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Maison d'enfants de Broût-Vernet

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La Maison d'enfants de Broût-Vernet située au château des Morelles à Broût-Vernet (Allier) est durant la Seconde Guerre mondiale une maison de l'Œuvre de secours aux enfants. Elle ouvre ses portes en . Elle accueille jusqu'à 98 enfants en même temps. La dispersion commence en . La Maison d'enfants de Broût-Vernet ferme officiellement le .

Un contrat de location du château des Morelles, à Broût-Vernet (Allier), est signé à l’Agence Barnier à Vichy (Allier) le entre le propriétaire, Monsieur Alexandre Hygonnet, et l'Œuvre de secours aux enfants. Il peut être renouvelé pour un an, et ce jusqu’à la cessation des hostilités[1].

La Maison d'enfants de Broût-Vernet ouvre ses portes en [1]. De à , elle est dirigée par le rabbin Schneour Zalman Schneersohn, son premier directeur spirituel. C'est une maison de stricte observance religieuse[2]. Le docteur Alexandra Bass[3] arrive en décembre 1939 ou janvier 1940[1]. Sa mère Khaïa Bass et son frère Boris Bass font aussi partie du personnel, Khaïa Bass en tant que cuisinière et Boris Bass en tant qu’ouvrier agricole[4]. le rabbin demande à Alexandra Bass de devenir directrice.

L'équipe s'étoffe peu à peu avec l'arrivée en janvier 1940 de l’économe Joseph Cogan et de sa famille[1]. celle de Miriam Weichselbaum en février 1940, qui s’occupe des grandes. Ses parents la rejoignent deux mois plus tard[5].

La première liste d’enfants date du 10 avril 1940[1]. D’avril 1940 à février 1944 environ 340 enfants séjournent à Broût-Vernet pour des périodes de trois mois (ou moins) à trois ans. Ils sont 220 garçons et 120 filles arrachés aux camps d’internement du sud-ouest ou placés par leur famille[1]. Ils sortent peu de la maison d'enfants, sauf pour aller à l’école à Broût-Vernet (au moins 230 sont scolarisés) encadrés par des éducateurs et une promenade ou pique-nique au bord de la Sioule[1].

Le 30 juin, Alexandra Bass, de nationalité russe, est arrêtée par la gendarmerie d’Escurolles sur ordre du préfet par mesure administrative à la suite de la rupture du pacte germano-soviétique et doit se déclarer russe blanche et tout à fait ennemie du régime soviétique. Son frère, Boris Bass, et Joseph Cogan sont aussi arrêtés. Ils sont conduits à Vichy et relâchés à une date non connue[4]. Khaïa Bass décède le 4 décembre à la maison d'enfants[4].

En février, Henri Dybnis, d'origine russe arrive à Broût-Vernet. Il s'occupe des garçons[6]. En juin, Adrien Zélikowski (qui sera connu après la guerre sous le nom de rabbin Adrien Guttel) prend la direction de l'institution. Il remplace le docteur Alexandra Bass. Elle reste cependant à Broût-Vernet jusqu’à la fin de la guerre [4]. Boris Bass est expulsé de l’Allier comme Juif étranger en septembre[4].

Un état mensuel des arrivées et des départs des enfants est envoyé au commissaire spécial à Vichy. Les enfants ne sont pas des "enfants cachés "[1].

Le 26 mars, Miriam Weichselbaum et Henri Dybnis se marient à la mairie de Broût-Vernet[6]. Le 19 mai[7], Henri Klein arrive à Broût-Vernet, il est le beau-frère du directeur, Adrien Zélikowski (Adrien Guttel). Il le remplace comme économe. La date de son départ de Broût-Vernet n'est pas connue. En mai, Jacques Cohn devient directeur pédagogique de la Maison d'Enfants de Broût-Vernet[2]. Il recrute Gaby Wolff, rencontrée à la boucherie cacher de Vichy[2].

En juin compte 94 enfants (37 filles et 57 garçons). Un mois plus tard, le total est de 98 enfants (38 filles et 60 garçons)[1]. Cependant en août 1943, commence la dispersion des enfants de la maison de Broût-Vernet[1]. Recherché par la Gestapo, Robert Weil quitte Broût-Vernet. Le 2 novembre, Joseph Cogan, et ses deux jeunes enfants sont arrêtés puis déportés le 7 décembre de Drancy à Auschwitz par le convoi No 64[1].

Le réseau Garel organise le sauvetage des enfants de la maison de Broût-Vernet. La plupart trouvent refuge dans la Zone d'occupation italienne en France. Ils sont cachés dans des couvents, des pensionnats et chez des particuliers, sous des noms d'emprunt.

La maison d'enfants de Broût-Vernet ferme officiellement le [1]. Elle est reprise, en avril de la même année, après accord du préfet, par les Quakers, "pour l’organisation d’une colonie d’enfants"[1].

À la fermeture de la maison d'enfants de Broût-Vernet, la famille Zelikowski loue une petite maison, près de la place de la Mairie avant de se réfugier en Suisse[8]. Parmi les anciens éducateurs, Le Dr Salomon Gluck, Boris Bass et Robert Weil sont déportés à Auschwitz. Henri Klein est fusillé le pour faits de résistance.

Éducateurs

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Parmi les éducateurs et le personnel encadrant, on trouve Alexandra Bass, son frère et sa mère, Joseph Cogan, Jacques Cohn, Salomon Gluck, Henri Klein, Schneour Zalman Schneersohn, Robert Weil et sa femme, Gaby Wolff, Gustave Adrien Zelikowski et sa femme.

Les enfants de la maison Broût-Vernet

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Parmi les nombreux enfants ayant séjourné à Broût-Vernet on trouve, Aharon Lichtenstein. 19 enfants sont déportés après leur séjour. Aucun n'est revenu.

Liste des enfants juifs ayant transité par Broût-Vernet

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Enfants déportés après leur séjour à Broût-Vernet

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Convoi no. 26 du 31 août 1942

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Les deux frères sont déportés avec leur père, Jacob Davidovitz (45 ans), leur mère, Hendla Davidovitz (48 ans), et leur frère, David Davidowitz (18 ans)

Convoi no. 27 du 2 septembre 1942

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Sa mère, Frajdla Goldberg (37 ans) est déportée par le convoi No. 13, en date du 31 juillet 1942

Convoi no. 28 du 4 septembre 1942

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Les quatre frères sont déportés avec leur père, Salomon Mendelsohn (49 ans), leur mère, Yolande Mendelsohn (49 ans), et leur frère, Henri Mendelsohn (17 ans)

Convoi no. 31 du 11 septembre 1942

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Les deux frères sont déportés avec leur père, Mendel Reicher (53 ans), leur mère, Liba Reicher (49 ans), leur frère, Moses Reicher (14 ans)

Convoi no. 37 du 25 septembre 1942

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Le frère et la sœur sont déportés avec leur père, Jancu Marcovici (61 ans), leur mère, Pepi Marcovici (54 ans). Leur frère, Adolf Marcovici (21 ans) est déporté par le convoi no. 1, en date du 27 mars 1942

Convoi no. 60 du 7 octobre 1943

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Son frère, Simon Belk (12 ans) est déporté par le convoi no. 71, en date du 13 avril 1944

Convoi no. 64 du 7 décembre 1943

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Elle est déportée avec son père, David Horowicz (39 ans), sa mère, Szyka Horowicz (53 ans), et son frère, Marcel Horowicz (13 ans)

Convoi no. 67 du 3 février 1944

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Son père, Chaim Goldberg (51 ans), et son frère, Hendrick Goldberg (20 ans), sont sont déportés par le convoi no. 40, en date du 4 novembre 1942

Convoi no. 71 du 13 avril 1944

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Sa mère, Marie Bugajski (47 ans), et son frère, Abraham Bugajski (19 ans) sont déportés dans ce même convoi. Ils étaient dans la maison d'enfance de La Martellière, Voiron (Isère)[24],[25],[26],[27],[28], dirigée par le grand-rabbin Schneour Zalman Schneersohn. Le père, Herszlik Bugajski (49 ans), interné au camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) est déporté par le convoi no. 19, en date du 14 août 1942

Son père, Jankiel Teitelbaum (42 ans) est déporté par le convoi no. 27, en date du 2 septembre 1942. Sa mère, Sefa Teitelbaum (43 ans), sa sœur, Gabrielle Teitelbaum (16 ans), et son frère, Maurice Teitelbaum (14 ans), sont déportés par le convoi no. 72, en date du 29 avril 1944. Son frère, Max Teitelbaum (12 ans) est déporté dans le convoi no. 71

Convoi no. 72 du 29 avril 1944

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Leur mère, Toni Kisner (36 ans) est déportée par le convoi no. 31, en date du 11 septembre 1942

Bibliographie

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  • François Demaegdt & Jean-François Glomet, La Maison d'enfants des Morelles, 1939-1944, préface de Me Serge Klarsfeld et Sabine Zeitoun, Broût-Vernet, Association Azi la Garance, 2010[29],[30].

Notes et références

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  1. a b c d e f g h i j k l et m L’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants). La Maison d’enfants aux Morelles à Broût-Vernet. afmd-allier.com.
  2. a b et c Margot Cohn et Georges Weill. Jacques COHN (Bô) Strasbourg, 1916 - Jérusalem 1974. Histoire de l’OSE - Les grandes figures. ose-france.org.
  3. Zalman SCHNEERSOHN. afmd-allier.com.
  4. a b c d et e Docteur Alexandra Bass et sa famille. afmd-allier.com.
  5. Miriam WEICHSELBAUM épouse DYBNIS. afmd-allier.com.
  6. a et b Henri DYBNIS/ afmd-allier.com.
  7. Henri KLEIN. afmd-allier.com.
  8. Famille Zélikowski-Guttel. AFMD. Allier.
  9. (en) Bluma Lichtenstein (Schwartz). geni.com.
  10. (en) Yechiel Lichtenstein. geni.com.
  11. (en) Sarah Schneerson (Levine). geni.com.
  12. (en) Geneviève Ginette Guttel (Klein). geni.com.
  13. a et b Henri et Renée ENGLANDER. afmd-allier.com.
  14. (en) Jacques Besnainou, The Promise: The Tale of Two Families Betrayed by France and Saved by the French, Jib Consulting LLC, 2013, (ISBN 0991166302), (ISBN 9780991166305). Histoire de Renée Holzer-Englander-Besnainou par son fils.
  15. (en) Hirsch, Benjamin (2002). thebreman.aviaryplatform.com.
  16. Yankel Mandel, Récits crépusculaires: suivis de poèmes, vignettes et esquisses, Editions Publibook, 2018, (ISBN 2342160755), (ISBN 9782342160758), p. 73.
  17. (en) « Aharon Lichtenstein, renowned Modern-Orthodox rabbi, dies at 81 », Haaretz,
  18. a et b (en) « Lichtenstein, Aaron », Encyclopaedia Judaica, Inscription nécessaire
  19. (en) Aharon Lichtenstein, « My Education and Aspirations: Autobiographical Reflections of Rav Aharon Lichtenstein zt"l », sur etzion.org.il
  20. « Décès du rabbin Aharon Lichtenstein à 81 ans », The Times of Israel,
  21. «Décès du rabbin Aaron Lichtenstein, maitre de l’orthodoxie moderne », israpresse.net, 20 avril 2015.
  22. (en) Shoshana Lichtenstein-Avner. geni.com.
  23. (en) LICHTENSTEIN--Dr. Aharon. nytimes/obituary.
  24. Voiron dans la Shoah. Voiron en ligne.
  25. Floriane Benoit. Rafle des enfants juifs: Voiron retourne son passé. L'Humanité, 25 août 1997.
  26. Delphine Deroo. Les enfants de la Martellière. Chapitre premier. Chronique de recherches
  27. Laurent Duchêne. Vous reprendrez bien quelques juifs. Vacarme 04/05/actualités.
  28. Manon Bakour. Hommage poignant hier à Voiron. Culture. 30/03/2009. L'actualité du Grand Grenoble, mGrenoble.fr.
  29. François Demaegdt & Jean-François Glomet, La Maison d'Enfants des Morelles, 2010.
  30. Broût-Vernet, La Semaine de l'Allier, 7 juillet 2015.

Articles connexes

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Liens externes

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