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« Groupe de Puteaux » : différence entre les versions

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Ajout du "dernier peintre du Groupe de Puteaux" René Pradez, une amitié picturale avec Camille Renault.
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[[File:La Section d'Or, numero special, 9 Octobre 1912.jpg|thumb|Numéro spécial consacré à l'Exposition de la "Section d'Or", première année, 1, 9 octobre 1912]]
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Le '''groupe de Puteaux''' ou '''Section d'or''' sont les noms donnés à un groupe d’artistes et de critiques étroitement liés au [[cubisme]], mais se plaçant dans une approche « post-cubiste ».
Le '''groupe de Puteaux'''<ref>Également connu sous les appellations « Section d’or » ou « École de Puteaux ».</ref> est le nom donné à un groupe d’artistes européens et de critiques étroitement liés au [[cubisme]] mais se plaçant dans une approche « post-cubiste ». Le groupe s’est constitué vers [[1911]] à l’occasion de réunions régulières de peintres tels [[Albert Gleizes|Gleizes]], [[František Kupka|Kupka]], [[Fernand Léger|Léger]], [[Jean Metzinger|Metzinger]], [[Picabia]] ou [[Marcel Duchamp]], auxquels se joint aussi l'architecte [[Auguste Perret]], en vue d’échanger des opinions chez [[Jacques Villon]] à [[Puteaux]], alors un village de la banlieue ouest de [[Paris]]<ref>[http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-futurisme2008/ENS-futurisme2008-07-section-or.html Le Salon de la Section d'Or, Octobre 1912, Mediation Centre Pompidou]</ref>. Le peintre franco-belge, René Pradez, né le 5 mars 1933 à Paris, 12 rue Boileau (16e), est rattaché à ce groupe par l'amitié picturale que Camille Renault et lui ont liée, René Pradez ayant fait de très nombreux portraits du Restaurateur et Collectionneurs. L'hommage qui lui a été rendu à l'occasion de sa mort le 26 mars 2013 par la Mairie de Puteaux (Arthothèque) en témoigne, nommé "Le dernier peintre du groupe de Puteaux". René Pradez, qui a créé une œuvre considérable, aujourd'hui méconnue, faute de communication et par sa position indépendante par rapport au système marchand, œuvre à ce jour en danger, propose à travers ses huiles, pastels, lithographies, dessins... une exploration plastique unique centrée sur l'Homme, dans le rapport subtile qui le lie au monde, de son apparition à sa disparition. Série des Grandes Têtes ou Figures...

Le groupe s’est constitué vers [[1911]] à l’occasion de réunions régulières de peintres, poètes et mathématiciens chez les Duchamp, qui habitaient une petite maison à [[Puteaux]], situé dans la banlieue ouest de [[Paris]]<ref>[http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-futurisme2008/ENS-futurisme2008-07-section-or.html Le Salon de la Section d'Or, Octobre 1912, Mediation Centre Pompidou].</ref>.

Les salons de la Section d'or perdurèrent jusqu'en 1925.


== Origine ==
== Origine ==
Le groupe de Puteaux a adopté ce nom afin de se distinguer de la définition plus étroite du cubisme développé en parallèle par [[Pablo Picasso|Picasso]] et [[Georges Braque|Braque]] à [[Montmartre (Seine)|Montmartre]].
Le groupe de Puteaux a adopté ce nom afin de se distinguer de la définition plus étroite du cubisme développé en parallèle par [[Pablo Picasso|Picasso]] et [[Georges Braque|Braque]] à [[Montmartre (Seine)|Montmartre]].


[[Marcel Duchamp]] était féru de sciences et de mathématiques, et tous ses amis, entre autres [[Albert Gleizes|Gleizes]], [[František Kupka|Kupka]], [[Fernand Léger|Léger]], [[Jean Metzinger|Metzinger]], [[Picabia]], [[Henry Valensi]], [[Auguste Perret]], [[André Salmon|Salmon]], [[Guillaume Apollinaire|Apollinaire]], et [[Maurice Princet]] (le « mathématicien du cubisme ») rêvaient de transformer le monde à partir des découvertes « einsteiniennes » tournant autour du nombre d'or.
La célébrité du groupe de Puteaux date de l’apparition controversée de ses membres ([[Jean Metzinger]], [[Albert Gleizes]], [[Robert Delaunay]], [[Henri Le Fauconnier]] et [[Fernand Léger]]) au [[Salon des indépendants]] du printemps de [[1911]]<ref name="Debray, Lucbert">La Section d'or, 1912-1920-1925, Cécile Debray, Françoise Lucbert, Musées de Châteauroux, Musée Fabre, exhibition catalogue, Éditions Cercle d'art, Paris, 2000</ref>.

Tous réussirent en 1912 une grande exposition hors marché et sans intermédiaire, connue aujourd'hui encore sous l'appellation [[Salon de la Section d'Or]]. Valensi était secrétaire de l'aventure et, sur les conseils éclairés de Jacques Villon et de Marcel Duchamp, son frère, il a farouchement tenu éloigné de l'organisation les agents et galeristes, {{citation|incapables de comprendre à quoi nous touchons avec notre Art}}.

La Section d'or était une sorte de cri, à la fois de révolte et d'espoir, lancé à la face du monde qui ne semblait pas encore prêt à rassembler art et science…

Aujourd'hui encore, peu de gens connaissent les tenants et aboutissants véritables de la démarche qui impulsa ce Salon où, pour la première fois, Duchamp accrocha son ''[[Nu descendant un escalier (N°2)|Nu descendant un escalier]]'', qui avait été refusé en février par le comité du Salon des indépendants qui devait ouvrir en mars 1912<ref name="Debray, Lucbert">Cécile Debray et Françoise Lucbert, ''La Section d'or, 1912-1920-1925'', musées de Châteauroux, musée Fabre, catalogue de l'exposition, Éditions Cercle d'art, Paris, 2000.</ref> (dont il était pourtant membre…).


== Histoire ==
== Histoire ==
De 1911 à 1914, Villon réunit dans son atelier, rue Lemaître à [[Puteaux]], [[André Salmon]], [[Guillaume Apollinaire|Apollinaire]], [[Maurice Princet]] et des artistes hétéroclites qui revendiquent la singularité de leur démarche : {{citation| où le [[cubisme]] déracine, la Section d’or enracine}} (Villon). Bien que parti du cubisme orthodoxe, ils élaborent, sous l’influence d'André Lhote, un système de défense stipulant une recherche de l’harmonie et des formes idéales régies par le principe du [[nombre d'or]] de la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]], d’où l'appellation « Section d’or »<ref>Le groupe prit aussi l'initiative d'organiser le [[Salon de la Section d'or]] en [[1912]], appellation suggérée à Duchamp-Villon par le ''Traité de la Peinture'' de [[Léonard de Vinci]].</ref> proposée par Villon. En pratique, la plupart des peintres s'intéressent à la [[géométrie non euclidienne]] ; ce principe est appliqué de façon plus instinctive que mathématique. Artistes soucieux de s'inscrire dans la modernité, ils s'entretiennent d’[[Art africain traditionnel|art africain]], de la [[quatrième dimension]], de [[géométrie non euclidienne]], de [[futurisme]], et des recherches chronophotographiques de [[Étienne-Jules Marey]] et de [[Eadweard Muybridge]]. La philosophie du groupe est une tentative de contrôler scientifiquement la peinture et les découvertes de [[Picasso]] et de [[Georges Braque|Braque]] par le truchement des techniques classiques de composition dites des [[Règles de composition dans la peinture occidentale|« tracés régulateurs »]]<ref>''Jeunes Peintres ne vous frappez pas !'', La Section d’Or: Numéro spécial consacré à l’Exposition de la "Section d’Or", première année, 1, 9 octobre 1912, pp. 1-2.</ref>.
De 1911 à 1914, [[Jacques Villon]] réunit dans son atelier, rue Lemaître à [[Puteaux]], [[André Salmon]], [[Guillaume Apollinaire|Apollinaire]], [[Maurice Princet]] et des artistes hétéroclites qui revendiquent la singularité de leur démarche : {{citation| où le [[cubisme]] déracine, la Section d’or enracine}} (Villon). Bien que partis du cubisme orthodoxe, ils élaborent, sous l’influence d'[[André Lhote]], un système de défense stipulant une recherche de l’harmonie et des formes idéales régies par le principe du [[nombre d'or]] de la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]], d’où l'appellation « Section d’or » : le groupe prit aussi l'initiative d'organiser le [[Salon de la Section d'Or]] en [[1912]], appellation suggérée à Duchamp-Villon par le ''[[Traité de la peinture]]'' de [[Léonard de Vinci]].
En pratique, la plupart des peintres s'intéressent à la [[géométrie non euclidienne]] ; ce principe est appliqué de façon plus instinctive que mathématique. Artistes soucieux de s'inscrire dans la modernité, ils s'entretiennent d’[[Art africain traditionnel|art africain]], de la [[Quatrième dimension (art)|quatrième dimension]], de [[géométrie non euclidienne]], de [[futurisme]], et des recherches chronophotographiques d'[[Étienne-Jules Marey]] et de [[Eadweard Muybridge]]. La philosophie du groupe est une tentative de contrôler scientifiquement la peinture et les découvertes de [[Picasso]] et de [[Georges Braque|Braque]] par le truchement des techniques classiques de composition, dites des [[Règles de composition dans la peinture occidentale|« tracés régulateurs]]<ref>« Jeunes Peintres ne vous frappez pas ! », ''La Section d’Or'', numéro spécial consacré à l’Exposition de la Section d’Or, première année, {{numéro|1}}, 9 octobre 1912, {{p.|1-2}}.</ref> ».


Le caractère intellectuel de leur démarche séduit, en 1912, l’orthodoxe [[Juan Gris]]. Il fut sans doute pour ces « cubisteurs », avec Metzinger et Apollinaire, un agent d’informations précieux sur les pratiques des Montmartrois. À la suite du refus d'une œuvre de Marcel Duchamp, ''[[Nu descendant un escalier]]'', au Salon des indépendants, et dynamisés par le scandale que provoque l’exposition des peintres futuristes chez Bernheim Jeune en février 1912, ils décident de créer un premier salon et envahissent le vaste espace de la galerie La Boétie en octobre 1912 pour révéler les nouvelles directives du mouvement<ref name="Debray, Lucbert" />.
Le caractère intellectuel de leur démarche séduit, en 1912, l’orthodoxe [[Juan Gris]]. Il fut sans doute pour ces « cubisteurs », avec [[Jean Metzinger|Metzinger]] et Apollinaire, un agent d’informations précieux sur les pratiques des Montmartrois. À la suite du refus d'une œuvre de Marcel Duchamp, ''[[Nu descendant un escalier (N°2)]]'' au Salon des indépendants, et dynamisés par le scandale que provoque l’exposition des peintres [[futurisme|futuristes]] à la [[galerie Bernheim-Jeune]] en {{date-|février 1912}}, ils décident de créer un premier salon et envahissent le vaste espace de la galerie La Boétie en {{date-|octobre 1912}} pour révéler les nouvelles directives du mouvement<ref name="Debray, Lucbert" />.


[[File:La Section d'Or exhibition, 1925, Galerie Vavin-Raspail, Paris.jpg|thumb|La Section d'Or, 1925, Galerie Vavin-Raspail, Paris : œuvres d'Albert Gleizes, ''Portrait de l’éditeur Eugène Figuière'', ''La Chasse'', ''Les Baigneuses'' ; Robert Delaunay et André Lhote]]
[[Fichier:La Section d'Or exhibition, 1925, Galerie Vavin-Raspail, Paris.jpg|thumb|La Section d'Or, 1925, galerie Vavin-Raspail, Paris : œuvres d'Albert Gleizes, ''Portrait de l’éditeur Eugène Figuière'', ''La Chasse'', ''Les Baigneuses'' ; Robert Delaunay et André Lhote.]]
En plus des fondateurs ([[Albert Gleizes|Gleizes]], [[Marcel Duchamp|Duchamp]], [[Metzinger]], [[Picabia]]) l’exposition réunit une trentaine de peintres et sculpteurs dont [[Pierre Dumont]], [[Alexander Archipenko]], [[Tobeen|Félix Tobeen]], [[André Lhote]], [[Roger de La Fresnaye]], [[Louis Marcoussis]], [[Francis Picabia]], et [[Frantisek Kupka]] qui est inscrit in extremis par un des plus jeunes participants [[Henry Valensi]] à la fois exposant et « secrétaire » de l'exposition<ref>[http://www.aaa.si.edu/collections/viewer/exhibit-catalog-salon-de-la-section-dor-15197 Exhibit catalog for Salon de "La Section d'Or", 1912. Walter Pach papers, Archives of American Art, Smithsonian Institution]</ref>. [[Robert Delaunay]] qui avait la même année déjà exposé ses nouvelles toiles à la galerie Barbazange avec [[Marie Laurencin]], soucieux d’éviter les étiquettes ne participe pas à ce Salon de la Section d'or de 1912<ref name="Debray, Lucbert" />.
En plus des fondateurs ([[Albert Gleizes |Gleizes]], [[Marcel Duchamp|Duchamp]], [[Jean Metzinger|Metzinger]], [[Francis Picabia]]), l’exposition réunit une trentaine de peintres et sculpteurs dont [[Pierre Dumont]], [[Alexander Archipenko]], [[Tobeen|Félix Tobeen]], [[André Lhote]], [[Roger de La Fresnaye]], [[Louis Marcoussis]], [[André Mare]], [[Irène Reno]] et [[František Kupka]], qui est inscrit in extremis par un des plus jeunes participants, [[Henry Valensi]], à la fois exposant et « secrétaire » de l'exposition<ref>[http://www.aaa.si.edu/collections/viewer/exhibit-catalog-salon-de-la-section-dor-15197 ''Exhibit catalog for Salon de La Section d'or'', 1912, Walter Pach Papers, Archives of American Art, Smithsonian Institution].</ref>. [[Robert Delaunay]], qui avait la même année déjà exposé ses nouvelles toiles à la [[galerie Barbazanges]] avec [[Marie Laurencin]], soucieux d’éviter les étiquettes, ne participe pas à ce Salon de la Section d'or de 1912<ref name="Debray, Lucbert" />.


Les œuvres présentées se distinguent par l’intégration de la couleur, du dynamisme et d'un « [[simultanéisme]] » que [[Sonia Delaunay]] développera avec Robert Delaunay en peinture, mode, art décoratif. C’est le deuxième jour de l'exposition qu’Apollinaire donne sous le titre de « Cubisme Écartelé » une conférence dans laquelle il distingue le cubisme scientifique du cubisme orphique. Il ménage ainsi les susceptibilités, notamment celle du collectionneur et marchand d’art allemand [[Daniel-Henry Kahnweiler]], promoteur de Picasso et de Braque (et plus globalement du cubisme analytique et synthétique), qui est aussi l’éditeur de son ''Enchanteur pourrissant''<ref name="Debray, Lucbert" />.
Les œuvres présentées se distinguent par l’intégration de la couleur, du dynamisme et d'un « [[simultanéisme]] » que [[Sonia Delaunay]] développera avec Robert Delaunay en peinture, mode et art décoratif. C’est le deuxième jour de l'exposition qu’Apollinaire donne, sous le titre de « Cubisme écartelé », une conférence dans laquelle il distingue le cubisme scientifique du cubisme orphique. Il ménage ainsi les susceptibilités, notamment celle du collectionneur et marchand d’art allemand, [[Daniel-Henry Kahnweiler]], promoteur de Picasso et de Braque (et plus globalement du [[cubisme analytique]] et [[cubisme synthétique |synthétique]]), qui est aussi l’éditeur de son ''[[L'Enchanteur pourrissant|Enchanteur pourrissant]]''<ref name="Debray, Lucbert" />.


== Quelques membres du groupe de Puteaux ==
== Quelques membres du groupe de Puteaux ==
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* [[Guillaume Apollinaire]] (1880-1918), français
* [[Guillaume Apollinaire]] (1880-1918), français
* [[Robert Delaunay]] (1885-1941), français
* [[Robert Delaunay]] (1885-1941), français
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* [[Albert Gleizes]] (1881-1953), français
* [[Albert Gleizes]] (1881-1953), français
* [[František Kupka]] (1871-1957), tchèque
* [[František Kupka]] (1871-1957), tchèque
* [[Sonia Lewitska]] (1880-1937), ukrainienne
* [[Henri Le Fauconnier]] (1881-1946), français
* [[Henri Le Fauconnier]] (1881-1946), français
* [[Fernand Léger]] (1881-1955), français
* [[Fernand Léger]] (1881-1955), français
* [[Louis Marcoussis]] (1878-1941), polonais
* [[Louis Marcoussis]] (1878-1941), polonais
* [[André Mare]] (1885-1932), français
* [[Jean Metzinger]] (1883-1956), français
* [[Jean Metzinger]] (1883-1956), français
* [[Francis Picabia]] (1879-1953), franco-espagnol
* [[Francis Picabia]] (1879-1953), franco-espagnol
* [[Georges Ribemont-Dessaignes]] (1884-1974), français
* [[Georges Ribemont-Dessaignes]] (1884-1974), français
* [[Paul Vera]] (1882-1957), peintre et décorateur français
* [[Alcide Le Beau]] (1873-1943), français
* [[Jacques Villon]] (1875-1963), français
* [[Jacques Villon]] (1875-1963), français
* [[Alexander Calder]] (1898-1976), américain
* [[Jeanne Rij-Rousseau]] (1870-1956), français
* [[Jeanne Rij-Rousseau]] (1870-1956), français
* [[Léopold Survage]] (1879-1968), français
* [[Léopold Survage]] (1879-1968), français
* [[Henry Valensi]] (1883-1960)
* [[Henry Valensi]] (1883-1960), français
* [[Irène Reno]] (1884-1953), française
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* [[art moderne]]
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* [[cubisme]]
* [[cubisme]]
* [[Salon de la Section d'Or]]


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Dernière version du 16 mai 2024 à 10:06

Numéro spécial consacré à l'Exposition de la Section d'or, première année, no 1, 9 octobre 1912.

Le groupe de Puteaux ou Section d'or sont les noms donnés à un groupe d’artistes et de critiques étroitement liés au cubisme, mais se plaçant dans une approche « post-cubiste ».

Le groupe s’est constitué vers 1911 à l’occasion de réunions régulières de peintres, poètes et mathématiciens chez les Duchamp, qui habitaient une petite maison à Puteaux, situé dans la banlieue ouest de Paris[1].

Les salons de la Section d'or perdurèrent jusqu'en 1925.

Le groupe de Puteaux a adopté ce nom afin de se distinguer de la définition plus étroite du cubisme développé en parallèle par Picasso et Braque à Montmartre.

Marcel Duchamp était féru de sciences et de mathématiques, et tous ses amis, entre autres Gleizes, Kupka, Léger, Metzinger, Picabia, Henry Valensi, Auguste Perret, Salmon, Apollinaire, et Maurice Princet (le « mathématicien du cubisme ») rêvaient de transformer le monde à partir des découvertes « einsteiniennes » tournant autour du nombre d'or.

Tous réussirent en 1912 une grande exposition hors marché et sans intermédiaire, connue aujourd'hui encore sous l'appellation Salon de la Section d'Or. Valensi était secrétaire de l'aventure et, sur les conseils éclairés de Jacques Villon et de Marcel Duchamp, son frère, il a farouchement tenu éloigné de l'organisation les agents et galeristes, « incapables de comprendre à quoi nous touchons avec notre Art ».

La Section d'or était une sorte de cri, à la fois de révolte et d'espoir, lancé à la face du monde qui ne semblait pas encore prêt à rassembler art et science…

Aujourd'hui encore, peu de gens connaissent les tenants et aboutissants véritables de la démarche qui impulsa ce Salon où, pour la première fois, Duchamp accrocha son Nu descendant un escalier, qui avait été refusé en février par le comité du Salon des indépendants qui devait ouvrir en mars 1912[2] (dont il était pourtant membre…).

De 1911 à 1914, Jacques Villon réunit dans son atelier, rue Lemaître à Puteaux, André Salmon, Apollinaire, Maurice Princet et des artistes hétéroclites qui revendiquent la singularité de leur démarche : « Là où le cubisme déracine, la Section d’or enracine » (Villon). Bien que partis du cubisme orthodoxe, ils élaborent, sous l’influence d'André Lhote, un système de défense stipulant une recherche de l’harmonie et des formes idéales régies par le principe du nombre d'or de la Renaissance, d’où l'appellation « Section d’or » : le groupe prit aussi l'initiative d'organiser le Salon de la Section d'Or en 1912, appellation suggérée à Duchamp-Villon par le Traité de la peinture de Léonard de Vinci.

En pratique, la plupart des peintres s'intéressent à la géométrie non euclidienne ; ce principe est appliqué de façon plus instinctive que mathématique. Artistes soucieux de s'inscrire dans la modernité, ils s'entretiennent d’art africain, de la quatrième dimension, de géométrie non euclidienne, de futurisme, et des recherches chronophotographiques d'Étienne-Jules Marey et de Eadweard Muybridge. La philosophie du groupe est une tentative de contrôler scientifiquement la peinture et les découvertes de Picasso et de Braque par le truchement des techniques classiques de composition, dites des « tracés régulateurs[3] ».

Le caractère intellectuel de leur démarche séduit, en 1912, l’orthodoxe Juan Gris. Il fut sans doute pour ces « cubisteurs », avec Metzinger et Apollinaire, un agent d’informations précieux sur les pratiques des Montmartrois. À la suite du refus d'une œuvre de Marcel Duchamp, Nu descendant un escalier (N°2) au Salon des indépendants, et dynamisés par le scandale que provoque l’exposition des peintres futuristes à la galerie Bernheim-Jeune en , ils décident de créer un premier salon et envahissent le vaste espace de la galerie La Boétie en pour révéler les nouvelles directives du mouvement[2].

La Section d'Or, 1925, galerie Vavin-Raspail, Paris : œuvres d'Albert Gleizes, Portrait de l’éditeur Eugène Figuière, La Chasse, Les Baigneuses ; Robert Delaunay et André Lhote.

En plus des fondateurs (Gleizes, Duchamp, Metzinger, Francis Picabia), l’exposition réunit une trentaine de peintres et sculpteurs dont Pierre Dumont, Alexander Archipenko, Félix Tobeen, André Lhote, Roger de La Fresnaye, Louis Marcoussis, André Mare, Irène Reno et František Kupka, qui est inscrit in extremis par un des plus jeunes participants, Henry Valensi, à la fois exposant et « secrétaire » de l'exposition[4]. Robert Delaunay, qui avait la même année déjà exposé ses nouvelles toiles à la galerie Barbazanges avec Marie Laurencin, soucieux d’éviter les étiquettes, ne participe pas à ce Salon de la Section d'or de 1912[2].

Les œuvres présentées se distinguent par l’intégration de la couleur, du dynamisme et d'un « simultanéisme » que Sonia Delaunay développera avec Robert Delaunay en peinture, mode et art décoratif. C’est le deuxième jour de l'exposition qu’Apollinaire donne, sous le titre de « Cubisme écartelé », une conférence dans laquelle il distingue le cubisme scientifique du cubisme orphique. Il ménage ainsi les susceptibilités, notamment celle du collectionneur et marchand d’art allemand, Daniel-Henry Kahnweiler, promoteur de Picasso et de Braque (et plus globalement du cubisme analytique et synthétique), qui est aussi l’éditeur de son Enchanteur pourrissant[2].

Quelques membres du groupe de Puteaux

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Notes et références

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  1. Le Salon de la Section d'Or, Octobre 1912, Mediation Centre Pompidou.
  2. a b c et d Cécile Debray et Françoise Lucbert, La Section d'or, 1912-1920-1925, musées de Châteauroux, musée Fabre, catalogue de l'exposition, Éditions Cercle d'art, Paris, 2000.
  3. « Jeunes Peintres ne vous frappez pas ! », La Section d’Or, numéro spécial consacré à l’Exposition de la Section d’Or, première année, no 1, 9 octobre 1912, p. 1-2.
  4. Exhibit catalog for Salon de La Section d'or, 1912, Walter Pach Papers, Archives of American Art, Smithsonian Institution.

Articles connexes

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