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Djemila Zeneidi

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Djemila Zeneidi
Fonction
Directrice de recherche au CNRS
Biographie
Naissance
Nationalité
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Directeur de thèse
Jean-Paul Charrié (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Djemila Zeneidi ou Djemila Zeneidi-Henry, née en , est une géographe française, directrice de recherche au CNRS. Ses travaux, avec une approche pluridisciplinaire, critique et féministe de la géographie sociale sont consacrés à la question des marges et des migrations des femmes. Ils apportent des éléments de compréhension sur les inégalités sociales et spatiales en géographie.

Biographie

Djemila Zeneidi naît en 1972 d'une famille tunisienne[1][2]. Après une formation en géographie à Bordeaux, elle soutient en 2000 la première thèse française de géographie consacrée aux sans-abris sous la direction de Jean-Paul Charrié à l'Université Bordeaux 3[2]. Les SDF et la ville : le cas de Bordeaux, interroge les rapports des SDF à la ville, et est publiée en 2002[3][4][5][6]. Selon elle, sa position de fille de l'immigration l'a doublement aidée dans sa recherche : les personnes sont moins méfiantes à l'égard d'une femme et elle serait susceptible d'avoir vécu comme eux des difficultés d'intégration[2].

Elle est recrutée comme chargée de recherche en 2002 par le CNRS à Rennes[7], puis à Bordeaux[8]. En 2018, elle est nommée directrice de recherche avant de rejoindre en 2022 le laboratoire Géographie-cités à Paris[9].

Travaux

Étude de la géographie des sans-abris

La thèse de Djemila Zeneidi sur les SDF et la ville permet de mettre en avant leur action sur la ville dont ils sont eux aussi citadins, mais aussi acteurs par leurs pratiques spatiales[10]. Elle montre qu'il ne s'agit pas d'une population homogène : même s'ils sont en majorité désocialisés après une rupture, les SDF ont des parcours diversifiés[2]. Certains ont un rapport avec la rue sous forme d'allers et venues, vivant dans cet espace puis dans un appartement avant de le perdre et de redevenir SDF[2]. Les recherches de Djemila Zeneidi mettent en avant leur organisation sociale, avec pour chaque groupe son quartier voire sa rue avec parfois une même origine géographique[2]. Elle montre les stratégies d'évitements entre individus ou au contraire l'organisation sous forme de groupe dont un « chef » gère l'argent en commun[2]. Elle démontre ensuite comment le mobilier urbain est utilisé pour éviter le positionnement spatial des SDF, avec des bancs ni confortables ni ombragés. Ses recherches mettent en avant la frontière floue entre espace public et domestique, l'espace public devenant une ressource leur permettant de (sur)vivre[11].

Étude des migrations féminines et ouvrière migrante « cyborg »

Elle conduit une enquête ethnographique en Andalousie auprès des travailleuses saisonnières marocaines qui donne lieu à un ouvrage, Femmes/Fraises, publié en en 2013 puis traduit en anglais en 2017. Celui-ci étudie la manière dont se déroule les migrations féminines modernes où se mêle émancipation des travailleuses grâce à la mobilité, leur revenu et l'acquisition de biens matériels, mais aussi domination par le système productif mis en place en Espagne[12]. La chercheuse y décortique les interactions entre le genre, la classe sociale et l’ethnicité. Les Marocaines sont recrutées en raison de tous ces aspects entremêlés et non pour leurs aptitudes et leurs compétences[13]. De par leur genre, leurs mains étant sensées êtres plus délicates pour la cueillette des fraises[13]. Leur classe sociale modeste où elles sont jeunes mères de familles doit être un faible risque de migration clandestine. Leur ethnicité arabo-islamique est supposée être un gage de soumission et de docilité. Cette fabrication d'un type de modèle la conduit à proposer le terme d’ouvrière migrante « cyborg » en s'appuyant sur les livres de Donna Haraway[14]. « Esclaves de l’or rouge », la chercheuse décrit la géographie des « contrats en origine » et leurs aspects esclavagistes : organisation du travail avec logement contrôlé et isolé sur place, contrat précaire susceptible de ne pas être renouvelé l'année suivante et promesses verbales non-tenues sur la possibilité d'avoir un statut de résidente permanente. Elle pointe les aspects sexistes et paternalistes, avec des logements où même la famille est interdite, les Marocaines devant être protégées et très surveillées : ces femmes sont perçues comme faibles face à de potentielles agressions sexuelles d'hommes marocains, alors que dans le même temps les jeunes ouvrières se plaignent par d'harcèlement sexuel de la part de leur patron[13]. Cette géographie économique met en avant le diptyque moderne mêlant productivité et contrôle des ouvrières[13]. Il est un exemple de la « gouvernance » migratoire mises en avant par des institutions européennes qui couvre le transport, le séjour et le retour[14]. Ce système se retrouve dans d'autres espaces du monde, comme à Chypre[15].

Autres recherches

En 2003, elle réalise une étude ethnographique sur le groupe du wagon à Saint-Brieuc, groupe autogéré habité par des sans-abris[7][16].

De 2009 à 2015, elle participe à un large projet de recherche sur les dispositifs d’enfermement et leurs aspects de contrôle politique et social financé par l’Agence nationale de la recherche[17].

En 2018, elle co-rédige une synthèse historique sur les concept de zone, zoniers et zonards, jusqu'à devenir le synonyme de territoire des déclassés[18].

Engagement

Djemila Zeneidi est un temps conseillère municipale de Vayres dans les années 2000[19].

Publications

Djemila Zeneidi est l'autrice d'une centaine de publications dont[20] :

Ouvrages

Direction d'ouvrages et de numéros de revue

Articles

  • (en) « “We ain’t nothing but white trash”: The ethnography of poor whites and the politics of stigma in Zora Neale Hurston’s Seraph on the Suwanee. », Cultural Dynamics, vol. 34, nos 1-2,‎ , p. 45–62 (ISSN 0921-3740 et 1461-7048, DOI 10.1177/09213740211053392, lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Jérôme Beauchez et Djemila Zeneidi, « Sur la Zone : A Critical Sociology of the Parisian Dangerous Classes (1871–1973) », Critical Sociology, vol. 46, nos 4-5,‎ , p. 693–710 (ISSN 0896-9205 et 1569-1632, DOI 10.1177/0896920519880948, lire en ligne, consulté le ).
  • Jérôme Beauchez et Djemila Zeneidi, « Des zoniers aux zonards : de quoi « la zone » est-elle le nom ? », Terrain,‎ (ISSN 0760-5668 et 1777-5450, DOI 10.4000/terrain.17600, lire en ligne, consulté le ).
  • « Migrations circulaires et relations familiales transnationales : l’exemple des ouvrières agricoles marocaines à Huelva (Espagne) », Géocarrefour, vol. 88, no Vol. 88/2,‎ , p. 139–146 (ISSN 1627-4873 et 1960-601X, DOI 10.4000/geocarrefour.9085, lire en ligne, consulté le ).
  • « L'enfermement à la campagne ?: Les conditions de vie des saisonnières marocaines dans la province de Huelva (Espagne) », Hommes & migrations, no 1301,‎ , p. 9–16 (ISSN 1142-852X et 2262-3353, DOI 10.4000/hommesmigrations.1898, lire en ligne, consulté le ).
  • (en) « Circular migration and misrecognition: the experience of spatial injustice of Moroccan women doing seasonal agricultural work in Huelva (Spain) », Spatial justice, no 3,‎ .
  • Djemila Zeneidi-Henry et Sébastien Fleuret, « Fixes sans domicile, réflexion autour de la mobilité des SDF: », L’Espace géographique, vol. Tome 36, no 1,‎ , p. 1–14 (ISSN 0046-2497, DOI 10.3917/eg.361.0001, lire en ligne, consulté le ).
  • Emmanuel Renault et Djemila Zeneidi-Henry, « Formes de reconnaissance conflictuelle : relations sociales, appropriation de territoire, culture et politique dans un groupe de Punks squatters », dans La reconnaissance à l’épreuve : Explorations socio-anthropologiques, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Le regard sociologique », (ISBN 978-2-7574-2120-8, lire en ligne), p. 193–200.

Références

  1. « Notice de personne Zeneidi, Djemila » Accès libre, sur BNF
  2. a b c d e f et g Denis Lherm, « Les territoires des SDF », Sud Ouest,‎ , p. 7
  3. Djemila Zeneidi-Henry, « Les SDF et la ville : le cas de Bordeaux », Thèse de doctorat, Bordeaux 3,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Sylvain Allemand, « Les SDF et la ville. Géographie du savoir-survivre », sur Sciences Humaines (consulté le )
  5. Maryse Marpsat, « Zeneidi-Henry Djemila, 2002, Les SDF et la ville. Géographie du savoir-survivre, Paris, éditions Bréal, collection D´autre Part. », Cybergeo: European Journal of Geography,‎ (ISSN 1278-3366, DOI 10.4000/cybergeo.845, lire en ligne, consulté le )
  6. Joël Rouffignat, « Zeneidi-Henry, Djemila (2002) Les SDF et la ville. Géographie du savoir-survivre. Paris, Bréal (Coll. « d’autres part »), 256 p. (ISBN 2-84291-974-2) », Cahiers de géographie du Québec, vol. 46, no 129,‎ , p. 427–428 (ISSN 0007-9766 et 1708-8968, DOI 10.7202/023071ar, lire en ligne, consulté le )
  7. a et b Fabienne RICHARD, « « Le noyau dur du wagon était très dynamique » », Ouest-France,‎
  8. « Nominations de chercheurs en 2002 - Concours », sur www.dgdr.cnrs.fr (consulté le )
  9. CNRS, « Bulletin officiel du CNRS » [PDF],
  10. Marine Duc, « Lu : Djemila Zeneidi, Les SDF et la ville (2002) », sur Altérités (consulté le )
  11. Paulo C. da Costa Gomes et Théo Fort-Jacques, « Spatialité et portée politique d’une mise en scène », Géographie et cultures, no 73,‎ , p. 7–22 (ISSN 1165-0354, DOI 10.4000/gc.1815, lire en ligne, consulté le )
  12. Claire Hancock, « Genre, identités sexuelles et justice spatiale », sur Justice spatiale (consulté le )
  13. a b c et d Marianne Blidon, « Domination / émancipation : questionner les contrats en origine », Géographie et cultures, no 95,‎ , p. 131–137 (ISSN 1165-0354, lire en ligne, consulté le )
  14. a et b Albena Tcholakova, « Travail et espace dans la global food. Expériences des saisonnières agricoles entre domination, reconnaissance et émancipation », EchoGéo, no 26,‎ (ISSN 1963-1197, DOI 10.4000/echogeo.13671, lire en ligne, consulté le )
  15. Karen Akoka et Olivier Clochard, « Régime de confinement et gestion des migrations sur l’île de Chypre », L’Espace Politique. Revue en ligne de géographie politique et de géopolitique, no 25,‎ (ISSN 1958-5500, DOI 10.4000/espacepolitique.3381, lire en ligne, consulté le )
  16. « Wagon : « Victime d'une diabolisation » », Ouest-France,‎ , p. 15
  17. « Programme ANR TerrFerme », sur TerrFerme (consulté le )
  18. Jérôme Beauchez et Djemila Zeneidi, « Des zoniers aux zonards : de quoi « la zone » est-elle le nom ? », Terrain. Anthropologie & sciences humaines,‎ (ISSN 0760-5668, DOI 10.4000/terrain.17600, lire en ligne, consulté le )
  19. Isabelle Leparoux, « Une nouvelle conseillère municipale démissionne », Sud Ouest,‎
  20. « ID REF » Accès libre, sur IDREF.fr

Liens externes