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Syndrome de Lennox-Gastaut

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Le syndrome de Lennox-Gastaut, également connu sous le nom de syndrome de Lennox, est une forme d'épilepsie infantile, rare mais sévère et difficile à traiter.

Elle apparait le plus souvent entre l'âge de 2 et 6 ans et se caractérise par une régression psychomotrice ainsi que des crises fréquentes et de types différents (toniques avec chutes traumatisantes, généralisées tonico-cloniques, des crises toniques nocturnes ou des absences atypiques).

En 1950, l'Américain William Gordon Lennox (1884-1960) décrit des caractéristiques particulières (les pointes-ondes) de l'EEG dans certains états épileptiques[1], mais ne définit pas une maladie particulière. En 1966, le Français Henri Gastaut (1915-1996) décrit une affection selon trois critères : convulsions, déficit intellectuel et caractéristiques EEG, ensemble qu'il propose de nommer « syndrome de Lennox »[2],[3].

La proposition de Gastaut est jugée généreuse : en 1989 une commission internationale d'épileptologie précise la définition du syndrome de Lennox en l'appelant « syndrome de Lennox-Gastaut »[2].

Épidémiologie

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Le syndrome de Lennox-Gastaut est une forme rare d'épilepsie, représentant environ 2 à 5 % des épilepsies infantiles, et à peu près 10 % de celles qui surviennent avant l'âge de cinq ans[4].

L'incidence est d'environ deux cas pour 100 000 enfants[5], et en population générale de 0,1 à 0,28 cas pour cent mille. La prévalence totale est d'environ 26 pour cent mille personnes. Le syndrome est un peu plus fréquent chez les garçons que chez les filles[4].

Dans 40 % des cas environ, le syndrome de Lennox-Gastaut survient à la suite de spasmes infantiles.

Il se fait sur une triade associant des convulsions, un déficit intellectuel, et des altérations caractéristiques à l'examen par EEG[4].

Convulsions

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Les convulsions débutent précocement entre 1 et 7 ans, avec un pic vers 3 ans. Elles sont de divers types, le plus souvent ce sont des crises toniques surtout nocturnes qui peuvent s'associer avec :

Déficit intellectuel

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La croissance initiale d'un enfant atteint n'a rien de particulier, mais un déclin intellectuel apparait après le début des convulsions et s'aggrave avec l'âge. Il s'agit d'une diminution des capacités d'apprentissage avec lenteur intellectuelle, avec des troubles du comportement (irritabilité, hyperactivité, psychose…). Une régression psychomotrice avec perte des acquis est possible[4].

L'EEG est très altéré avec des anomalies inter-critiques bi-frontales et nombreuses, des pointes ondes généralisées mais ces anomalies ne sont pas spécifiques[6]. Un suivi régulier et des examens EEG répétés, au fur et à mesure que les signes cliniques évoluent avec le temps, sont nécessaires pour déterminer le diagnostic[4].

Lorsqu'une cause est identifiée, la forme de Lennox-Gastaut est dite secondaire ou symptomatique. Si aucune cause n'est trouvée, la forme est dite primaire, idiopathique ou cryptogénique.

Formes secondaires

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Elles représentent environ 75 % des cas. Elles sont dues à des causes entrainant une hypoxie ou une ischémie cérébrale[4],[2] :

Le syndrome de West n'est pas une cause spécifique de Lennox-Gastaut, mais environ 30 à 40 % de Lennox-Gastaut ont des antécédents de syndrome de West[4],[5].

Formes primaires

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Les formes sans cause retrouvée (25 % des cas) surviennent plus tardivement que les formes secondaires. Des études génétiques récentes ont retrouvé de nouvelles mutations dans certains gènes tels que SCN1A, GABRB3 (en), ALG13 (en) et CHD2 (en), mais leur signification et leur rôle dans le développement d'un Lennox-Gastaut reste encore inconnu en 2022[4].

Il est souvent accompagné de troubles de comportement et d'un retard intellectuel. La maladie reste très invalidante malgré les traitements[7].

Le taux de létalité est de l'ordre de 3 à 7 % pour 8 à 10 ans de suivi. La mort est souvent d'origine accidentelle survenant au cours d'une crise épileptique. Les formes primaires de Lennox-Gastaut sont de meilleurs pronostic que les formes secondaires[4].

Les crises épileptiques ne sont que peu améliorées par les médicaments antiépileptiques[2]. Une diète cétogène ou une intervention neurochirurgicale (stimulation du nerf vague, chirurgie cérébrale callosotomie dans des cas particuliers) peuvent améliorer transitoirement le syndrome convulsif[4],[7].

L'ajout de cannabidiol au traitement antiépileptique peut améliorer certaines crises[8].

Depuis le , le Fintepla (fenluarmine), un agent de libération de la sérotonine, est approuvé en Europe en complément des antiépileptiques dans le traitement des convulsions liées au syndrome de Lennox-Gastaut et au syndrome de Dravet [9].

La prise en charge thérapeutique nécessite une assistance prolongée par une équipe multidisciplinaire de soignants, et un soutien psycho-social important pour les patients et leurs familles.

Notes et références

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  1. W. G. Lennox et J. P. Davis, « Clinical correlates of the fast and the slow spike-wave electroencephalogram », Pediatrics, vol. 5, no 4,‎ , p. 626–644 (ISSN 0031-4005, PMID 15417264)
  2. a b c et d (en) Camfield PR, « Definition and natural history of Lennox-Gastaut syndrome », Epilepsia, vol. 52, no 5,‎ , p. 3-9 (lire en ligne).
  3. H. Gastaut, J. Roger, R. Soulayrol et C. A. Tassinari, « Childhood epileptic encephalopathy with diffuse slow spike-waves (otherwise known as "petit mal variant") or Lennox syndrome », Epilepsia, vol. 7, no 2,‎ , p. 139–179 (ISSN 0013-9580, PMID 4959714, DOI 10.1111/j.1528-1167.1966.tb06263.x, lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d e f g h i et j Chaitanya Amrutkar et Rosario M. Riel-Romero, « Lennox Gastaut Syndrome », dans StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 30422560, lire en ligne)
  5. a et b (en) Heiskala H, « Community-based study of Lennox-Gastaut syndrome », Epilepsia, vol. 38,‎ , p. 526-531 (lire en ligne).
  6. (en) Arzimanoglou A, French J, Blume WT et al., « Lennox-Gastaut syndrome: a consensus approach on diagnosis, assessment, management, and trial methodology », Lancet Neurol, vol. 8,‎ , p. 82-93 (lire en ligne).
  7. a et b (en) Kim HJ, Kim HD, Lee JS, Heo K, Kim DS, Kang HC, « Long-term prognosis of patients with Lennox-Gastaut syndrome in recent decades », Epilepsy Res, vol. 110,‎ , p. 10-19 (lire en ligne).
  8. (en) Devinsky O, Patel AD, Cross JH et al., « Effect of cannabidiol on drop seizures in the Lennox–Gastaut syndrome », N Engl J Med, vol. 378,‎ , p. 1888-1897 (lire en ligne).
  9. (en) « FINTEPLA[®]▼ (fenfluramine) oral solution approved in the EU for adjunctive treatment of seizures associated with Lennox-Gastaut syndrome (LGS) »,

Articles connexes

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