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Hastocularidae

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Tetrophthalmi
Description de cette image, également commentée ci-après
Reconstitution de l'espèce Hastocularis argus :
vues dorsale, latérale, ventrale et perspective antérolatérale.
Classification
Règne Animalia
Embranchement Arthropoda
Sous-embr. Chelicerata
Classe Arachnida
Ordre Opiliones

Sous-ordre

Tetrophthalmi
Garwood & Sharma, 2014

Tetrophthalmi est un sous-ordre disparu d'opilions (faucheux) qui possédait quatre yeux. Elle a été décrite en 2014 à partir de deux espèces éteintes. L'analyse phylogénétique suggère que ces quatre yeux est un caractère ancestral pour les opilions, ce qui placerait les Tetrophthalmi et les Cyphophthalmi à la base des Opiliones.

Histoire et classification

Au début des années 1980, un minuscule opilion fossile a été découvert dans le Lagerstätte de Montceau-les-Mines, dans l'est de la France. Ce fossile n'a pas été étudié pendant plus de trente ans, jusqu'à ce que le paléontologue Russell Garwood invente une technique pour analyser de tels spécimens par tomodensitométrie. En 2014, une équipe sous sa direction a identifié le fossile comme une nouvelle espèce, Hastocularis argus. Selon leur analyse, cet opilion est mort enfoui il y a environ 305 million d'années. Avant sa décomposition, son corps a été couvert de sidérite, qui a formé autour de lui une concrétion protectrice. Après sa disparition, son corps a laissé un vide de la forme exacte de son exosquelette[1].

La tomodensitométrie a révélé qu’Hastocularis argus avait deux paires d'yeux — une au milieu de la tête et l'autre sur le côté, sur les glandes odorantes. Grâce à une analyse comparative de 158 traits morphologiques, Garwood et son équipe ont déterminé qu’H. argus était étroitement apparenté à l'espèce Eophalangium sheari[1]. Ces deux espèces elles-mêmes sont moins proches des 270 autres espèces de faucheux étudiées. L'équipe a déterminé qu’H. argus and E. sheari partageaient des caractères qui les distinguaient des autres faucheux : deux paires d'yeux, un gonostome ouvert (une partie de leur système reproducteur) et des parties génitales mâles externes. Les deux espèces ont donc été classées dans un nouveau sous-ordre, celui des Tetrophthalmi[2].

Hastocularis argus et le nouveau sous-ordre des Tetrophthalmi aident à expliquer le développement des yeux des arachnides. Cette classification aide aussi à clarifier à quel moment les faucheux à yeux latéraux et ceux à yeux frontaux se sont séparés en deux clades distincts[1].

Phylogénie

Arbre phylogénétique des Opiliones.

Dans l'arbre phylogénétique de Garwood et al., la base des Opiliones se divise entre les « Phalangida » et les Cyphophthalmi. La branche des Cyphophthalmi se divise ensuite entre les Cyphophthalmi proprement dits et les Tetrophthalmi, tandis que les Phalangida se divisent entre les Laniatores et les « Palpatores ». Les Palpatores se divisent finalement entre les Eupnoi et les Dyspnoi. Cette annalyse déplace la divergence des sous-ordres actuels du Dévonien au Carbonifère. La divergence des opilions est datée de 414 millions d'années et l'origine des arachnides est située à la fin du Cambrien ou au début de l'Ordovicien[2].

Les analyses génétiques pratiquées sur l'actuel Phalangium opilio ont découvert un gêne inactif qui, s'il était actif, produirait une seconde paire d'yeux en position latérale, fournissant une preuve indépendante que la possession de quatre yeux est le caractère ancestral[3],[2]. Garwood et al. avancent aussi qu'une diversification des faucheux au Carbonifère est plus cohérente avec les changements observés chez les autres arthropodes terrestres, qui ont été associés au taux élevés d'oxygène atmosphérique durant cette période[2].

Notes et références

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. a b et c (en) Fabien Tepper, « Ancient four-eyed wonder resolves daddy longleg mystery », Christian Science Monitor,‎ (lire en ligne)
  2. a b c et d Russell J. Garwood, Prashant P. Sharma, Jason A. Dunlop et Gonzalo Giribet, « A Paleozoic Stem Group to Mite Harvestmen Revealed through Integration of Phylogenetics and Development », Current Biology, vol. 24, no 9,‎ , p. 1017–1023 (DOI 10.1016/j.cub.2014.03.039, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Stefan Sirucek, « Ancient Daddy Longlegs Had Extra Set of Eyes », National Georgraphic,‎ (lire en ligne)