Max Verstappen: de Red Bull à Mercedes ?
À Djeddah, Max Verstappen s'est imposé pour la neuvième fois consécutive et peut donc égaler ici son propre record de dix victoires de rang établi en 2023. Toutefois, le triple champion du monde est au cœur de toutes les spéculations dans un contexte d'implosion de l'entité Red Bull. Les clans autrichien et thaïlandais se livrent une sourde guerre intestine autour du sort de Christian Horner, mais aussi sans doute du devenir du Groupe Red Bull. Influencé par son père Jos, mais aussi et surtout par Helmut Marko, Max Verstappen semble décidé à quitter Red Bull si d'aventure Horner était maintenu en fonctions grâce à l'actionnaire majoritaire Chalerm Yoovidhya. Ses regards se tournent naturellement vers Mercedes qui cherche un successeur à Lewis Hamilton. Et les discussions semblent aller bon train. Sans lever le voile, Toto Wolff admet que Verstappen est sa cible n°1 pour remplacer Hamilton en 2025. « Entre Max et nous, c'est un rapprochement qui doit se produire un jour ou l'autre, reste à savoir quand », glisse le patron de Mercedes. Certes, beaucoup se demandent quel intérêt aurait Verstappen à quitter l'écurie hégémonique de la Formule 1, même si celle-ci fait face à une lutte de pouvoir, pour une autre qui rencontre les plus grandes difficultés depuis trois ans. « D'un point de vue sportif, il n'a évidemment aucun intérêt à quitter Red Bull, à moins que les troubles internes ne finissent par compromettre sa sérénité », estime par exemple Sebastian Vettel.
Pendant ce temps-là, il se murmure que Christian Horner, toujours soutenu par Chalerm Yoovidhya, aurait pris son parti du départ de Max Verstappen, et se réjouirait d'être du même coup débarrassé de l'encombrant Dr. Marko. Pour remplacer le pilote néerlandais, Horner suivrait une trace ibérique. Carlos Sainz, sans contrat pour 2025, pourrait être un choix logique en raison de ses liens passés avec Red Bull qui avait patronné ses débuts en F1 entre 2015 et 2017. Mais Fernando Alonso cogne aussi à la porte de Milton Keynes. Son conseiller Flavio Briatore, absent en Australie à cause d'une opération cardiaque, fait état de discussions avec Red Bull et estime qu'Alonso serait le meilleur remplaçant possible de Verstappen. L'Asturien pourrait toutefois pâtir de son âge: il aura 44 ans en 2025... Enfin, Yuki Tsunoda, auteur d'un bon début de saison avec Visa Cash RB, pourrait obtenir une promotion chez RBR, mais sans doute pour supplanter Sergio Pérez qui arrive en fin de contrat.
Présentation de l'épreuve
Assuré de sa position au calendrier jusqu'en 2037, le Grand Prix d'Australie pourrait retrouver en 2025 sa position de manche inaugurale du championnat du monde, perdue depuis 2020 et la crise de la Covid. Cette perspective promet toutefois un casse-tête logistique pour la Formule 1 qui souhaite que les essais de présaison se tiennent toujours à Bahreïn. Il faudra aussi tenir compte du ramadan et des contraintes que celui-ci génère désormais pour les Grands Prix de Bahreïn et d'Arabie saoudite. L'épreuve de Melbourne est en tout cas toujours un grand succès populaire, d'autant que les Australiens ont cette année deux compatriotes à encourager, le jeune Oscar Piastri et le vétéran Daniel Ricciardo.
Néanmoins, celui-ci ne cesse de décevoir et est mis sous pression par Helmut Marko. Ricciardo est en effet plutôt dominé par Yuki Tsunoda chez Visa Cash RB, et a même connu à Djeddah un très mauvais week-end dans les tréfonds du peloton. Ce mauvais départ fait suite à une fin de saison 2023 déjà médiocre, quoique contrariée par sa blessure au poignet. Ricciardo, officiellement candidat à la succession de Sergio Pérez chez Red Bull pour 2025, doit avant tout démontrer qu'il a encore sa place en F1. « Il est temps pour lui de trouver des solutions » assène le Dr. Marko qui garde en réserve le jeune Liam Lawson. Ricciardo est bien conscient de la menace, mais ne dramatise pas: « J'ai piloté une équipe de haut niveau, Red Bull, je suis passé par Renault, puis j'ai perdu mon contrat chez McLaren et je suis resté sur la touche, donc j'ai tout vécu. Pour ma part, j'estime que tout ce que j'ai à faire, c'est appuyer un peu plus sur la pédale de droite que sur celle de gauche. Le reste se résoudra de lui-même. »
En 2023, la fin du Grand Prix d'Australie avait été perturbée par l'envahissement de la piste par des spectateurs incontrôlables, ce qui avait valu aux organisateurs une vive remontrance de la part de la fédération. Afin que pareil incident ne se reproduise pas, l'Australian Grand Prix Corporation prend une décision radicale: le public ne pourra pas déambuler sur la piste après le drapeau à damiers ! La cérémonie du podium sera ainsi un peu triste, mais l'AGPC tient à conserver une bonne réputation auprès de la FIA dans l'espoir de retrouver la position de manche inaugurale du championnat du monde, comme expliqué plus haut.
Le groupe McLaren vient d'être entièrement racheté par Bahrain Mumtalakat Holding Company, le fonds souverain géré par le royaume de Bahreïn, qui en était déjà l'actionnaire majoritaire. Cette prise de contrôle solidifie les finances du constructeur qui traverse une période de turbulences depuis la crise de la Covid. Dans le même temps, Paul Walsh, président exécutif du groupe, annonce que le contrat de Zak Brown à la tête de McLaren Racing est prolongé jusqu'en 2030. L'Américain est ainsi récompensé de ses efforts puisqu'il est parvenu à ramener une écurie jadis moribonde au sommet de la F1. Il a également diversifié les activités de McLaren Racing, engagée en IndyCar dès 2020 et aujourd'hui en Formule E et Extreme E.
L'équipe Sauber change de nom pour cette épreuve. Elle ne peut en effet utiliser la dénomination « Stake F1 Team » car la législation australienne proscrit la publicité pour les sites de paris sportifs et de jeu de hasard en ligne. Déjà l'an passé, alors qu'elle se nommait encore Alfa Romeo, elle avait dû éjecter le logo Stake de sa carrosserie. Le team helvétique se présente donc sous la bannière « Kick Sauber F1 Team », du nom de son second sponsor-titre, un site de streaming vidéo.
Carlos Sainz fait sa réapparition au volant de la Ferrari SF-24 après avoir manqué le GP d'Arabie saoudite à cause d'une opération de l'appendicite. L'Espagnol reste cependant incertain jusqu'aux premiers essais, et c'est pourquoi Ferrari a demandé à son suppléant Ollie Bearman de faire le déplacement à Melbourne. Sainz est cependant résolument optimiste: « Il est temps de sauter dans la voiture et de voir comment je serai. Je me sens mieux qu'hier, moins bien que demain, et dimanche, tout ira encore mieux ! » Et de fait, il ne rencontre vendredi ni douleurs ni vertiges, et sa participation est confirmée pour le reste du week-end.
Parmi les top teams, Mercedes est la déception de ce début de saison, avec seulement 26 points inscrits contre 28 à McLaren et surtout 49 pour Ferrari. La nouvelle W15 apparaît très difficile à régler, peut-être affectée d'un « loup » encore non identifié. Lewis Hamilton, très discret en ce début d'année (8 petits points ramassés) refuse cependant tout pessimisme: « Nous avons une voiture incroyable, elle est capable de gagner, assure le Britannique. Ce n'est pas la sœur maléfique de la W14 ! Elle a beaucoup de potentiel, mais nous ne l'avons tout simplement pas optimisé pour le moment. Il y a une fenêtre de travail étroite sur ce type de voitures. » Reste donc à bien viser... Mercedes poursuit en tout cas la réorganisation de son équipe technique et fait son marché chez Ferrari. L'usine de Brackley accueillera en 2025 Simone Resta, ex-designer de Cheval cabré, « prêté » à Sauber puis Haas ces derniers années. L'Italien deviendra directeur du développement stratégique, sous la supervision de James Allison, et travaillera avec son compatriote Enrico Sampo, également débauché chez Ferrari où il était responsable des applications logicielles de performance pour le simulateur. Le directeur de la performance Loïc Serra effectue en revanche le trajet inverse, de Mercedes vers Ferrari, et sera remplacé par David Nelson.
Essais et qualifications
Vendredi après-midi, Norris signe le meilleur chrono des premiers essais libres (1'18''564''') devant Verstappen et Russell. La séance est marquée par le gros crash d'Albon qui heurte le mur au virage n°6. Sa voiture est si endommagée qu'il doit faire l'impasse sur les seconds essais. Ces derniers voient Leclerc (1'17''277''') surgir en haut de la feuille des temps, trois dixièmes devant Verstappen. Vendredi soir, Williams annonce que Sargeant est contraint au forfait pour laisser sa monoplace à son collègue Albon. Le bolide de ce dernier est en effet irréparable et l'équipe ne dispose pas de châssis de rechange. Un choix bien cruel pour le jeune Floridien qui, pour une fois, n'avait rien à se reprocher... Samedi, Leclerc se montre derechef le plus rapide (1'16''714''') mais le peloton est très resserré: les quatre premiers se tiennent en un dixième !
L'après-midi, sous le soleil, Verstappen réalise sa troisième pole en trois Grands Prix (1'15''915'''), une performance de son propre aveu inattendue au volant d'une Red Bull très sensible au « graining ». Pérez réalise le troisième temps avant de recevoir trois places de pénalité pour avoir gêné Hülkenberg. Le Mexicain partira 6e. Bien remis de son opération, Sainz réalise un très beau deuxième temps, à un peu moins de 2/10es de Verstappen. Surpris par un coup de vent, Leclerc (4e) commet une erreur dans son dernier tour lancé. Les McLaren (Norris 3e, Piastri 5e) sont bien placées, même si leurs pilotes regrettent un équilibre perfectible. La Mercedes souffre toujours dans les courbes rapides et apparaît trop sensible au vent. Russell (7e) concède huit dixièmes à Verstappen tandis que Hamilton (11e), désarçonné par le comportement de son bolide, cale dès la Q2.
Les Aston Martin (Stroll 9e, Alonso 10e) manquent globalement de stabilité. Tsunoda (8e) atteint de nouveau la Q3 au volant de sa RB-Honda et humilie Ricciardo (18e), éliminé d'emblée alors qu'il prétend avoir piloté « à la limite ». Albon place l'unique Williams en lice en 12e position. Bottas (13e) parvient pour la première fois à extraire la Kick-Sauber de la Q1. Zhou (19e) est dernier après avoir endommagé son aileron avant. Chez Haas-Ferrari, Magnussen (14e) parvient en Q2, contrairement à Hülkenberg (16e), gêné par Pérez. Enfin, Ocon (15e) parvient à atteindre la Q2 avec l'Alpine-Renault, un petit exploit. Gasly (17e) évite de peu une pénalité après avoir mordu la ligne blanche en sortant des stands.
Le Grand Prix
Il fait beau et chaud sur Melbourne en ce dimanche après-midi. La température au sol atteint les 35°C. Pilotes et ingénieurs s'inquiètent du « graining » qui devrait être important, d'autant que Pirelli a sélectionné pour ce week-end les composés les plus tendres. La majorité du peloton part avec les pneus médiums (C4). Alonso et Hülkenberg sont montés en durs (C3) et Hamilton en tendres (C5). Zhou s'élance depuis les stands après que son équipe a changé sa spécification d'aileron avant sous régime de parc fermé.
Départ: Verstappen démarre bien et passe le premier virage en tête devant Sainz, Norris et Leclerc. Aucun incident à signaler.
1er tour: Verstappen devance Sainz, Norris, Leclerc, Piastri, Russell, Pérez, Stroll, Tsunoda et Hamilton.
2e: Verstappen rencontre des problèmes avec ses freins arrière. Sainz le rattrape, ouvre son DRS et déborde le Néerlandais par l'extérieur au virage n°9.
3e: Sainz prend sept dixièmes d'avance sur Verstappen, désormais menacé par Norris.
4e: De la fumée s'échappe des freins de la Red Bull n°1. Verstappen regagne les stands en fin de tour, alors que l'incendie gagne ses disques arrière. Le Néerlandais doit abandonner pour la première fois depuis deux ans.
5e: Sainz mène devant Norris (1.6s.), Leclerc (2.1s.), Piastri (2.4s.), Russell (5.6s.), Pérez (6s.), Stroll (7.3s.), Hamilton (8.2s.) et Alonso (9.3s.). Ricciardo bascule déjà sur les pneus durs.
6e: Sainz compte près de deux secondes d'avance sur Norris, menacé par Leclerc. Albon et Zhou passent en gommes dures.
7e: Leclerc roule pris en sandwich entre les McLaren de Norris et de Piastri. Hamilton et Magnussen prennent les gommes blanches.
8e: Russell s'empare des gommes dures (2.5s.), imité par Stroll et Bottas. Une fois de plus, les mécaniciens de Sauber peinent à serrer un écrou et le Finlandais perd beaucoup de temps.
9e: Deux secondes séparent Sainz et Norris. En fin de tour, Leclerc (2.2s.) et Piastri (2.4s.) prennent les pneus durs. Tsunoda fait de même.
11e: Sainz attaque et repousse Norris à plus de quatre secondes. Leclerc et Piastri effacent Hülkenberg.
12e: Sainz précède Norris (6s.), Pérez (12.8s.), Alonso (15.2s.), Leclerc (24.4s.), Piastri (26.5s.), Hülkenberg (28s.), Gasly (28.6s.), Russell (30.3s.), Stroll (32s.), Hamilton (34s.) et Tsunoda (36.2s.).
13e: Sainz tourne une seconde au tour plus vitre que Norris. Russell bute étonnamment sur Gasly qui n'a pas encore stoppé.
14e: Norris chausse les pneus durs (2.6s.) et repart en cinquième position, derrière Leclerc et Piastri. Pérez prend le même composé (2.8s.) et ressort devant Hamilton.
16e: Sainz fait halte chez Ferrari, prend les gommes blanches (2.6s.) et repart juste devant Alonso. Russell déborde Ocon au virage n°3. Le Normand change de pneus dans la foulée.
17e: Suite à une chute de pression d'huile, le moteur de Hamilton coupe net dans la pleine charge longeant le lac, et l'Anglais se gare sur le bas-côté avant Waite. La « voiture de sécurité virtuelle » est enclenchée. Ocon doit repasser aux stands pour ôter un tear-off bloqué dans une écope de frein.
18e: La neutralisation ne dure qu'une minute, le temps d'évacuer la Mercedes. Alonso en profite pour mettre des pneus médiums et repartir en cinquième position. Hülkenberg et Gasly changent aussi de pneus, mais le Français perd cinq secondes suite à un souci à l'arrière-droit. Au drapeau vert, Pérez passe devant Stroll.
19e: Sainz mène devant Leclerc (1.1s.), Piastri (3s.), Norris (6.2s.), Alonso (10.6s.), Russell (16s.), Pérez (17.5s.), Stroll (19s.), Tsunoda (20.5s.), Albon (24.5s.), Magnussen (26.3s.) et Hülkenberg (29.7s.).
20e: Sainz améliore le record du tour (1'21''602''') et creuse l'écart sur son équipier.
21e: Pérez dépasse Russell au virage n°9 et conquiert ainsi la sixième position. Alonso devrait être sa prochaine cible.
23e: Sainz devance Leclerc (2s.), Piastri (4.5s.), Norris (6.6s.), Alonso (15s.), Pérez (18.8s.), Russell (21.3s.), Stroll (24.2s.), Tsunoda (25.7s.) et Albon (30.2s.). Magnussen (en pneus durs) laisse passer son équipier Hülkenberg (en pneus médiums).
25e: Sainz accroît sensiblement son avance sur Leclerc. Pérez remonte sur Alonso, mais plus lentement que prévu car son fond plat est endommagé.
27e: Pérez dépasse Alonso avant la courbe de Waite. Pourchassé par Hülkenberg, Albon reprend des pneus durs.
28e: Sainz mène devant Leclerc (5.5s.), Piastri (8.8s.), Norris (9.3s.), Pérez (22s.), Alonso (22.8s.), Russell (30.8s.), Stroll (34.3s.), Tsunoda (36s.) et Hülkenberg (43s.).
29e: McLaren demande à Piastri de laisser passer Norris, plus rapide, afin que celui-ci prenne Leclerc en chasse. Le jeune Australien s'exécute. Second arrêt pour Ricciardo.
31e: Sept secondes séparent Sainz et Leclerc. Alonso garde le contact avec Pérez qui se débat avec une tenue de route défectueuse.
32e: Sainz devance Leclerc (8s.), Norris (10s.), Piastri (12s.), Pérez (23.7s.), Alonso (24.4s.), Russell (33.5s.), Stroll (39s.), Tsunoda (41.6s.), Hülkenberg (47.8s.), Magnussen (50.8s.) et Zhou (58s.).
33e: Leclerc déplore l'usure de son pneu avant-gauche. Norris est revenu à un peu plus d'une seconde du Monégasque. Magnussen reprend des pneus durs.
34e: Leclerc chausse un jeu de pneus durs (2.1s.) et quitte les stands un cheveu devant Pérez et Alonso.
35e: Pérez passe chez Red Bull, reprend des gommes dures (2.4s.) et ressort en neuvième position. Hülkenberg met des gommes blanches et se réinsère devant Albon et Magnussen. Zhou change de pneus et cale au redémarrage, perdant ainsi beaucoup de temps.
36e: Sainz compte dix secondes d'avance sur Norris. Exploit chez Sauber: Bottas subit un pit-stop sans rencontrer le moindre problème ! Pérez remonte dans le peloton: il double Tsunoda, puis Stroll.
38e: Piastri bloque une roue au virage n°15 et effectue un court passage dans l'herbe. Stroll change d'enveloppes et repart derrière Gasly qu'il doublera peu après.
39e: Sainz précède Norris (10.2s.), Piastri (18.4s.), Leclerc (26.8s.), Alonso (35s.), Russell (39s.), Pérez (49s.), Stroll (59s.), Gasly (1m.) et Tsunoda (1m. 01s.). Piastri entre aux stands en fin de tour.
40e: Piastri chausse les gommes dures (3.5s.) et redémarre en cinquième position, derrière Alonso. Tsunoda double Gasly.
41e: Norris s'empare de pneus durs (2.6s.) et se relance en troisième position. Piastri efface Alonso au virage n°12. Gasly change d'enveloppes.
42e: Sainz fait escale chez Ferrari, reprend des gommes dures (2.6s.) et demeure premier. Alonso met des gommes blanches et glisse au septième rang.
43e: Sainz mène devant Leclerc (4.8s.), Norris (9.3s.), Piastri (18s.), Russell (22.2s.), Pérez (28.2s.), Alonso (40.3s.), Stroll (51s.), Tsunoda (53s.) et Hülkenberg (54.8s.). Troisième arrêt pour Ocon.
44e: Piastri est le plus rapide en piste (1'20''395'''). Magnussen prend la 11e place à Albon.
45e: Russell passe chez Mercedes pour monter des gommes blanches (2.5s.) et se réinsère derrière l'Aston Martin d'Alonso.
46e: Sainz précède Leclerc (5.5s.), Norris (9.3s.), Piastri (18s.), Pérez (29.3s.), Alonso (44.6s.), Russell (47.6s.), Stroll (56s.), Tsunoda (59s.) et Hülkenberg (1m. 01s.).
48e: Les écarts sont stables en tête de la course. Gasly reçoit 5 secondes de sanction pour avoir mordu la ligne en quittant les stands.
49e: Norris améliore le record du tour (1'19''915'''). Russell prend Alonso en chasse.
51e: Sainz devance Leclerc (5s.), Norris (9s.), Piastri (19.5s.), Pérez (31.5s.), Alonso (48s.), Russell (49.3s.), Stroll (59s.), Tsunoda (1m. 03s.), Hülkenberg (1m. 07s.), Magnussen (1m. 10s.) et Albon (1m. 13s.).
53e: Norris reprend quelques dixièmes à Leclerc, sans pouvoir le menacer. Russell évolue à une demi-seconde d'Alonso.
55e: Sainz se plaint de l'usure avancée de ses pneus, mais compte toujours cinq secondes d'avance sur son équipier qui accélère pour semer Norris.
56e: Leclerc boucle le meilleur tour de la course (1'19''813'''). Russell est toujours aux trousses d'Alonso.
57e: Russell aborde le virage de la Marina lorsqu'il est surpris par une décélération brutale d'Alonso. L'Anglais, déventé, sur-vire, fonce dans les graviers, heurte le mur puis rebondit vers la piste. La Mercedes se couche sur son flanc gauche, soutenue par une roue arrachée. La « voiture de sécurité virtuelle » est enclenchée.
58e et dernier tour: Cette ultime boucle se parcourt sous drapeau jaune pendant que Russell sort indemne de sa Mercedes. Les commissaires de course jugeront Alonso responsable de l'accident et lui infligeront 20 secondes de pénalité.
Carlos Sainz remporte sa troisième victoire devant Leclerc: c'est le premier double Ferrari depuis deux ans. Norris (3e) donne à McLaren son premier podium en 2024. Son équipier Piastri finit quatrième. Pérez se classe cinquième. Alonso coupe la ligne en 6e position, mais recule au 8e rang du fait de sa pénalité. Stroll hérite de sa position. Tsunoda termine septième et ouvre le compteur de l'équipe Visa Cash App RB. Hülkenberg (9e) et Magnussen (10e) apportent trois points à Haas. Viennent ensuite Albon, Ricciardo, Gasly, Bottas, Zhou et Ocon.
Après la course
Carlos Sainz Jr. N'est sans doute pas le pilote le plus doué ni le plus constant du peloton, mais force est de constater qu'il sait réaliser de temps à autres d'authentiques exploits. L'an passé, il fut à Singapour le seul pilote à arracher une victoire aux hégémoniques Red Bull. Ce dimanche, le Madrilène, impérial, a triomphé seulement quinze jours après être passé sur le billard pour se faire arracher l'appendice. Une véritable prouesse physique. « Ce début d'année est fou », constate le héros du jour. « Il y a eu le non-renouvellement de mon contrat, le podium à Bahreïn, mon opération de l'appendicite, cette victoire... Je vis sur des montagnes russes, mais je suis très heureux. » Opportuniste, Sainz a su immédiatement profiter de la panne panne qui a frappé Max Verstappen: « J'ai tout donné au premier tour pour avoir le DRS car il est très puissant ici. Puis, Verstappen a dérapé au virage n° 3. C'était ma chance de me rapprocher et je suis passé. Puis c'était fini pour lui. En tout cas, avec le rythme que j'avais, j'ai vite compris que je pouvais gagner. Je suis très fier pour l'équipe, cela montre que le travail paie. » Bon joueur, Charles Leclerc salue le succès de son équipier qu'il n'a jamais pu approcher ce dimanche: « Cela fait du bien pour l'équipe, c'est notre premier doublé depuis le GP de Bahreïn 2022... un très bon souvenir ! [NDLA : c'est lui qui avait alors gagné...] J'ai dû m'arrêter très tôt et mon deuxième relais, en pneus durs, fut très difficile. C'était mieux sur la fin. Mais il est clair que Carlos a fait du meilleur travail et mérite la victoire. »
Ce doublé Ferrari couronne les rudes travaux de développement effectués ces derniers mois à Maranello. Contrairement à ses deux devancières, la SF-24 paraît préserver ses pneus en course, ce qui constitue un très grand pas en avant, et pourrait permettre à Ferrari de menacer régulièrement Red Bull à l'avenir. « Ce week-end démontre que lorsque l'on met tout dans l'ordre, on peut se battre contre Red Bull, affirme Frédéric Vasseur. Nous avons été bons aussi bien sur un tour rapide que sur les longs relais. En outre, il y a une saine émulation entre nos deux pilotes. Nous nous demandions en début de course si Carlos n'allait pas trop pousser sur ses pneus, mais il a parfaitement respecté notre plan. Cette victoire est excellente par lui. Même s'il s'en va à la fin de l'année, il s'est engagé à tout donner jusqu'au dernier virage à Abou Dhabi. » Mais Sainz aurait-il gagné sans l'abandon de Verstappen ? Certains analystes répondent par l'affirmative, estimant qu'un nouvel aileron arrière introduit ici par Ferrari réduisait sensiblement le graining, particulièrement vif sur ce circuit.
Max Verstappen est fort déçu après son abandon. Certes, c'est la première fois depuis deux ans qu'il ne voit pas le drapeau à damiers et il a entretemps remporté 35 des 44 Grands Prix disputés (!). Mais cette avarie de freins le frustre, et il peste contre ses mécaniciens, avant de faire bonne figure devant la presse. « Mon frein arrière droit est resté coincé à l'extinction des feux, explique-t-il. Les températures n'ont pas cessé de monter, jusqu'à ce que ça prenne feu. Avec un étrier coincé, on a l'impression de rouler avec le frein à main ! Bon, c'est une belle série qui prend fin, mais d'une certaine façon, je suis excité à l'idée de rebondir dès Suzuka. » Reste à comprendre l'origine de cette curieuse panne. Après que le fabricant Brembo s'est dédouané, il semble qu'il s'agisse d'une erreur humaine, un mécanicien ayant mal resserré une pièce. Quoiqu'il en soit, en proie à de graves querelles intestines, Red Bull achève son plus mauvais week-end depuis des lustres. Sergio Pérez, seulement cinquième, n'a pu se battre pour la victoire, en partie à cause d'un plancher endommagé, mais aussi parce que pour la première fois depuis le début de la saison, la RB20 maltraitait ses pneus. « Même Verstappen n'aurait pas gagné, assure Pérez. Nous étions en difficulté depuis le début du week-end, nous n'avions pas de rythme. Il est très clair que cette course était pour Ferrari. »
Lando Norris (3e) offre à McLaren son premier podium en 2024. Avec la quatrième place d'Oscar Piastri, l'équipe anglaise ramasse 27 points qui la positionne solidement à la troisième place du championnat des constructeurs. Mais flotte tout de même l'amertume de ne pas pouvoir rivaliser avec Red Bull et Ferrari. « Je suis très fier de ce beau résultat, commente Norris. Ce circuit nous convenait bien et on a pu attaquer. Mais il est clair que Red Bull et Ferrari sont encore un ou deux pas devant nous. Il faut les rattraper, ou du moins s'en rapprocher. » Andrea Stella, plus optimiste, se dit soulagé de constater que la Red Bull n'est pas invincible: « La grande nouvelle du jour, c'est que cette voiture censément plus rapide ne l'est guère, voire pas du tout. Ici, nous étions très proche de Red Bull. Cette nouvelle donne me surprend agréablement. » A voir cependant si elle se confirme lors des prochaines épreuves...
Mercedes (26 points) conserve la quatrième place du classement des constructeurs, mais uniquement grâce à la pénalité (bien sévère) infligée à Fernando Alonso. La marque à l'Étoile quitte l'Australie sur un double abandon: une panne de moteur pour Lewis Hamilton et un gros carton pour George Russell, surpris par un coup de frein d'Alonso. Mais hélas, même avant leurs abandons, les deux Anglais étaient très loin des meilleurs. Le doute n'est plus permis: la W15 est aussi ratée, sinon davantage, que les W13 et W14... « Ce que nous voyons en soufflerie n'est pas corrélé avec ce qui se passe en piste, admet Toto Wolff. Je ne pense pas qu'il nous manque quelque chose fondamentalement, mais nous ne comprenons pas ces divergences, tout simplement. » James Allison estime pour sa part que la chaleur explique les contre-performances de la Mercedes en Australie. En tout cas, il semblerait que Lewis Hamilton ait eu le nez fin en signant avec Ferrari pour 2025...
Tony