Libyens anciens
Avant de désigner les habitants de l'actuelle Libye, les Libyens (ou Libyques) étaient un ensemble de peuples habitant le nord de l'Afrique avant l'arrivée des Phéniciens (entre Atlantique et Tripolitaine). Les populations libyques se sont maintenues sous la domination phénico-punique puis romaine même si elles étaient en partie marginalisées et/ou acculturées. On parle d'ailleurs parfois de Libophéniciens (ou Libyphéniciens, ou Libyophéniciens) pour désigner ces populations qui se sont mélangées (par mariage intercommunautaire ou acculturation). Ce sont, en outre, les ancêtres des actuels peuples berbères[1].
Origines
Leur nom s'explique par l'utilisation antique du nom « Libye » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique : selon Pline l'Ancien, « les Grecs ont appelé l'Afrique, Libye, et la mer qui l'affronte Libyque »[2]. Le mot grec Libyh était dérivé d'un peuple établi en Cyrénaïque et dans le delta du Nil, les Libous ; le terme s'étant petit à petit étendu à tout le continent.
Ces peuples seraient pour la plupart originaires de l'Afrique orientale (ce qui expliquerait le lien étymologique avec les Libous) avec des apports très précoces de populations à la fois négroïdes (venus du sud) et leucodermes (venus du nord)[3].
Des représentations de Libyens se retrouvent parmi certaines fresques égyptiennes comme celles du tombeau de Séthi Ier : on y voit quatre Libyens (leucodermes) habillés de longues robes colorées, arborant tatouages et plumes d'oiseaux sur la tête[4].
Diversité des peuples
La plus ancienne mention de ces peuples libyques date du Ve siècle av. J.-C., dans l'œuvre de Hérodote[5] : l'historien grec y évoque une multitude de peuples autochtones, nomades, semi-nomades, voire sédentaires. La langue libyque et la culture semblaient créer une certaine unité entre ces peuples mais on peut dégager deux ensembles dans les populations libyques :
- Un premier ensemble de peuples plutôt mal repérés et localisés par les auteurs anciens, portant différents noms : les Nasamons, les Nigrites, les Atlantes, les Troglodytes[6], les Baquates, les Bavares, les Suburbures, les Musulames, les Gétules[7], les Garamantes, les Austuriens, etc.
- Un deuxième ensemble qui comprend les Maures et les Numides, ces derniers étant divisés en Massyles et Massaessyles.
Ces divers peuples libyques étaient organisés sur un mode généralement tribal avec un chef ou un roi à leur tête, mais certains (Maures et Massyles notamment) ont su développer une organisation plus élaborée.
Polysémie du terme « Libyens »
Le terme « Libyens » a pu désigner d'autres peuples selon le point de vue culturel et selon l'époque :
- En Grèce antique, le terme « Libyens » était utilisé pour désigner soit l'ensemble des habitants d'Afrique du Nord, soit une partie d'entre eux.
- À partir du Ve siècle, la Libye désigne l'ensemble des terres connues sur le continent africain donc les acceptions des termes « Libyens » et « Libyques » diffèrent. Les Égyptiens et les Hébreux parlaient de Libyens pour les peuples côtiers situés entre Égypte et Syrie, alors que les Grecs appliquaient cette désignation pour ceux qui habitaient dans l'arrière-pays de Cyrène[8].
- Les Libyens sont aussi un des noms donnés pour désigner les ancêtres des Berbères.[réf. nécessaire]
- De nos jours, les Libyens sont les citoyens de la Libye.
Voir aussi
Notes et références
- Gabriel Camps, « L'origine des berbères », Islam : société et communauté. Anthropologies du Mahgreb, dir. de Ernest Gellner, les Cahiers CRESM, éd. CNRS, Paris, 1981.
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle, livre V.
- C'est en tout cas la thèse de Jean-Marie Lassère dans Ubique Populus, 1977.
- Représentation sur le tombeau de Sethi Ier
- Hérodote, Enquête, livre IV.
- Ces noms sont cités par des auteurs comme Hérodote, Pomponius Mela ou Strabon
- Notons toutefois que des historiens comme Jehan Desanges pensent que le terme « Gétules » désignerait plus un mode de vie qu'un peuple précis et homogène.
- Françoise Prévot, Jean-Louis Voisin, Philippe Blaudeau, Leila Najar, L'Afrique romaine : 69-439, Atlande, collection Clefs concours, 2006, p286. (ISBN 2350300021)
Bibliographie
(voir aussi notes ci-dessus)
- Gabriel Camps (dir.), Encyclopédie berbère, Édisud, Aix-en-Provence, 1985-2006.
- Jehan Desanges, Catalogue, 1962, 297p.
- Stéphane Gsell, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, Hachette, Paris, 1921-1928, 8 volumes.