Derniers arbitrages, ultimes ajustements… La République en marche est en train de finaliser son dispositif de campagne pour les élections européennes. A quelques mois du scrutin, "l'équipe de campagne est en train de tout organiser pour que le jour du lancement tout soit prêt", explique le référent Europe de LREM Pieyre-Alexandre Anglade. Le comité politique mis en place autour de l’ancien conseiller présidentiel Stéphane Séjourné, directeur de la campagne LREM, a quasiment terminé son travail et dispose désormais d’une bonne partie des noms qui seront proposés à la commission nationale d’investiture pour constituer la liste de la majorité.
Parmi ceux-ci, figurera selon nos informations celui de l’écologiste Pascal Durand. L’ancien directeur de campagne de Daniel Cohn-Bendit en 2009, eurodéputé, aurait accepté de figurer en position éligible sur la liste de LREM, qui a également approché le président de WWF Pascal Canfin, sans succès. Pascal Durand, qui a quitté EELV en février 2016 pour se rapprocher de Nicolas Hulot, temporise sans nier : "Il est encore trop tôt pour parler de la constitution de liste, il reste des questions encore en suspens au préalable de la composition de la liste." Autre personnalité assurée d’être dans les 25 premières places : Stéphane Séjourné qui, tout en dirigeant la campagne, figurera parmi les premiers noms de la liste LREM.
Deux ministres sollicitées
Pour la tête de liste, le nom de la ministre chargée des affaires européennes Nathalie Loiseau tenait encore la corde jeudi. Mais la juppéiste a écarté ce matin de conduire La République en marche aux élections européennes. "Je ne suis pas candidate, mais je ferai campagne", a-t-elle déclaré sur RTL. "La tête de liste, c'est le secret le mieux gardé d'En Marche", ironise une députée de la majorité. En réalité, La République en marche tâtonne, hésite, multiplie les refus. Seule certitude : la tête de liste viendra de la droite. "Aujourd'hui, avec le choix qui a été fait par Laurent Wauquiez, il nous faut quelqu'un issu du centre-droit pour détacher la partie des électeurs Les Républicains qui n'est pas Bellamy-compatible", glisse un cadre de la majorité.
Autre ministre sollicitée, la secrétaire d’Etat à la transition écologique Brune Poirson, capable elle aussi d’apporter une fibre écologiste à la campagne. Son cabinet évoque de simples "rumeurs", "mais son nom ne revient pas par hasard", confie un membre du comité politique, "elle s’investit sur les projets européens et elle a un profil international qui colle." Car c’est l’autre pan de la stratégie de La République en marche : siphonner les voix de la gauche et notamment des écologistes, annoncés entre 9 et 10% dans les derniers sondages d’opinion. "Yannick Jadot manque d’envergure, griffe un conseiller LREM, il ne se rend pas compte qu’il a déjà atteint son plafond et qu'il va s'effondrer au cours de la campagne".
Une campagne ramassée
La crise des gilets jaunes a contraint la majorité à revoir son calendrier et ses ambitions. Le coup d’envoi de la campagne ne devrait pas être donné avant la toute fin du grand débat national, le 15 mars. "Il s’agira d’une campagne assez ramassée. De toute manière, le pays n’a pas la tête aux élections européennes pour l’instant, ni la classe politique d’ailleurs", fait-on entendre au QG de campagne de LREM, rue du Quatre-Septembre. Les prétentions d’une petite dizaine de députés à rejoindre la liste LREM agacent d’ailleurs l’Elysée, qui craint un mauvais signal envoyé aux "gilets jaunes", deux ans seulement après leur accession à l’Assemblée nationale.
La crise sociale a également obligé La République en marche à revoir son plan de bataille. Moins flamboyante, la campagne sera également plus nationale. Un temps évoquée, la possibilité d'inclure des personnalités d'autres pays européens sur la liste LREM ne semble plus à l'ordre du jour. La stratégie arrêtée consistera à articuler les revendications des "gilets jaunes" avec les enjeux européens autour d'une image forte : "L'Europe souveraine qui protège". L'ancien porte-parole de LREM Rayan Nezzar, très investi sur les sujets européens, propose ainsi un impôt européen sur les sociétés pour lutter contre l'optimisation fiscale intra-européenne, ou que le salaire minimum dans les pays de l'Union ne puisse être inférieur au seuil de pauvreté (50% du revenu médian).
Au parlement, après avoir longtemps temporisé, la majorité s’est résolue à une alliance avec les libéraux de l’ALDE, le groupe du belge Guy Verhofstadt. Mais elle entend dépasser le simple noyau centriste pour former une coalition capable de faire bouger les équilibres bruxellois avec Ciudadanos, le PS Espagnol, les Verts Allemands ou une partie de la CDU ou du SPD. Si les derniers sondages qu’a pu obtenir le mouvement donnent la droite européenne, le PPE, en tête des prochaines élections européennes, La République en marche ne désespère pas d’imposer sa coalition comme une force politique charnière au parlement européen.