu'il ne peut pas ne pas être {{harvsp|Christian Sommer|2005|p=122}}</ref>, se sent fatalement bridé dans ses possibilités souligne [[François Vezin]] ([[Être et temps]] note page 571).
{{citation bloc|Le ''{{lang|de|Dasein}}'' est un être possible remis à lui-même, une possibilité de part en part jetée. Le ''{{lang|de|Dasein}}'' est la possibilité de l'être-libre pour le pouvoir-être le plus propre<ref>{{harvsp|Jean Greisch|1994|p=191}}et{{harvsp|Heidegger|1986|texte=Heidegger,''Être et Temps''|p=189}}.</ref>}}
Comme être-possible ''{{lang|de|Dasein}}'' doit composer avec l' être-possible qui lui est toujours déjà délivré par le ''[[Lexique de Martin Heidegger#On|On]]''. Le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}''  ne peut se libérer de ce qu'il a été, il l'a positivement en charge, nous dit Heidegger<ref name="Heidegger1986">{{harvsp|Heidegger|1986|texte=Heidegger, ''Être et Temps''|p=448}}</ref>. Le concept d' « être-jeté » est enfin à rapprocher de celui de la « [[Lexique de Martin Heidegger#Finitude|finitude]] »

== Les négativités dégagées ==
[[File:DSCF2316 Dante perdu.jpg|thumb|left|DSCF2316 Dante perdu]]
Avec l'expression « être-jeté », Heidegger recense une triple négativité de l'existence 

=== L'absence de fondement ===
Le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' est toujours « déjà-jeté » dans la vie, sans qu'il y soit pour quelque chose, un  « être-là »  dont il est « [[Lexique de Martin Heidegger#Facticité|facticiellement]] » responsable, qu'il doit prendre en charge, et qu'il ne peut pas ne pas être <ref>{{harvsp|Christian Sommer|2005|p=140}}</ref>, un « être-jeté » qu'il doit endurer jusqu'à la mort, la vie reçue en charge comme un fardeau accompagnée de la mort comme possibilité suprême<ref>{{harvsp|texte=article Existence, ''Le Dictionnaire Martin Heidegger''|id=Dictionnaire|p=466}}</ref>.

« Être-jeté » veut  dire aussi qu'il ne s'est pas posé lui-même. L'être-là en tant qu'il est au monde, y est jeté ; il n'est jamais la cause (l'origine) de son [[Dasein#L'Être-au-monde|être-au-monde]] , et il en ignore la fin dans les deux sens du terme précise [[Alexander Schnell]]<ref>{{harvsp|Alexander Schnell|2005|p=69}}</ref>. À noter que ce caractère, cette [[Lexique de Martin Heidegger#Facticité|facticité]] n'est pas un événement passé une fois pour toutes comme la naissance physique. Dans l'analyse existentiale, comme pour la mort, la naissance n'est plus un événement datable, tant que le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' existe il ne cesse de naître, {{citation|il ne cesse d'être-jeté}} écrit [[Françoise Dastur]]<ref>{{harvsp|Françoise Dastur|1990|p=63}}</ref>. Ce qui fait comprendre que le fait de parler au passé de l' « être-jeté », n'a pas le sens d'un événement révolu mais qu'il y a à chaque fois quelque chose d'irrécupérable dans l'existence.

Le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'', constamment jeté à être le fondement de lui-même, mais être son propre fondement, signifie qu'il ne sera jamais le maître de l'être le plus propre du fondement. Le concept de [[Lexique de Martin Heidegger#Facticité|facticité]] poussé à sa radicalité absolue, est l'expression de ce phénomène<ref name="Duboisp79">{{harvsp|Christian Dubois|2000|p=79}}</ref>.

De plus, jeté selon l'expression de Heidegger lui-même, non comme un caillou mais comme un être se projetant le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'', ne peut se comprendre qu'à travers tel ou tel projet de soi, tenu en quelque sorte, de répondre à la célèbre alternative de [[Kierkegaard]] ''Ou bien..ou bien'' c'est-à-dire en renonçant à l'une des options qui se présente, ajoutant ainsi une négativité supplémentaire à celle de l'origine irrécupérable<ref name="Duboisp79"/>.

=== L'être vers la mort ===
{{article détaillé|Être-vers-la-mort}}
{{citation|Le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' se retrouve ''toujours'' déjà jeté [...] être-jeté qu'il faut endurer jusqu'à la mort, mourir constituant la possibilité suprême de l'existence}}<ref>{{harvsp|texte=article Existence, ''Le Dictionnaire Martin Heidegger''|id=Dictionnaire|p=466}}</ref>.  En tant qu'être-jeté ce point est fondamental et détermine l'essence du ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' essentiellement , « être-jeté » dans la mort.

=== L'être en défaut ===
{{Article détaillé|Être-en-faute}}
Dans son être le ''{{lang|de|Dasein}}'' est transi de négativité. En n'étant pas d'abord, ce qu'il aurait pu être et qu'il n'est pas (fille au lieu de garçon par exemple). L'existence est corrélativement une perpétuelle négation, car le ''{{lang|de|Dasein}}'' est toujours « [[Être-en-faute|en faute]] » (en défaut) de ce qu'il aurait pu être, tout possible existentiel va s'avérer renoncement à d'autres<ref name="Heidegger1986p571">{{harvsp|Heidegger|1986|loc=Vezin, notes, {{p.|571}}.}}</ref>.

Le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' reste essentiellement en deçà de ses possibilités. Il a à être ce à quoi il a été remis, il est à charge de lui-même.{{citation|Étant à l'origine, c'est-à-dire existant comme être-jeté, le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' demeure constamment retranché en deçà de ses possibilités. Jamais il ne saurait ''pré-exister'' à son origine mais il n'est chaque fois existant qu'à partir d'elle et en tant que celle-ci. Dans ces conditions, être-à-l'origine ou être-fondement veut dire ne pas, ne jamais être maître de l'être le plus propre de l'origine. Ce « ne pas », fait partie du sens [[Lexique Martin Heidegger#Existential|existential]] de l' être-jeté. Étant-à-l'origine, {{citation|il est lui-même une négative de soi-même}}. Négative ne signifie aucunement n'être-pas-là-devant, ne pas subsister, mais veut dire un '''Non''' que cet être-jeté constitue (à l'encontre de l'être-le-plus-propre-à-l'origine).....Le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' est son origine en existant, c'est-à-dire qu'il est de telle manière qu'il s'entend à partir des possibilités et s'entendant de la sorte il est l'étant-jeté}}<ref>{{harvsp|Heidegger|1986|p=342}}</ref> (voir aussi le complexe paragraphe 58 d'[[Être et Temps]]). Comme [[être-jeté]], écrit Maurice Corvez<ref>{{harvsp|Maurice Corvez|1961|p=109}}</ref>  {{citation|il est toujours engagé dans des possibilités circonscrites qui le lient à son passé [...], en ce sens il est en son être une négativité}}

Le ''{{lang|de|Dasein}}'' est « être-jeté-se-projetant » ; se comprendre dans tel ou tel projet c'est aussi être amené à choisir l'un au détriment de l'autre. En conséquence tout possible existentiel est aussi manque et renoncement<ref>{{harvsp|Christian Dubois|2000|p=79}}</ref>.

En résumé le ''{{lang|de|Dasein}}'' est doublement dans la négativité :
*il n'est pas son propre fondement mais a plutôt à se fonder lui-même en se prenant en charge en tant qu'être jeté dans une situation historique et mondaine donnée, et, 
*il est encore en faute comme être libre se projetant dans l'une de ses possibilités après avoir renoncé à d'autres.
Le fondement de son être serait donc de « ''{{Citation|n'en avoir aucun}}'' » sinon le [[Lexique de Martin Heidegger#Néant|Néant]], l'« ''{{lang|de|Abgrund}}'' » cite [[Christian Dubois]]<ref>{{harvsp|Christian Dubois|2000|p=80}}</ref>.

== L'ouverture et le pro-jet ==
Pour autant le concept d'« être-jeté » qui rappelle singulièrement le thème de la chute et de la « [[wikt:Déréliction|déréliction]] »<ref>{{harvsp|texte=article Être-jeté ''Le Dictionnaire Martin Heidegger''|id=Dictionnaire|p=452}}</ref> de la théologie chrétienne  (repris en partie par de l'idée de dévalement) déborde largement ce cadre. Comme « être jeté », délivré de toute consonance morale le ''{{lang|de|Dasein}}'' a toujours déjà été, cet « avoir-été » est partie intégrante de l'existence du ''{{lang|de|Dasein}}'' venant à soi, au sens où cet « [[Lexique de Martin  Heidegger#Être-été|être-été]] » est toujours aussi, en tant que tel une possibilité ouverte de lui-même, c'est pourquoi « être-jeté » et [[Lexique de Martin Heidegger#Projet|projet]] apparaissent comme  indissolublement liés<ref>{{harvsp|texte=article Être-jeté ''Le Dictionnaire Martin Heidegger''|id=Dictionnaire|p=452-453}}</ref>. 

À travers l'[[Lexique de Martin Heidegger#Angoisse|angoisse]], qui est une manière spécifique de l' « [[Dasein#L'Être-au-monde|être-au-monde]] », transparaît le fait que c'est spécifiquement devant l'« être-jeté » qu'il y a angoisse  et que cette angoisse a pour motif le « [[Lexique de Martin Heidegger#Pouvoir-être|pouvoir-être]] » de cet être-jeté. Les deux existentiaux que sont  l'être-jeté,  ''{{lang|de|Geworfenheit }}'' et le projet,  ''{{lang|de|Entwurf}}'', sont indissolublement liés. La projection, le [[Lexique de Martin Heidegger#Devancement|devancement]] de soi, concernent le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' en tant qu'il est-déjà-au-monde, qu'il y est jeté<ref>{{harvsp|Françoise Dastur|1990|p=53}}</ref>.

=== L'ouverture ===
C'est le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'', qui en tant que jeté au monde, {{Citation|est l'ouverture}}, cette ouverture n'est pas à comprendre comme quelque chose qui aurait été auparavant fermé, mais au contraire comme le lieu de l'être, celui où le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}''  a son être, l'« être de l'existence », dans l' être-ouvert qui se déploie dans tout l'horizon qui lui est échu de la compréhensibilité et de la significativité note [[Jean-Luc Nancy]]<ref>{{harvsp|Jean-Luc Nancy|1989|p=235|id=Nancy1989}}</ref>.

Contrairement au passé, ''passé'', l'[[Lexique Heidegger#Être-été|être-été]] est cet héritage qui nous est à chaque fois dévolu, qui à la fois nous ouvre de nouvelles possibilités non expérimentées jusqu'ici, tout en nous en fermant d'autres, mais qui reste toujours une possibilité ouverte de soi-même c'est-à-dire, dans le langage historial, un ad-venir. Heidegger rajoute même à propos du ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' « il est jeté à lui-même » (''{{lang|de|ihm selbst geworfen}}''), jeté comme être-projetant  autrement dit, au long de son existence il doit assumer une « capacité projective » qui est toujours déjà liée (bornée par ?) à un horizon de possibilités « ''en deçà duquel le Dasein ne peut jamais remonter'' »<ref name="Heidegger1986" />{{,}}<ref group="N">le moment . Heidegger rajoute même « il est jeté à lui-même » (''ihm selbst geworfen''), jeté dans son là, comme être-projetant (pas comme un caillou)</ref>.

=== Le pro-jet ===
Parce que le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'', n'est pas indifférent à son propre être, qu'il le comprend et s'en préoccupe, il existe sur le mode de la projection. Exister c'est « [[Lexique de Martin Heidegger#Avoir à être|avoir à être]] », aussi est-ce à chaque fois se projeter résume le Dictionnaire<ref>{{harvsp|texte=article Existence ''Le Dictionnaire Martin Heidegger''|id=Dictionnaire|p=466}}</ref>. Cette projection ne doit pas être comprise comme un acte volontaire, il s'agit de l'avènement même de l'existence humaine précise [[Françoise Dastur]]<ref>{{harvsp|Françoise Dastur|2011|p=33}}</ref>.

Dire que le projet et l' être-jeté sont liés, c'est reconnaître que l'existentialité et la facticité sont intimement liés  en d'autres termes que l'[[Heidegger et la question de l'existence|existence]] est toujours facticielle et toujours jetée<ref>{{harvsp|Françoise Dastur|2011|p=34}}</ref>, après le « [[Lexique de Martin Heidegger#Tournant|Tournant]] », le fait pour le  ''{{lang|de|Dasein}}''   de se tenir ouvert pour l'ouverture de l'être, va impliquer une radicalisation de la facticité de l' être-jeté qui sera maintenant compris comme provenant de l' être lui-même<ref name="Dasturp35">{{harvsp|Françoise Dastur|2011|p=35}}</ref>{{,}}<ref group="N">Heidegger dit explicitement dans la [[Lettre sur l'humanisme]] que ce qui se jette dans le projeter n'est pas l'homme, mais l'être lui-même qui destine l'homme à l'[[Lexique de Martin Heidegger#Ek-sistence|ek-sistence]] de l'être-le-là comme à son essence. La passivité de l'[[Heidegger et la question de l'existence|existence]] est maintenant comprise comme destin et histoire de l'être-{{harvsp|Françoise Dastur|2011|p=35}}</ref>.

La « [[Lexique de Martin Heidegger#Voix de la conscience|voix de la conscience]] »  se charge de ramener l'existant perdu dans le « ''[[Lexique de Martin Heidegger#On|On]]'' » à son être  « [[Lexique de Martin Heidegger#Prpopriété|propre]] » en l'invitant à l'assumer dans sa [[Lexique de Martin Heidegger#Finitude|finitude]] radicale, c'est-à-dire dans sa vérité note [[Christian Dubois]]<ref name="Dubois2000p80">{{harvsp|Christian Dubois|2000|p=80}}</ref>{{,}}<ref group="N">L'[[Lexique de Martin Heidegger#Authenticité|authenticité]] du ''{{lang|de|Dasein}}'' n'est plus une rubrique vide ni une idée inventée de toutes pièces, mais le propre « [[être-vers-la-mort]] », déduit existentialement comme [[Lexique de Martin Heidegger#Pouvoir-être|pouvoir-être]] entier{{harvsp|Heidegger|texte=''Être et temps'', traduction François Vezin|1986|p=359 }}</ref>. Le plus surprenant de tout, c'est que cette invitation à être Soi, est ni plus ni moins qu'une convocation à sa « nihilité ».  L'invitation interpelle le ''{{lang|de|Dasein}}'' afin qu'il assume les possibilités de son existence en tant qu'[[être-jeté]] « sans fondement ». Ramené à lui-même, il est invité par l'appel à quitter le refuge factice du « ''[[Lexique Heidegger#On|On]]'' », correspondant au non choix de lui-même, pour revenir à la vérité de son être et assumer sa propre négativité d'[[être-jeté]]<ref name="Dubois2000p80"/>.

=== La résolution ===
La ([[Lexique de Martin Heidegger#Résolution anticipante|résolution devançante]] en tant que mode de souci authentique, n'est rendue possible que par la temporalité<ref>{{harvsp|Françoise Dastur|1990|p=69}}</ref>. [[Jacques Rivelaygue]] note que la temporalité horizontale (Ek-statique) serait à elle seule insuffisante pour assurer l'unité du Soi dans le temps, il y faut l'approche historiale comprenant à la fois l'implication réciproque de la [[Dasein#La Résolution anticipante|Résolution anticipante]] et de la {{Citation|reprise de l'héritage}}, constitutive de l'''Être-jeté''<ref>{{harvsp|Jacques Rivelaygue|1989|p=264}}</ref>.
*La prise en charge de l'être-jeté dans la Résolution devançante ne signifie rien de moins pour le Dasein, que le fait d'être en [[Lexique de Martin Heidegger#Propriété|propre]] ce qu'il était déjà sur un mode impropre<ref>{{harvsp|Françoise Dastur|2011|p=233}}</ref>, autrement dit son existence est transfigurée, au lieu d'être-au-monde à partir des autres il l'est à partir de lui-même<ref>{{harvsp|Christian Dubois|2000|p=81}}</ref>.
*Le terme de [[Lexique de Martin Heidegger#Résolution anticipante|résolution anticipante]] n'a rien à voir avec la subjectivité et la volonté. La Résolution c'est l'ouverture propre à l'[[Lexique de Martin Heidegger#Vois de la conscience|appel de la conscience]]. Cette expression tente de dire la manière [[Lexique de Martin Heidegger#Authenticité|authentique]] pour le ''{{lang|de|Dasein}}'' d'être dans sa vérité (Note de François Vezin, Être et Temps {{p.|572}}

=== L'histoire === 
La question qui reste encore en suspens c'est, s'agissant de ce moment absolument fondamental mais contingent, qu'est l' « Être-jeté », c'est que ce concept ne donne par lui-même aucune clef pour permettre l'intégration de ce moment dans l'unité d'une vie. Pour générer un tel sens, un destin, il s'agira, selon [[Jacques Rivelaygue]]<ref>{{harvsp|Jacques Rivelaygue|1989|p=263}}</ref>, de trouver un mécanisme qui permettra de reprendre, comme un héritage et malgré cette contingence, les possibilités facticielles léguées par la tradition. En assumant  cet héritage le ''{{lang|de|[[Dasein]]}}'' va s'inscrire dans une histoire qui l'autorise à reprendre pied à partir d'une source où il peut puiser la force d'un élan renouvelé<ref>Voir l'article ''Être-jeté'' dans {{harvsp|texte=''Le Dictionnaire Martin Heidegger''|id=Dictionnaire|p=453}}.</ref>.

En attente d'une possibilité, c'est-à-dire en existant comme « ad-venir » à soi et rappel de son [[Heidegger et la question de l'existence#L'être-été|être-été&nbsp;]] », le ''{{lang|de|Dasein}}'' anticipant présentifie l'étant (rend présent ou dévoile) et se présentifie lui-même, devant l'étant subsistant auprès de lui. Autrement dit, le ''{{lang|de|Dasein}}'' préoccupé s'ouvre à chaque fois à la présence des choses et à son soi, il les reçoit et les comprend<ref group="N">À noter que ce constat ne suffit pas à rendre compte de l'unité dans la série des résolutions qui constitue l'historialité du Dasein il faut mettre à jour le caractère historial du Dasein lui-même en ce qu'il est cet acte de s'étendre et c'est cette extension qui constitue l'histoire [[Heidegger et la question de l'Histoire]] voir -{{Harvsp|Cometti|Janicaud|1989|p=264}}</ref>.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=N|colonnes=1}}
=== Références ===
{{references|colonnes=2}}

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
*{{Ouvrage|prénom=Martin |nom=Heidegger |lien auteur1=Martin Heidegger |titre=Être et Temps|traducteur=[[François Vezin]]|éditeur=Gallimard |lien éditeur=Éditions Gallimard |lieu=Paris |année=1986 |pages=589|isbn=2-07-070739-3 }}
*{{ouvrage|prénom1=Alain |nom1=Boutot |titre=Heidegger |collection=Que sais-je? |numéro dans collection=2480 |éditeur=PUF |lien éditeur=Presses universitaires de France |lieu=Paris |année=1989 |pages=127 |isbn=2-13-042605-0}}
*{{ouvrage|prénom1=Alexander |nom1=Schnell |lien auteur1=Alexander Schnell  |titre=De l'existence ouverte au monde fini |sous-titre=Heidegger 1925-1930 |collection=Bibliothèque d'histoire de la philosophie |éditeur=J. Vrin |lien éditeur=Librairie philosophique J. Vrin |année=2005 |isbn=2-7116-1792-0}}
*{{Ouvrage|prénom=Jean|nom=Greisch |lien auteur1=Jean Greisch |titre=Ontologie et temporalité |sous-titre=Esquisse systématique d'une interprétation intégrale de Sein und Zeit |éditeur=PUF |lien éditeur=Presses universitaires de France |année=1994 |lieu=Paris |pages=522 |numéro d'édition=1 |isbn=2-13-046427-0 }}
* {{Ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Greisch|lien auteur1=Jean Greisch|titre=L'Arbre de vie et l'arbre du savoir, le chemin phénoménologique de l'herméneutique heideggérienne (1919-1923)|collection=|éditeur=Éditions du Cerf|année=2000|isbn=}}
* {{Ouvrage|prénom=Marlène |nom=Zarader |lien auteur1=Marlène Zarader |titre=Lire Être et Temps de Heidegger |collection=Histoire de la philosophie |éditeur=J. Vrin |lien éditeur=Librairie philosophique J. Vrin |lieu=Paris |année=2012 |pages=428|isbn=978-2-7116-2451-5}}
* {{Ouvrage|prénom1=Christian |nom1=Dubois |titre=Heidegger, Introduction à une lecture |éditeur=Seuil |lieu=Paris |collection=Points Essais |numéro dans collection=422 |année=2000|pages=363 |isbn=2-02-033810-6}}
* {{Ouvrage|prénom1=Christian |nom1=Sommer |titre=Heidegger, Aristote, Luther - Les sources aristotéliciennes et néo-testamentaires d'Être et temps |collection=Épiméthée |éditeur=PUF |lien éditeur=Presses universitaires de France |année=2005 |isbn=978-2130549789}}
* {{ouvrage|prénom=Françoise |nom=Dastur |lien auteur1=Françoise Dastur |titre=Heidegger et la pensée à venir |éditeur=J. Vrin |lien éditeur=Librairie philosophique J. Vrin |lieu=Paris |année=2011 |collection=Problèmes et controverses |pages=252 |isbn=978-2-7116-2390-7 |bnf=42567422z}}
* {{ Ouvrage | prénom1 = Françoise |nom1 = Dastur| lien auteur1 = Françoise Dastur| titre= Heidegger et la question du temps | éditeur =PUF |lien éditeur=Presses universitaires de France |lieu=Paris| collection = Philosophies |année = 1990|pages=127|isbn=2-13-042954-8}}
*{{ouvrage|prénom1=Jean-Pierre |nom1=Cometti |prénom2=Dominique |nom2=Janicaud |directeur2=oui |titre=''Être et temps'' de Martin Heidegger |sous-titre=questions de méthode et voies de recherche |lieu=Marseille |éditeur=Sud |année=1989|ISBN erroné=2864461058|bnf=35026983x}}
**{{Chapitre|prénom1=Jacques|nom1=Rivelaygue |lien auteur=Jacques Rivelaygue |auteurs ouvrage=Jean-Pierre Cometti et [[Dominique Janicaud]] (dir.)|titre ouvrage=Etre et Temps de Martin Heidegger: Questions de méthode et voies de recherches|titre chapitre=Le Problème de l'Histoire dans Être et Temps de Martin Heidegger|lieu=Paris|éditeur=Sud|année=1989}}
**{{chapitre|prénom1=Jean-Luc|nom1=Nancy|lien auteur1=Jean-Luc Nancy|titre chapitre=La décision d'Existence |auteurs ouvrage=Jean-Pierre Cometti et Dominique Janicaud (dir.)|titre ouvrage=''Être et temps'' de Martin Heidegger|sous-titre ouvrage=questions de méthode et voies de recherche|lieu=Marseille|éditeur=Sud|année=1989|page début chapitre=|passage= |id=Nancy1989|ISBN erroné=2864461058|bnf=35026983x}}  
*{{ouvrage|titre=Le Dictionnaire Martin Heidegger|sous-titre=Vocabulaire polyphonique de sa pensée |prénom1=Philippe |nom1=Arjakovsky |prénom2=François |nom2=Fédier |lien auteur2=François Fédier |prénom3=Hadrien |nom3=France-Lanord |directeur3=oui |éditeur=Éditions du Cerf |lien éditeur=Éditions du Cerf |lieu=Paris |année=2013 |pages totales=1450 |isbn=978-2-204-10077-9 |id=Dictionnaire}}.
* {{Ouvrage|auteur=Maurice Corvez |titre=La philosophie de Heidegger |collection=Initiation Philosophique |éditeur=[[PUF]] |lieu=Paris|année=1961|oclc=299788247}}.

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[[:Catégorie:Concept heideggérien]]
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