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Aquamanile

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Aquamanile en bronze (ca. XIIe – XIIIe siècle)

Un aquamanile est un récipient destiné au lavage des mains, soit lors des actions liturgiques, soit dans la vie courante. Il peut être réalisé en céramique, en alliage cuivreux (bronze à la cire perdue) ou en métaux précieux. Seuls ceux en céramique ou en alliages cuivreux sont parvenus jusqu'à nous. On recense environ 380 aquamaniles médiévaux en alliage cuivreux. Il prend généralement des formes animales (un tiers de ces 380 adoptent la forme d'un lion). Les aquamaniles sont apparus en Orient, puis ont été assimilés en Europe au début du Moyen Âge. Leur utilisation connaît un apogée dans le Moyen Âge tardif.

Historique de l'aquamanile

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Si l'étymologie d'aquamanile (aqua : eau & manus : mains) peut suffire à la définition de l'objet - un récipient contenant de l'eau destinée au lavement des mains -, le contexte et les significations du geste simple qui est à l'origine de la création de l'aquamanile sont plus complexes à cerner.

Lorsque le Christ fut présenté devant Ponce Pilate, ce dernier, ayant manifesté son doute face à la culpabilité de Jésus, échoua dans son habile tentative de l'épargner en proposant au peuple de choisir un captif à libérer. Le choix du peuple se porta en effet sur Barabbas et non sur le Christ. Alors Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte allait croissant, prit de l'eau et se lava les mains devant la foule, en disant : « Je suis innocent du sang de ce juste ; à vous de voir ! ». Pilate s'affranchit de sa culpabilité et des conséquences de son propre rôle dans les évènements qui s'ensuivront en effectuant ce geste hautement symbolique. Cet archétype d'ablution, conférant une virginité morale, est présent dans la sphère sacrée comme dans la sphère profane.

Dans le domaine du sacré, le prêtre se lave les mains après l'offertoire et avant la consécration, en prononçant les paroles du psaume 26 Lavabo inter innocentes manus meas…, marquant ainsi sa pureté avant le sacrifice. Ce lavement des mains est bien sûr purement symbolique et non hygiénique, mais il nécessite l'eau, le récipient qui la contient et le récipient qui collecte l'eau des ablutions. Si la forme du verseur (aquamanile, aiguière ou puisette) est peu importante, puisqu'il contient suffisamment d'eau pour effectuer le lavement, celle du réceptacle est moins évidente. Il peut s'agir d'un bassin (en céramique ou métal) ou d'une piscine, dispositif architectural placé du côté de l'épître (côté droit de l'autel vu par les fidèles), composé d'une cuvette et d'une évacuation. Certaines piscines sont géminées, pour que l'écoulement des eaux du lavabo ne se mélange pas à celles des ablutions des vases sacrés faites après la communion.

Enfant d'honneur, lave tes mains
À ton lever, à ton dîner,
Et puis au soupper sans finer ;
Ce sont trois foyas à tout le moins

— Contenances de la table, manuscrit du XVe siècle

Dans le domaine profane, le lavement des mains a une double valeur, symbolique et hygiénique. Lorsqu'il ponctue ou conclut le repas, il s'inscrit principalement dans une préoccupation hygiénique. En revanche, le geste effectué au tout début du repas obéit à une codification de l'hospitalité. Le maître de maison fait « corner l'eau », qu'un serviteur lui apporte accompagné d'un bassin. Le lavement des mains pour celui qui reçoit comme pour celui qui est reçu implique l'acceptation d'une communauté de valeurs de savoir-vivre mais aussi de confiance.

Les aquamaniles du Moyen Âge étaient, par ordre croissant de valeur, en céramique commune glaçurée, en alliage cuivreux fondu à la cire perdue ou en métaux précieux. Seuls des représentants de deux premières catégories sont conservés. Les aquamaniles en alliages cuivreux des collections publiques sont majoritairement des productions allemandes des XIIIe et XIVe siècles. Leur forme, qui les distingue de la commune aiguière, emprunte au rhyton antique son aspect zoomorphe, puis par extension anthropomorphe (chevalier, centaure, lai d'Aristote), à l’œnochoé son anse et au tonnelet son robinet. Le lion semble le sujet plus fréquent, mais le griffon ou la chimère avimorphe (en forme d'oiseau) sont des formes qu'affectent les aquamaniles orientaux anciens. Cependant, la forme seule ne permet pas de déterminer le contexte d'utilisation, les inventaires d'églises mentionnent des aquamaniles en forme de lion, dragon, oiseaux, etc.

Autres ustensiles de lavement des mains

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La puisette, petit récipient en alliage cuivreux à bec verseur et anse, est une alternative statique à l'aquamanile. Installée dans une niche, au-dessus d'un bassin mobile ou d'une cuvette d'évacuation, on la retrouve dans les deux univers sacré et profane. Elle compense la fixité de son emplacement en offrant à l'individu la possibilité de l'utiliser seul, au contraire de l'aquamanile, dont le poids joint au caractère précieux implique la présence d'un serviteur. La fontaine murale, récipient muni d'un robinet, est une variante de la puisette.

Les lavabos collectifs, enfin, tel celui de l'abbaye du Thoronet, sont des dispositifs architecturaux importants, comprenant un édicule et un bassin alimenté par une fontaine permettant à plusieurs personnes de se laver les mains, avec bien plus d'eau que l'aquamanile ou la puisette.

Galerie d'images

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Bibliographie

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  • (de) O. von Falke et E. Meyer, Romanische Leuchter und Gefässe. Giessgefässe der Gotik, Berlin, (OCLC 1099683)
  • (en) Peter Barnet et Pete Dandridge, Lions, Dragons, & other Beasts : Aquamanilia of the Middle Ages : Vessels for Church and Table (Bard Graduate Center for Studies in the Decorative Arts, Design & Culture), New Haven, Yale University Press, (ISBN 978-0-300-11684-7, OCLC 63807726)

Articles connexes

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