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« Gavroche (journal satirique) » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Gavroche (homonymie)}}

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'''''Gavroche''''' (en [[arménien]] '''{{langue|hy|Կավռօշ}}''') est un [[Presse satirique|journal satirique]] de [[Arménien|langue arménienne]] fondé en 1908 par Yervant Tolayan (1883-1937), Krikor Torossian et [[Aram Andonian]] (1875-1951) à [[Constantinople]]{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=126}}. Yervant Tolayan, son animateur principal et [[Rédacteur en chef|rédacteur en chef]], s'installe en [[France]] en 1925 et y reprend la publication de son journal entre 1926 et 1936.
'''''Gavroche''''' (en [[arménien]] {{langue|hy|Կավռօշ}}) est un [[Presse satirique|journal satirique]] de [[Arménien|langue arménienne]] fondé en 1908 par [[Yervant Tolayan]] (1883-1937), Krikor Torossian et [[Aram Andonian]] (1875-1951) à [[Constantinople]]{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=126}}. Yervant Tolayan, son animateur principal et [[rédacteur en chef]], s'installe en [[France]] en 1925 et y reprend la publication de son journal entre 1926 et 1936.


== Historique ==
== Historique ==

=== Dans l'Empire ottoman ===
=== Dans l'Empire ottoman ===
''Gavroche'' est fondé en 1908 par Yervant Tolayan (dont le pseudonyme est d'ailleurs Gavroche), Krikor Torossian et le [[dessinateur]] Aram Andonian, mais c'est surtout le premier qui tient la barre{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=126}}. Le premier numéro paraît le {{Date|31|juillet|1908}}, seulement deux semaines après le coup d’État militaire forçant le sultan [[Abdülhamid II]] à restaurer la constitution ottomane, qui garantit plus de libertés{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=126}}.
''Gavroche'' est fondé en 1908 par Yervant Tolayan (dont le pseudonyme est d'ailleurs Gavroche), Krikor Torossian et le [[dessinateur]] Aram Andonian, mais c'est surtout le premier qui tient la barre{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=126}}. Le premier numéro paraît le {{Date|31|juillet|1908}}, seulement deux semaines après le coup d’État militaire forçant le sultan [[Abdülhamid II]] à restaurer la constitution ottomane, qui garantit plus de libertés{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=126}}.


Avec ce titre, le nouveau journal entend « personnifier l'âme ardente, narquoise, insouciante et héroïque de la sublime création de [[Victor Hugo]] »<ref name=":0">{{Article|langue=fr|auteur1=François Yervant Tolayan|titre=Gavroche se présente|périodique=Gavroche|numéro=49|lieu=Paris|date=05-12-1926|issn=|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Kavrosh/1926/49.pdf|format=PDF|pages=1}}</ref> et donc, comme le note l'historienne [[Anahide Ter Minassian]], il « revendique clairement une filiation française et révolutionnaire »{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=126}}.
Avec ce titre, le nouveau journal entend {{citation|personnifier l'âme ardente, narquoise, insouciante et héroïque de la sublime création de [[Victor Hugo]]}}<ref name=":0">{{Article|langue=fr|auteur1=François [[Yervant Tolayan]]|titre=Gavroche se présente|périodique=Gavroche|numéro=49|lieu=Paris|date=05-12-1926|issn=|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Kavrosh/1926/49.pdf|format=PDF|pages=1}}</ref> et donc, comme le note l'historienne [[Anahide Ter Minassian]], il {{citation|revendique clairement une filiation française et révolutionnaire}}{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=126}}.

''Gavroche'' connaît des variations de format et de [[Publication périodique|périodicité]]{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=127}} :


''Gavroche'' connaît des variations de format et de [[Publication périodique|périodicité]]{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=127}} :
* 1908-1910 : tri-hebdomadaire de 1908 à 1910, grand format (28 cm x 40 cm) de quatre pages ;
* 1908-1910 : tri-hebdomadaire de 1908 à 1910, grand format (28 cm x 40 cm) de quatre pages ;
* 1911-1912 : hebdomadaire, format réduit de revue littéraire allant de 20 à 32 pages ;
* 1911-1912 : hebdomadaire, format réduit de revue littéraire allant de 20 à 32 pages ;
* Pendant quelques mois en 1912 : tri-hebdomadaire ;
* Pendant quelques mois en 1912 : tri-hebdomadaire ;
* 1913-1914 : hebdomadaire.
* 1913-1914 : hebdomadaire.
[[Fichier:Yervant Tolayan (1911).jpg|gauche|vignette|Yervant Toloyan vers 1911.]]
À partir de 1909, Yervant Toloyan publie pratiquement seul son journal avec la collaboration de journalistes-dessinateurs (mal connus pour la plupart) qui travaillent alors aussi pour d'autres journaux arméniens, grecs et turcs stambouliotes : parmi eux, Anahide Ter Minassian nomme [[Aram Andonian]], M. Tachjian, Kr. Mekhitarian, Max., Nub., Antoniadès, Armenak Der Hagopian, Zareh Kalfayan, etc.{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=128}}.


De 1908 à 1914, Anahide Ter Minassian relève la publication de {{citation|plus de 1000 dessins satiriques et des centaines de vignettes qui mériteraient l'attention}} par ''Gavroche''{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=130}}.
[[Fichier:Yervant Tolayan.jpg|gauche|vignette|Yervant Tolayan.]]
À partir de 1909, Yervant Toloyan publie pratiquement seul son journal avec la collaboration de journalistes-dessinateurs (mal connus pour la plupart) qui travaillent alors aussi pour d'autres journaux arméniens, grecs et turcs stambouliotes : parmi eux, Anahide Ter Minassian nomme [[Aram Andonian]], M. Tachjian, Kr. Mekhitarian, Max., Nub., Antoniadès, Armenak Der Hagopian, Zareh Kalfayan, etc.{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=128}}.


La satire du journal a de nombreuses cibles, dénonçant principalement les travers et mœurs de la communauté arménienne{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=129}}. ''Gavroche'' se caractérise par son [[anticléricalisme]], critiquant ainsi l’[[Église apostolique arménienne]] (notamment Malakia Ormanian, [[Patriarcat arménien de Constantinople|patriarche de Constantinople]] de 1896 à 1908, renversé au moment de la révolution de juillet{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=138}}) et son pouvoir sur l'''Ermeni [[Millet (Empire ottoman)|Millet]]'' (la nation arménienne), mais aussi les Arméniens catholiques et protestants{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=129}}. De même, les partis politiques arméniens comme la [[Fédération révolutionnaire arménienne]] (aussi appelé parti Tachnak){{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=138}}, ou le [[Parti social-démocrate Hentchak]], sont critiqués{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=129}}. L'alliance entre les Tachnaks et le [[Jeunes-Turcs|Comité Union et Progrès]] est par exemple particulièrement dénoncée{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=133}}. Les instances politiques arméniennes, d'ailleurs souvent aussi religieuses, sont raillées : ''Gavroche'' se moque pêle-mêle des élections ecclésiastiques destinées à élire patriarches et catholicos, du fonctionnement de l'[[Assemblée nationale arménienne (1863)|Assemblée nationale arménienne]] de Constantinople, du comportement des rares députés arméniens à la fois membres de l'Assemblée nationale et du [[Parlement ottoman]], etc.{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=138}}.
De 1908 à 1914, Anahide Ter Minassian relève la publication de « plus de 1000 dessins satiriques et des centaines de vignettes qui mériteraient l'attention » par ''Gavroche''{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=130}}.


Comme le note Anahide Ter Minassian, si l'autodérision communautaire est le thème qui revient le plus souvent dans ''Gavroche''{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=138}}, le journal s'en prend aussi à des cibles non arméniennes : l'[[impérialisme]] occidental, notamment en Afrique, est par exemple dénoncé{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=136}}. Mais le journal reste prudent vis-à-vis de l'[[Islam]], de la société turque ou encore des relations intercommunautaires, craignant la [[censure]] du pouvoir ottoman{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=129}}.
La satire du journal a de nombreuses cibles, dénonçant principalement les travers et mœurs de la communauté arménienne{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=129}}. ''Gavroche'' se caractérise par son [[anticléricalisme]], critiquant ainsi l’[[Église apostolique arménienne]] (notamment Malakia Ormanian, [[Patriarcat arménien de Constantinople|patriarche de Constantinople]] de 1896 à 1908, renversé au moment de la révolution de juillet{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=138}}) et son pouvoir sur l'''Ermeni [[Millet (Empire ottoman)|Millet]]'' (la nation arménienne), mais aussi les Arméniens catholiques et protestants{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=129}}. De même, les partis politiques arméniens comme la [[Fédération révolutionnaire arménienne]] (aussi appelé parti Tachnak){{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=138}}, ou le [[Parti social-démocrate Hentchak]], sont critiqués{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=129}}. L'alliance entre les Tachnaks et le [[Jeunes-Turcs|Comité Union et Progrès]] est par exemple particulièrement dénoncée{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=133}}. Les instances politiques arméniennes, d'ailleurs souvent aussi religieuses, sont raillées : ''Gavroche'' se moque pêle-mêle des élections ecclésiastiques destinées à élire patriarches et catholicos, du fonctionnement de l'[[Assemblée nationale arménienne (1863)|Assemblée nationale arménienne]] de Constantinople, du comportement des rares députés arméniens à la fois membres de l'Assemblée nationale et du [[Parlement ottoman]], etc.{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=138}}.


''Gavroche'' continue à paraître à Constantinople durant la [[Première Guerre mondiale]], en dépit de plusieurs suspensions et, à partir de {{date-|novembre 1918}}, son édition retrouve un cours normal{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=127}}.
Comme le note Anahide Ter Minassian, si l'autodérision communautaire est le thème qui revient le plus souvent dans ''Gavroche''{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=138}}, le journal s'en prend aussi à des cibles non arméniennes : l'[[impérialisme]] occidental, notamment en Afrique, est par exemple dénoncé{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=136}}. Mais le journal reste prudent vis-à-vis de l'[[Islam]], de la société turque ou encore des relations intercommunautaires, craignant la [[censure]] du pouvoir ottoman{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=129}}.


Toutefois, les évènements politiques qui secouent le pays ([[Guerre d'indépendance turque|guerre d'indépendance]], instauration de la République de Turquie, durcissement du régime kémaliste) et l'extermination de la minorité arménienne lors du [[génocide arménien]] font que le journal décline progressivement jusqu'à ce que Yervant Tolayan décide de saborder son journal en 1925{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=127}}. Ainsi, seul un seul numéro est publié début novembre<ref>{{Lien web|langue=hy|format=PDF|titre=Gavroche|url=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Kavrosh/1925/44.pdf|site=tert.nla.am|date=01-11-1925}}</ref>, et il faut attendre le {{date-|3 janvier 1926}} pour que la publication reprenne<ref>{{Lien web|langue=hy|format=PDF|titre=Gavroche|url=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Kavrosh/1926/1.pdf|site=tert.nla.am|date=03-01-1926}}</ref>.
''Gavroche'' continue à paraître à Constantinople durant la [[Première Guerre mondiale]], en dépit de plusieurs suspensions et, à partir de novembre 1918, son édition retrouve un cours normal{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=127}}.

Toutefois, les évènements politiques qui secouent le pays ([[Guerre d'indépendance turque|guerre d'indépendance]], instauration de la République de Turquie, durcissement du régime kémaliste) et l'extermination de la minorité arménienne lors du [[Génocide arménien|génocide arménien]] font que le journal décline progressivement jusqu'à ce que Yervant Toloyan décide de saborder son journal en 1925{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=127}}. Ainsi, seul un seul numéro est publié début novembre<ref>{{Lien web|langue=hy|format=PDF|titre=Gavroche|url=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Kavrosh/1925/44.pdf|site=tert.nla.am|périodique=|date=01-11-1925|consulté le=}}</ref>, et il faut attendre le 3 janvier 1926 pour que la publication reprenne<ref>{{Lien web|langue=hy|format=PDF|titre=Gavroche|url=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Kavrosh/1926/1.pdf|site=tert.nla.am|périodique=|date=03-01-1926|consulté le=}}</ref>.


=== En France ===
=== En France ===
[[Fichier:Gavroche Front (3 May 1936).png|vignette|La manchette de ''Gavroche'' du 3 mai 1936.]]
[[Fichier:Gavroche Front (3 May 1936).png|vignette|La manchette de ''Gavroche'' du 3 mai 1936.]]
Comme beaucoup d'Arméniens, notamment écrivains et intellectuels, Yervant Toloyan s'installe en [[France]] en décembre 1926 et y fait immédiatement renaître ''Gavroche''{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=126}}. Dans le numéro du 5 décembre, il écrit ainsi : « En transférant mon Gavroche à Paris, où la généreuse hospitalité française a attiré un si grand nombre de nos intellectuels, je crois être conséquent avec moi-même, et je suis heureux de respirer cet air de Paris qui vivifie l'esprit et fortifie l'âme. Par ma publication je tâcherai de maintenir mes lecteurs dans l'amour ému et reconnaissant de ce pays, qui est devenu une seconde patrie pour un si grand nombre d'entre nous »<ref name=":0" />.
Comme beaucoup d'Arméniens, notamment écrivains et intellectuels, Yervant Tolayan s'installe en [[France]] en {{date-|décembre 1926}} et y fait immédiatement renaître ''Gavroche''{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=126}}. Dans le numéro du {{date-|5 décembre}}, il écrit ainsi : {{citation|En transférant mon Gavroche à Paris, où la généreuse hospitalité française a attiré un si grand nombre de nos intellectuels, je crois être conséquent avec moi-même, et je suis heureux de respirer cet air de Paris qui vivifie l'esprit et fortifie l'âme. Par ma publication je tâcherai de maintenir mes lecteurs dans l'amour ému et reconnaissant de ce pays, qui est devenu une seconde patrie pour un si grand nombre d'entre nous}}<ref name=":0" />.


Le journal est alors lu par la [[Diaspora arménienne en France|diaspora arménienne de France]]{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=127}}. Comme le note Anahide Ter Minassian, « ''Gavroche'' commente les mœurs parisiennes et adopte le ton de la franche gaudriole et de la gauloiserie. Ce sera un échec »{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=127}}.
Le journal est alors lu par la [[Diaspora arménienne en France|diaspora arménienne de France]]{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=127}}. Comme le note Anahide Ter Minassian, {{citation|''Gavroche'' commente les mœurs parisiennes et adopte le ton de la franche gaudriole et de la gauloiserie. Ce sera un échec}}{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=127}}.


Le journal disparaît en 1936. Comme une large partie des réfugiés arméniens rescapés du génocide, Yervant Tolayan pense l'exil temporaire et, poussé par le mal du pays et les difficultés financières, il décide d'émigrer en [[République socialiste soviétique d'Arménie|Arménie soviétique]]{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=127}}. Quelques mois après son arrivée, il est arrêté et perd la vie en 1937 dans des circonstances inconnues{{Sfn|Anahide Ter Minassian|1995|p=128}}.
Gavroche publie aussi des [[Almanach|almanachs]] : deux d'entre eux, celui de 1928<ref>{{Ouvrage|langue=hy|auteur1=Yervant Tolayan|titre=Կավռօշի տարեգիրքը|traduction titre=L'almanach de Gavroche|passage=|lieu=Paris|éditeur=Imp. Massis|date=1928|pages totales=416|isbn=|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3744481.r=yervant%20tolayan?rk=42918;4}}</ref> et celui de 1933<ref>{{Ouvrage|langue=hy|auteur1=Yervant Tolayan|titre=Կավռօշի տարեգիրքը|traduction titre=L'almanach de Gavroche|passage=|lieu=Paris|éditeur=Imp. Massis|date=1933|pages totales=198|isbn=|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9340011.r=yervant%20tolayan?rk=21459;2}}</ref>, sont consultables sur [[Gallica]].


== Almanachs ==
Le journal disparaît en 1936. Comme une large partie des réfugiés arméniens rescapés du génocide, Yervant Tolayan pense l'exil temporaire et, poussé par le mal du pays et les difficultés financières, il décide d'émigrer en [[République socialiste soviétique d'Arménie|Arménie soviétique]]{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=127}}. Quelques mois après son arrivée, il est arrêté et perd la vie en 1937 dans des circonstances inconnues{{Sfn|Anahide Ter Minassian|5=1995|p=128}}.
Gavroche publie aussi des [[Almanach|almanachs]], dont certains sont consultables en ligne :
* {{Ouvrage|langue=hy|titre=Կավռօշին տարեգիրքը 1922|traduction titre=L'almanach de Gavroche de 1922|lieu=Constantinople|éditeur=Impr. Simon Ohanian|date=1922|pages totales=170|lire en ligne=http://haygirk.nla.am/upload/1512-1940/1901-1940/kavroshin_taregirqy_1922.pdf}}
* {{Ouvrage|langue=hy|titre=Կավռօշին տարեգիրքը 1925|traduction titre=L'almanach de Gavroche de 1925|lieu=Constantinople|éditeur=Impr. M. Der-Sahaguian|date=1925|pages totales=303|lire en ligne=http://haygirk.nla.am/upload/1512-1940/1901-1940/kavroshi_taregirqy_1924.pdf}}
* {{Ouvrage|langue=hy|titre=Կավռօշին տարեգիրքը 1927|traduction titre=L'almanach de Gavroche de 1927|lieu=Constantinople|éditeur=Impr. F. Djariani|date=1927|pages totales=383|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/HAY%20GIRQ/Ardy/1921-1950/kavrosh_taregirq_1926.pdf}}
* {{Ouvrage|langue=hy|titre=Կավռօշի տարեգիրքը 1928|traduction titre=L'almanach de Gavroche de 1928|lieu=Paris|éditeur=Impr. Massis|date=1928|pages totales=416|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k3744481.r}}}}
* {{Ouvrage|langue=hy|titre=Կավռօշի տարեգիրքը 1932|traduction titre=L'almanach de Gavroche de 1932|lieu=Paris|éditeur=Impr. Massis|date=1932|pages totales=287|lire en ligne=http://haygirk.nla.am/upload/1512-1940/1901-1940/kavrosh_1932.pdf}}
* {{Ouvrage|langue=hy|titre=Կավռօշի տարեգիրքը 1933|traduction titre=L'almanach de Gavroche de 1933|lieu=Paris|éditeur=Impr. Massis|date=1933|pages totales=198|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k9340011.r}}}}


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références|taille=30|groupe=}}
{{Références}}


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==

=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Histoire des Arméniens dans l'Empire ottoman]]

* [[Diaspora arménienne en France]]
*[[Histoire des Arméniens dans l'Empire ottoman]]
*[[Diaspora arménienne en France]]
* [[Presse arménienne de France]]
*[[Presse satirique]]
* [[Presse satirique]]
* [[Yervant Tolayan]]


=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{Article|langue=fr|auteur1=[[Anahide Ter Minassian]]|titre=Les dessins satiriques dans le périodique arménien ''Gavroche'' (1908-1920)|périodique=Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée|numéro=77-78|titre numéro=L'humour en Orient|date=1995|issn=|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1995_num_77_1_1716|pages=123-143}}

* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Krikor Beledian]]|titre=Cinquante ans de littérature arménienne en France|sous-titre=Du même à l'autre|éditeur=[[CNRS Éditions]]|année=2001|pages totales=487|isbn=978-2-271-05929-1}}
*{{Article|langue=fr|auteur1=Anahide Ter Minassian|lien auteur1=Anahide Ter Minassian|titre=Les dessins satiriques dans le périodique arménien ''Gavroche'' (1908-1920)|périodique=Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée|numéro=77-78|titre numéro=L'humour en Orient|date=1995|issn=|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1995_num_77_1_1716|pages=123-143}}
*{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Krikor Beledian|lien auteur1=Krikor Beledian|titre=Cinquante ans de littérature arménienne en France|sous-titre=Du même à l'autre|passage=|lieu=|éditeur=CNRS Éditions|date=2001|pages totales=487|isbn=978-2271059291|lire en ligne=}}


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
{{Liens}}
* Une partie des numéros numérisés est consultable sur le site de l'Union Catalog of Armenian Continuing Resources : {{Lien web|langue=hy|titre=ԿԱՎՌՕՇ|url=http://tert.nla.am/mamul/Kavrosh/NLA.html|site=tert.nla.am}}


{{Palette|Littérature arménienne en France}}
* {{Autorité}}
{{Portail|Arménie|Presse écrite|Humour|Années 1900|Années 1910|Entre-deux-guerres}}
* Une partie des numéros numérisés est consultable sur le site de l'Union Catalog of Armenian Continuing Resources : {{Lien web|langue=hy|titre=ԿԱՎՌՕՇ|url=http://tert.nla.am/mamul/Kavrosh/NLA.html|site=tert.nla.am|périodique=|date=|consulté le=}}

{{Portail|Arménie|Presse écrite|Humour}}


[[Catégorie:Presse arménienne de France]]
[[Catégorie:Titre de presse créé en 1908]]
[[Catégorie:Titre de presse créé en 1908]]
[[Catégorie:Titre de presse disparu en 1936]]
[[Catégorie:Titre de presse disparu en 1936]]
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[[Catégorie:Presse écrite française non francophone]]
[[Catégorie:Presse écrite française non francophone]]
[[Catégorie:Diaspora arménienne en France]]
[[Catégorie:Diaspora arménienne en France]]
[[Catégorie:Presse satirique]]
[[Catégorie:Presse satirique en Turquie]]
[[Catégorie:Presse satirique en France]]

Dernière version du 30 décembre 2023 à 14:41

Gavroche
Կավռօշ
Image illustrative de l’article Gavroche (journal satirique)
Manchette du journal Gavroche du 26 août 1909

Pays Drapeau de l'Empire ottoman Empire ottoman (1908-1925)
Drapeau de la France France (1926-1936)
Langue Arménien occidental
Périodicité Variable
Genre Satire
Fondateur Yervant Tolayan
Date de fondation
Date du dernier numéro

Rédacteur en chef Yervant Tolayan

Gavroche (en arménien Կավռօշ) est un journal satirique de langue arménienne fondé en 1908 par Yervant Tolayan (1883-1937), Krikor Torossian et Aram Andonian (1875-1951) à Constantinople[1]. Yervant Tolayan, son animateur principal et rédacteur en chef, s'installe en France en 1925 et y reprend la publication de son journal entre 1926 et 1936.

Dans l'Empire ottoman

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Gavroche est fondé en 1908 par Yervant Tolayan (dont le pseudonyme est d'ailleurs Gavroche), Krikor Torossian et le dessinateur Aram Andonian, mais c'est surtout le premier qui tient la barre[1]. Le premier numéro paraît le , seulement deux semaines après le coup d’État militaire forçant le sultan Abdülhamid II à restaurer la constitution ottomane, qui garantit plus de libertés[1].

Avec ce titre, le nouveau journal entend « personnifier l'âme ardente, narquoise, insouciante et héroïque de la sublime création de Victor Hugo »[2] et donc, comme le note l'historienne Anahide Ter Minassian, il « revendique clairement une filiation française et révolutionnaire »[1].

Gavroche connaît des variations de format et de périodicité[3] :

  • 1908-1910 : tri-hebdomadaire de 1908 à 1910, grand format (28 cm x 40 cm) de quatre pages ;
  • 1911-1912 : hebdomadaire, format réduit de revue littéraire allant de 20 à 32 pages ;
  • Pendant quelques mois en 1912 : tri-hebdomadaire ;
  • 1913-1914 : hebdomadaire.
Yervant Toloyan vers 1911.

À partir de 1909, Yervant Toloyan publie pratiquement seul son journal avec la collaboration de journalistes-dessinateurs (mal connus pour la plupart) qui travaillent alors aussi pour d'autres journaux arméniens, grecs et turcs stambouliotes : parmi eux, Anahide Ter Minassian nomme Aram Andonian, M. Tachjian, Kr. Mekhitarian, Max., Nub., Antoniadès, Armenak Der Hagopian, Zareh Kalfayan, etc.[4].

De 1908 à 1914, Anahide Ter Minassian relève la publication de « plus de 1000 dessins satiriques et des centaines de vignettes qui mériteraient l'attention » par Gavroche[5].

La satire du journal a de nombreuses cibles, dénonçant principalement les travers et mœurs de la communauté arménienne[6]. Gavroche se caractérise par son anticléricalisme, critiquant ainsi l’Église apostolique arménienne (notamment Malakia Ormanian, patriarche de Constantinople de 1896 à 1908, renversé au moment de la révolution de juillet[7]) et son pouvoir sur l'Ermeni Millet (la nation arménienne), mais aussi les Arméniens catholiques et protestants[6]. De même, les partis politiques arméniens comme la Fédération révolutionnaire arménienne (aussi appelé parti Tachnak)[7], ou le Parti social-démocrate Hentchak, sont critiqués[6]. L'alliance entre les Tachnaks et le Comité Union et Progrès est par exemple particulièrement dénoncée[8]. Les instances politiques arméniennes, d'ailleurs souvent aussi religieuses, sont raillées : Gavroche se moque pêle-mêle des élections ecclésiastiques destinées à élire patriarches et catholicos, du fonctionnement de l'Assemblée nationale arménienne de Constantinople, du comportement des rares députés arméniens à la fois membres de l'Assemblée nationale et du Parlement ottoman, etc.[7].

Comme le note Anahide Ter Minassian, si l'autodérision communautaire est le thème qui revient le plus souvent dans Gavroche[7], le journal s'en prend aussi à des cibles non arméniennes : l'impérialisme occidental, notamment en Afrique, est par exemple dénoncé[9]. Mais le journal reste prudent vis-à-vis de l'Islam, de la société turque ou encore des relations intercommunautaires, craignant la censure du pouvoir ottoman[6].

Gavroche continue à paraître à Constantinople durant la Première Guerre mondiale, en dépit de plusieurs suspensions et, à partir de , son édition retrouve un cours normal[3].

Toutefois, les évènements politiques qui secouent le pays (guerre d'indépendance, instauration de la République de Turquie, durcissement du régime kémaliste) et l'extermination de la minorité arménienne lors du génocide arménien font que le journal décline progressivement jusqu'à ce que Yervant Tolayan décide de saborder son journal en 1925[3]. Ainsi, seul un seul numéro est publié début novembre[10], et il faut attendre le pour que la publication reprenne[11].

La manchette de Gavroche du 3 mai 1936.

Comme beaucoup d'Arméniens, notamment écrivains et intellectuels, Yervant Tolayan s'installe en France en et y fait immédiatement renaître Gavroche[1]. Dans le numéro du , il écrit ainsi : « En transférant mon Gavroche à Paris, où la généreuse hospitalité française a attiré un si grand nombre de nos intellectuels, je crois être conséquent avec moi-même, et je suis heureux de respirer cet air de Paris qui vivifie l'esprit et fortifie l'âme. Par ma publication je tâcherai de maintenir mes lecteurs dans l'amour ému et reconnaissant de ce pays, qui est devenu une seconde patrie pour un si grand nombre d'entre nous »[2].

Le journal est alors lu par la diaspora arménienne de France[3]. Comme le note Anahide Ter Minassian, « Gavroche commente les mœurs parisiennes et adopte le ton de la franche gaudriole et de la gauloiserie. Ce sera un échec »[3].

Le journal disparaît en 1936. Comme une large partie des réfugiés arméniens rescapés du génocide, Yervant Tolayan pense l'exil temporaire et, poussé par le mal du pays et les difficultés financières, il décide d'émigrer en Arménie soviétique[3]. Quelques mois après son arrivée, il est arrêté et perd la vie en 1937 dans des circonstances inconnues[4].

Gavroche publie aussi des almanachs, dont certains sont consultables en ligne :

  • (hy) Կավռօշին տարեգիրքը 1922 [« L'almanach de Gavroche de 1922 »], Constantinople, Impr. Simon Ohanian,‎ , 170 p. (lire en ligne)
  • (hy) Կավռօշին տարեգիրքը 1925 [« L'almanach de Gavroche de 1925 »], Constantinople, Impr. M. Der-Sahaguian,‎ , 303 p. (lire en ligne)
  • (hy) Կավռօշին տարեգիրքը 1927 [« L'almanach de Gavroche de 1927 »], Constantinople, Impr. F. Djariani,‎ , 383 p. (lire en ligne)
  • (hy) Կավռօշի տարեգիրքը 1928 [« L'almanach de Gavroche de 1928 »], Paris, Impr. Massis,‎ , 416 p. (lire en ligne sur Gallica)
  • (hy) Կավռօշի տարեգիրքը 1932 [« L'almanach de Gavroche de 1932 »], Paris, Impr. Massis,‎ , 287 p. (lire en ligne)
  • (hy) Կավռօշի տարեգիրքը 1933 [« L'almanach de Gavroche de 1933 »], Paris, Impr. Massis,‎ , 198 p. (lire en ligne sur Gallica)

Notes et références

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  1. a b c d et e Anahide Ter Minassian 1995, p. 126.
  2. a et b François Yervant Tolayan, « Gavroche se présente », Gavroche, Paris, no 49,‎ , p. 1 (lire en ligne [PDF])
  3. a b c d e et f Anahide Ter Minassian 1995, p. 127.
  4. a et b Anahide Ter Minassian 1995, p. 128.
  5. Anahide Ter Minassian 1995, p. 130.
  6. a b c et d Anahide Ter Minassian 1995, p. 129.
  7. a b c et d Anahide Ter Minassian 1995, p. 138.
  8. Anahide Ter Minassian 1995, p. 133.
  9. Anahide Ter Minassian 1995, p. 136.
  10. (hy) « Gavroche » [PDF], sur tert.nla.am,
  11. (hy) « Gavroche » [PDF], sur tert.nla.am,

Articles connexes

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Bibliographie

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Liens externes

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