Aller au contenu

« Biscuiterie Jeannette » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Hyppocastanum (discuter | contributions)
compléments.
Hyppocastanum (discuter | contributions)
Ligne 44 : Ligne 44 :


=== Origines (1850-1927) ===
=== Origines (1850-1927) ===
A partir du [[Second Empire]] et avec l'arrivée du [[chemin de fer]], la Normandie voit arriver les [[Villégiature|villégiaturistes]] qui s'adonnent aux bains de mer sur le littoral et se retrouvent à l'heure du thé autour de boissons chaudes, agrémentées de biscuits locaux dont le plus populaire est le [[Sablé (biscuit)|sablé]] normand. Cette pâtisserie, qui a l'avantage de se conserver plusieurs semaines, apparaît dans les devantures des boulangeries et des épiceries ou autres petits commerces de bouche qui explosent à la fin du {{S|XIX}}. Sa fabrication est artisanale et se fait en ateliers avec quelques ouvriers. L'une des biscuiteries les plus anciennes du Calvados est la Biscuiterie normande, créée en 1850 à [[Caen]] par Pierre Mollier, qui se spécialise dans la fabrication haut de gamme avec des matières premières provenant de [[Normandie]]. Outre des sablés, elle fabrique des [[Petit four|petits fours]], des biscuits secs dits {{Citation|biscuits de Reims}} et des [[Biscuit à la cuillère|biscuits à la cuiller]] appelés {{Citation|biscuits Duchesse}}. Sa renommée est grande, la qualité de ses produits étant reconnue aux concours agricoles et culinaires de Cherbourg (1886), Saint-Lô (1882), Caen (1883), Le Havre (1887) et même de Paris (médaille de bronze dès 1880). En 1899, Pierre Mollier s'adresse à un artiste pour assurer la promotion de sa production : Georges Lefèvre, qui deviendra peintre de renom dans l'art de l'affiche sous le nom de Geo Lefèvre (1876-1953). La biscuiterie reçoit la médaille d’argent durant l’[[Exposition universelle de 1900|Exposition universelle de Paris en 1900]]. En ce début du {{S|XX}}, la biscuiterie, qui a étendu sa clientèle à toute la France, industrialise ses procédés de fabrication. Mais cet essor se trouve interrompu par la [[Première Guerre mondiale]] avec la pénurie de main-d'œuvre masculine et les mesures de restrictions alimentaires. Pour ravitailler les armées au front, la biscuiterie change de gamme et se voit contrainte d'importer de la farine de riz et de manioc. Elle survit avec deux ouvriers suisses et une dizaine d'employées femmes. A la fin de la guerre, en 1918, Pierre Mollier vend ses secrets de fabrication à un ancien banquier, Albert Boissel, qui décide de se reconvertir dans la biscuiterie dont il pressent l'importance économique. L'entreprise, implantée à [[Ifs]], garde un caractère familial mais devient rapidement florissante au point qu'en 1925 Albert Boissel engage un associé pour le seconder, un jeune cherbourgeois dénommé Lucien Jeannette. Deux ans plus tard, Lucien Jeannette rachète les parts de ses associés et rebaptise la biscuiterie du nom de Biscuiterie moderne du Calvados<ref>[https://www.ouest-france.fr/normandie/caen-14000/mollier-994606 Mollier]</ref>, qui deviendra par la suite Biscuiterie Jeannette<ref>{{Ouvrage|auteur1=Annie Fettu|titre=Biscuiterie Jeannette depuis 1850, 160 ans de souvenirs|lieu=Cully|éditeur=OREP Editions|année=2010|pages totales=111|passage=10-11, 19, 21, 23|isbn=978-2-8151-0035-9}}</ref>.
A partir du [[Second Empire]] et avec l'arrivée du [[chemin de fer]], la Normandie voit arriver les [[Villégiature|villégiaturistes]] qui s'adonnent aux bains de mer sur le littoral et se retrouvent à l'heure du thé autour de boissons chaudes, agrémentées de biscuits locaux dont le plus populaire est le [[Sablé (biscuit)|sablé]] normand. Cette pâtisserie, qui a l'avantage de se conserver plusieurs semaines, apparaît dans les devantures des boulangeries et des épiceries ou autres petits commerces de bouche qui explosent à la fin du {{S|XIX}}. Sa fabrication est artisanale et se fait en ateliers avec quelques ouvriers. L'une des biscuiteries les plus anciennes du Calvados est la Biscuiterie normande, créée en 1850 à [[Caen]] par Pierre Mollier, qui se spécialise dans la fabrication haut de gamme avec des matières premières provenant de [[Normandie]]. Outre des sablés, elle fabrique des [[Petit four|petits fours]], des biscuits secs dits {{Citation|biscuits de Reims}} et des [[Biscuit à la cuillère|biscuits à la cuiller]] appelés {{Citation|biscuits Duchesse}}. Sa renommée est grande, la qualité de ses produits étant reconnue aux concours agricoles et culinaires de Cherbourg (1886), Saint-Lô (1882), Caen (1883), Le Havre (1887) et même de Paris (médaille de bronze dès 1880). En 1899, Pierre Mollier s'adresse à un artiste pour assurer la promotion de sa production : Georges Lefèvre, qui deviendra peintre de renom dans l'art de l'affiche sous le nom de Geo Lefèvre (1876-1953). La biscuiterie reçoit la médaille d’argent durant l’[[Exposition universelle de 1900|Exposition universelle de Paris en 1900]]. En ce début du {{S|XX}}, la biscuiterie, qui a étendu sa clientèle à toute la France, industrialise ses procédés de fabrication. Mais cet essor se trouve interrompu par la [[Première Guerre mondiale]] avec la pénurie de main-d'œuvre masculine et les mesures de restrictions alimentaires. Pour ravitailler les armées au front, la biscuiterie change de gamme et se voit contrainte d'importer de la farine de riz et de manioc. Elle survit avec deux ouvriers suisses et une dizaine d'employées femmes. A la fin de la guerre, en 1918, Pierre Mollier vend ses secrets de fabrication à un ancien banquier, Albert Boissel, qui décide de se reconvertir dans la biscuiterie dont il pressent l'importance économique. L'entreprise, implantée à [[Ifs]], garde un caractère familial mais devient rapidement florissante au point qu'en 1925 Albert Boissel engage un associé pour le seconder, un jeune cherbourgeois dénommé Lucien Jeannette. Deux ans plus tard, Lucien Jeannette rachète les parts de ses associés et rebaptise la biscuiterie du nom de Biscuiterie moderne du Calvados<ref>[https://www.ouest-france.fr/normandie/caen-14000/mollier-994606 Mollier]</ref>, qui deviendra par la suite Biscuiterie Jeannette<ref name=":1">{{Ouvrage|auteur1=Annie Fettu|titre=Biscuiterie Jeannette depuis 1850, 160 ans de souvenirs|lieu=Cully|éditeur=OREP Editions|année=2010|pages totales=111|passage=10-11, 19, 21, 23, 29,32, 37, 46-47|isbn=978-2-8151-0035-9}}</ref>.


=== Epoque Jeannette (1927-1951) ===
=== Epoque Jeannette (1927-1951) ===
Les premières années, soucieux de fidéliser la clientèle, Lucien Jeannette continue de vendre des biscuits estampillés {{Citation|Mollier}} dont l'établissement a reçu en 1911 la médaille d'or de Paris. Le développement de l'entreprise est rapide, si bien qu'en 1930 Lucien Jeannette [[Droit des marques|dépose la marque]] « Galette de Caen » commercialisées dans des boites en [[fer-blanc]] pour biscuits qui feront le bonheur des [[Boxoferrophilie|boxoferrophilistes]]<ref>[http://www.interencheres.com/medias/h/c/a/a/b/7/e/f/8/a/c/caab7ef8ac631139b46dc1fd3e658c63bb284cae5029ed27679d3ce176661a39.pdf Liquidation judiciaire SAS BISCUITERIE JEANNETTE 1850]</ref>.
Les premières années, soucieux de fidéliser la clientèle, Lucien Jeannette continue de vendre des biscuits estampillés {{Citation|Mollier}} dont l'établissement a reçu en 1911 la médaille d'or de Paris<ref name=":1" />. Le développement de l'entreprise est rapide, si bien qu'en 1930 Lucien Jeannette [[Droit des marques|dépose la marque]] « Galette de Caen » commercialisées dans des boites en [[fer-blanc]] pour biscuits qui feront le bonheur des [[Boxoferrophilie|boxoferrophilistes]]<ref>[http://www.interencheres.com/medias/h/c/a/a/b/7/e/f/8/a/c/caab7ef8ac631139b46dc1fd3e658c63bb284cae5029ed27679d3ce176661a39.pdf Liquidation judiciaire SAS BISCUITERIE JEANNETTE 1850]</ref>. Lucien Jeannette recrute des voyageurs de commerce qui prospectent les villes de la moitié nord de la France et il installe deux dépôts de vente dans la région parisienne, l'un à [[Gentilly (Val-de-Marne)|Gentilly]] et l'autre à [[Bécon-les-Bruyères]].


Malgré la crise des [[années 1930]], Lucien Jeannette décide de se lancer dans la production de [[Madeleine (cuisine)|madeleines]], qui était jusque-là une spécialité [[lorraine]]. La pénurie de denrées de première nécessité (œufs, farine, beurre) oblige la production à s’adapter et lors de l'[[Bataille de France|invasion de la France par l'Allemagne]] l'entreprise distribue des biscuits aux réfugiés et Lucien Jeannette s'engage en tant que [[brancardier]]. L'[[Occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale|occupation de la France par l'Allemagne]] sera également une épreuve douloureuse pour la biscuiterie.
Malgré la crise des [[années 1930]], Lucien Jeannette décide de se lancer dans la production de [[Madeleine (cuisine)|madeleines]], qui était jusque-là une spécialité [[lorraine]] de [[Commercy]]. L'introduction de cette pâtisserie de la ligne {{Citation|pâte jaune}} est {{Citation|une véritable innovation}} en Normandie<ref name=":1" />.

La pénurie de denrées de première nécessité (œufs, farine, beurre) oblige la production à s’adapter lors de l'[[Bataille de France|invasion de la France par l'Allemagne]], bien que le département du Calvados soit le principal pourvoyeur des matières premières. Le préfet rappelle aux habitants dans une note du {{Date-|23 juin 1941}} que {{Citation|bien qu'ils se trouvent dans une région de production, ne sauraient se soustraire au devoir de solidarité nationale, en vertu duquel chacun doit obtenir la même part des ressources disponibles}}<ref>cité dans l'ouvrage d'Annie Fettu, p. 35.</ref>. L'entreprise, réduite à utiliser des [[ersatz]] telle la [[caséine]], sous-produit du beurre, distribue des biscuits aux réfugiés. L'[[Occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale|occupation de la France par l'Allemagne]] sera également une épreuve douloureuse pour la biscuiterie. Victime des bombardements alliés, l'usine est sinistrée à 25%. Les Allemands la pillent en juin 1944. Elle cesse toute activité et Lucien Jeannette s'engage en tant que [[brancardier]], transformant la camionnette de l'entreprise en poste sanitaire. L'affaire ne peut reprendre qu'en janvier 1945 et le matériel est remplacé dans les deux années : batteur-mélangeur et rotative à mouler les biscuits en 1947, machine à empaqueter en 1949. Lucien Jeannette devient actionnaire du moulin de Bully et en 1950, il commercialise de nouveau avec succès des madeleines ainsi que la {{Citation|galette de Caen}} et le {{Citation|Petit Normandy}} dont il avait de nouveau déposé la marque en juin 1945. Ces produits phares sont présentés lors de l'exposition commerciale qui se tient à Caen en 1951. Usé et n'ayant pas d'héritier, il vend son usine et les deux marques de fabrique à Eugène Vinchon qui constitue une SARL avec ses fils Raymond et Jean le {{Date-|21 octobre 1951}}, le jour même de la cession. La Biscuiterie Moderne du Calvados devient alors la Biscuiterie Jeannette<ref name=":1" />.


=== Epoque Vinchon (1951-1986) ===
=== Epoque Vinchon (1951-1986) ===
[[Seconde Guerre mondiale|Après la guerre]] les affaires reprennent et Lucien Jeannette décide en 1951 les frères Raymond et Jean Vinchon, qui se lancent dans la production industrielle des madeleines permettant à l'entreprise de se développer rapidement, en passant des accords de distribution avec les [[Supermarché|grandes surfaces]] et à l'[[exportation]]. L'entreprise passe ainsi de 15 salariés en 1950 à 240 en 1985 et la biscuiterie devient un sujet d’intérêt pour les [[multinationale]]s.
Les frères Raymond et Jean Vinchon se lancent dans la production industrielle des madeleines permettant à l'entreprise de se développer rapidement, en passant des accords de distribution avec les [[Supermarché|grandes surfaces]] et à l'[[exportation]]. L'entreprise passe ainsi de 15 salariés en 1950 à 240 en 1985 et la biscuiterie devient un sujet d’intérêt pour les [[multinationale]]s.


=== Cession au groupe Gringoire-Brossard (1986-1994) ===
=== Cession au groupe Gringoire-Brossard (1986-1994) ===

Version du 1 janvier 2024 à 21:52

Jeannette 1850
Création 1850 à Caen
Dates clés 1925 : Association Lucien Jeannette, Pierre Mollier et Albert Boissel
1986 : achat par Gringoire-Brossard
2013 : liquidation judiciaire
2015 : Financement participatif
Fondateurs Pierre Mollier
Personnages clés Lucien Jeannette
Georges Viana
Forme juridique Société par actions simplifiée
Siège social Colombelles
Drapeau de la France France
Direction André Réol (depuis le 19 octobre 2019)
Activité Fabrication de biscuits, biscottes et pâtisseries de conservation
Produits Madeleines
Effectif 25 environ[1]
SIREN 809603418Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web https://www.jeannette1850.com

Chiffre d'affaires 3 529 600 € (2022)

Biscuiterie Jeannette est une marque commerciale de la société Jeannette 1850 entreprise de l'industrie agroalimentaire française, spécialisée dans les madeleines, originaire de Caen dans le département du Calvados.

Situation

Depuis le , le siège social du groupe est situé au 23, avenue du Pays de Caen à Colombelles dans le département du Calvados. L'entreprise détient un établissement secondaire au Clos Neuf à Démouville[2].

Histoire

Origines (1850-1927)

A partir du Second Empire et avec l'arrivée du chemin de fer, la Normandie voit arriver les villégiaturistes qui s'adonnent aux bains de mer sur le littoral et se retrouvent à l'heure du thé autour de boissons chaudes, agrémentées de biscuits locaux dont le plus populaire est le sablé normand. Cette pâtisserie, qui a l'avantage de se conserver plusieurs semaines, apparaît dans les devantures des boulangeries et des épiceries ou autres petits commerces de bouche qui explosent à la fin du XIXe siècle. Sa fabrication est artisanale et se fait en ateliers avec quelques ouvriers. L'une des biscuiteries les plus anciennes du Calvados est la Biscuiterie normande, créée en 1850 à Caen par Pierre Mollier, qui se spécialise dans la fabrication haut de gamme avec des matières premières provenant de Normandie. Outre des sablés, elle fabrique des petits fours, des biscuits secs dits « biscuits de Reims » et des biscuits à la cuiller appelés « biscuits Duchesse ». Sa renommée est grande, la qualité de ses produits étant reconnue aux concours agricoles et culinaires de Cherbourg (1886), Saint-Lô (1882), Caen (1883), Le Havre (1887) et même de Paris (médaille de bronze dès 1880). En 1899, Pierre Mollier s'adresse à un artiste pour assurer la promotion de sa production : Georges Lefèvre, qui deviendra peintre de renom dans l'art de l'affiche sous le nom de Geo Lefèvre (1876-1953). La biscuiterie reçoit la médaille d’argent durant l’Exposition universelle de Paris en 1900. En ce début du XXe siècle, la biscuiterie, qui a étendu sa clientèle à toute la France, industrialise ses procédés de fabrication. Mais cet essor se trouve interrompu par la Première Guerre mondiale avec la pénurie de main-d'œuvre masculine et les mesures de restrictions alimentaires. Pour ravitailler les armées au front, la biscuiterie change de gamme et se voit contrainte d'importer de la farine de riz et de manioc. Elle survit avec deux ouvriers suisses et une dizaine d'employées femmes. A la fin de la guerre, en 1918, Pierre Mollier vend ses secrets de fabrication à un ancien banquier, Albert Boissel, qui décide de se reconvertir dans la biscuiterie dont il pressent l'importance économique. L'entreprise, implantée à Ifs, garde un caractère familial mais devient rapidement florissante au point qu'en 1925 Albert Boissel engage un associé pour le seconder, un jeune cherbourgeois dénommé Lucien Jeannette. Deux ans plus tard, Lucien Jeannette rachète les parts de ses associés et rebaptise la biscuiterie du nom de Biscuiterie moderne du Calvados[3], qui deviendra par la suite Biscuiterie Jeannette[4].

Epoque Jeannette (1927-1951)

Les premières années, soucieux de fidéliser la clientèle, Lucien Jeannette continue de vendre des biscuits estampillés « Mollier » dont l'établissement a reçu en 1911 la médaille d'or de Paris[4]. Le développement de l'entreprise est rapide, si bien qu'en 1930 Lucien Jeannette dépose la marque « Galette de Caen » commercialisées dans des boites en fer-blanc pour biscuits qui feront le bonheur des boxoferrophilistes[5]. Lucien Jeannette recrute des voyageurs de commerce qui prospectent les villes de la moitié nord de la France et il installe deux dépôts de vente dans la région parisienne, l'un à Gentilly et l'autre à Bécon-les-Bruyères.

Malgré la crise des années 1930, Lucien Jeannette décide de se lancer dans la production de madeleines, qui était jusque-là une spécialité lorraine de Commercy. L'introduction de cette pâtisserie de la ligne « pâte jaune » est « une véritable innovation » en Normandie[4].

La pénurie de denrées de première nécessité (œufs, farine, beurre) oblige la production à s’adapter lors de l'invasion de la France par l'Allemagne, bien que le département du Calvados soit le principal pourvoyeur des matières premières. Le préfet rappelle aux habitants dans une note du que « bien qu'ils se trouvent dans une région de production, ne sauraient se soustraire au devoir de solidarité nationale, en vertu duquel chacun doit obtenir la même part des ressources disponibles »[6]. L'entreprise, réduite à utiliser des ersatz telle la caséine, sous-produit du beurre, distribue des biscuits aux réfugiés. L'occupation de la France par l'Allemagne sera également une épreuve douloureuse pour la biscuiterie. Victime des bombardements alliés, l'usine est sinistrée à 25%. Les Allemands la pillent en juin 1944. Elle cesse toute activité et Lucien Jeannette s'engage en tant que brancardier, transformant la camionnette de l'entreprise en poste sanitaire. L'affaire ne peut reprendre qu'en janvier 1945 et le matériel est remplacé dans les deux années : batteur-mélangeur et rotative à mouler les biscuits en 1947, machine à empaqueter en 1949. Lucien Jeannette devient actionnaire du moulin de Bully et en 1950, il commercialise de nouveau avec succès des madeleines ainsi que la « galette de Caen » et le « Petit Normandy » dont il avait de nouveau déposé la marque en juin 1945. Ces produits phares sont présentés lors de l'exposition commerciale qui se tient à Caen en 1951. Usé et n'ayant pas d'héritier, il vend son usine et les deux marques de fabrique à Eugène Vinchon qui constitue une SARL avec ses fils Raymond et Jean le , le jour même de la cession. La Biscuiterie Moderne du Calvados devient alors la Biscuiterie Jeannette[4].

Epoque Vinchon (1951-1986)

Les frères Raymond et Jean Vinchon se lancent dans la production industrielle des madeleines permettant à l'entreprise de se développer rapidement, en passant des accords de distribution avec les grandes surfaces et à l'exportation. L'entreprise passe ainsi de 15 salariés en 1950 à 240 en 1985 et la biscuiterie devient un sujet d’intérêt pour les multinationales.

Cession au groupe Gringoire-Brossard (1986-1994)

Ainsi en 1986, la Biscuiterie Jeannette est achetée par la société Gringoire-Brossard afin de consolider sa position de leader sur le marché de la pâtisserie. En raison de la forte concurrence sur les marchés, plus de la moitié des effectifs de la Biscuiterie Jeannette sera licenciée en 1992.

Deux décennies d'incertitude (1994-2014)

Après avoir déposé le bilan plusieurs fois entre 1997 et 2011[7], elle est reprise en avril 2012 par le fonds d'investissement falaisien LCG[8],[9] ; la biscuiterie Jeannette est mise, pour la 5e fois, en liquidation judiciaire l'année suivante.

La renaissance de Jeannette ( depuis 2014)

En 2014, après plusieurs mois de lutte, les salariés de la biscuiterie avec l'aide et les conseils de militants de l'Union Locale CGT de Caen, décident d’occuper les locaux. En novembre de la même année, un homme d'affaires franco-portugais, Georges Viana, spécialiste dans les projets de reprises difficiles d’entreprises, reprend la biscuiterie Jeannette avec l'aide d'un financement participatif[10].
En 2015 les madeleines Jeannette, fabriquées à Démouville, font leur apparition sur la Foire de Caen[11]. En novembre de la même année, la biscuiterie ouvre une boutique de vente en ligne sur son site Internet[12].

Le , la biscuiterie ouvre son nouveau magasin d'usine à Colombelles où elle a installé une deuxième entreprise fin 2017. Grâce à l'acquisition d'un nouveau four, elle double sa production journalière qui passe à 2 tonnes quotidiennes, l'objectif étant d'atteindre 5 tonnes en 2021[13].

La croissance du chiffre d'affaires de l'ordre de 30 % est fragilisée par le mouvement des Gilets jaunes dont certains participants occupent le rond-point proche du Lazzaro, occasionnant pendant plusieurs mois une baisse de la fréquentation du magasin estimée à 70 %[14].

Le , la biscuiterie annonce le retrait de Georges Viana, qui avait permis la renaissance de l'entreprise. Lui succède André Réol, un Caennais déjà actionnaire minoritaire (25 %) et propriétaire des murs de la biscuiterie, qui rachète 51 % des parts de son prédécesseur. Afin d'assurer la survie de l'entreprise, André Réol prévoit de développer l'exportation des madeleines et de recruter un directeur commercial chargé d'atteindre cet objectif[14],[15]. Le nouveau patron a investi environ 2 millions d'euros pour relancer l'entreprise[16].

Savoir-faire et distinctions

Le , la biscuiterie Jeannette a reçu le label d'État Entreprise du patrimoine vivant[17].

Depuis sa reprise, l'entreprise s'est lancée dans de nouvelles recettes avec la participation bénévole de Philippe Parc, Meilleur Ouvrier de France et Champion du monde des Métiers du dessert[18].

En 2017, à l'occasion de la sortie de sa madeleine bio, la biscuiterie a reçu des consommateurs le trophée « Meilleur produit France de l'année 2017-2018 »[19].

La biscuiterie Jeannette est présente dans les allées du Salon international de l'agriculture depuis 2017[20]. A l'occasion de l'édition 2019 de cette manifestation, elle a lancé une gamme de madeleines sans gluten[21].

Bibliographie

Annie Fettu, Biscuiterie Jeannette depuis 1850, 160 ans de souvenirs, OREP Editions, Cully, 2010.

Liens externes

Notes, sources et références

  1. L'équipe
  2. « SAS JEANNETTE 1850 (COLOMBELLES) Chiffre d'affaires, résultat, bilans sur SOCIETE.COM - 809603418 », sur www.societe.com (consulté le )
  3. Mollier
  4. a b c et d Annie Fettu, Biscuiterie Jeannette depuis 1850, 160 ans de souvenirs, Cully, OREP Editions, , 111 p. (ISBN 978-2-8151-0035-9), p. 10-11, 19, 21, 23, 29,32, 37, 46-47
  5. Liquidation judiciaire SAS BISCUITERIE JEANNETTE 1850
  6. cité dans l'ouvrage d'Annie Fettu, p. 35.
  7. Caen : La biscuiterie Jeannette en liquidation judiciaire
  8. La biscuiterie Jeannette en liquidation judiciaire
  9. Biscuiterie Jeannette reprise par la société d'investissement LGC
  10. Georges Viana, l'heureux repreneur de la biscuiterie Jeannette
  11. Biscuiterie Jeannette, à Caen. Après le combat, le renouveau ! Les premières madeleines
  12. « Vente en ligne : c'est parti ! », sur www.jeannette1850.com (consulté le )
  13. « Un nouveau magasin pour les madeleines Jeannette, près de Caen », sur actu.fr (consulté le )
  14. a et b « Changement de patron à la biscuiterie Jeannette 1850 », sur France 3 Normandie (consulté le )
  15. « Madeleines Jeannette, près de Caen : le nouveau patron va investir 2 millions d’euros », sur actu.fr (consulté le )
  16. Pinel, « Les madeleines Jeannette, de la survie à la reconquête », sur leparisien.fr, (consulté le )
  17. « Biscuiterie Jeannette 1850 | Label EPV, Entreprise du Patrimoine Vivant », sur www.patrimoine-vivant.com (consulté le )
  18. « La Reprise de Jeannette 1850 - SAS Jeannette 1850 », sur www.jeannette1850.com (consulté le )
  19. « Fabriquées près de Caen, des madeleines Jeannette élues meilleur goûter de l'année France 2017-2018 », sur actu.fr (consulté le )
  20. Ouest-France, « Jeannette pour la première fois au Salon de l’agriculture », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  21. « Près de Caen, la biscuiterie Jeannette lance les madeleines sans gluten pour le Salon de l'agriculture », sur actu.fr (consulté le )