Traité des reliques
Traité des reliques | |
Édition genevoise de 1599. Traitté des reliques: ou, advertissement tres-utile du grand profit qui reviendrait a la chrestiente s'il se faisait inventaire de tous les corps saincts & reliques qui sont tant en Italie qu'en France, Allemagne, Espagne & autres royaumes & pays. | |
Auteur | Jean Calvin |
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Genre | Traité théologique |
Version originale | |
Langue | Français |
Éditeur | Pierre de la Rouiere |
Lieu de parution | Genève |
Date de parution | 1543 |
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Le Traité des reliques est un essai publié par le réformateur protestant Jean Calvin en 1543.
Présentation
[modifier | modifier le code]De retour à Genève en 1541, Calvin se consacre à la pastorale et à la consolidation de la communauté réformée[1]. En 1543, il publie quatre essais : la Défense de la doctrine du serf arbitre, où il affirme l'importance de la confiance en Dieu ; la Supplication et remontrance sur le fait de la chrétienté et de la réformation d’Église faite à l’Empereur, où il demande à Charles Quint de réformer l'Église et s'élève contre les « superstitions » ; le Petit Traité montrant que doit faire un homme fidèle entre les papistes, où il critique l'« idolâtrie papiste » ; et enfin le Traité des reliques[1].
L'ouvrage, rédigé en français, est publié à Genève et mis à l'Index l'année même de sa parution, en 1543[2].
Contenu
[modifier | modifier le code]Le Traité des reliques est un réquisitoire de Calvin contre le culte des reliques en usage dans l'Église catholique[3]. Avec cet écrit, il appelle à la disparition de « cette superstition païenne de canoniser les reliques, tant de Jésus-Christ que de ses saints, pour en faire des idoles »[3].
Le texte se compose de deux parties : d'abord un essai qui analyse les fraudes pieuses et autres « mensonges » liés à ce culte ; ensuite, un catalogue raisonné de ces reliques[1].
Calvin ironise sur les nombreuses reliques attribuées à Jésus et offertes à la dévotion des fidèles : « Au lieu de chercher le Christ en sa Parole, en ses sacrements et en sa Grâce, on s'amuse à ses robes, ses cheveux et ses drapeaux[4]. » Trop nombreux pour être vrais, ces objets de vénération lui paraissent souvent trop étranges pour ne pas sombrer dans le ridicule, comme le prétendu « lait de Marie » pieusement conservé dans de multiples endroits : « Tant y a que si la sainte Vierge eût été une vache et qu'elle eût été nourrice toute sa vie, à grand-peine en eût-elle pu rendre telle quantité[4]. »
Pour Calvin, le message du Christ est plus important que ses vêtements ou ses hypothétiques restes corporels, sauf à sombrer dans l'adoration d'objets matériels et, partant, dans l'idolâtrie[1]. Qui plus est, la plupart sont des faux, fabriqués de toutes pièces, ou des aberrations comme les trois « prépuces de Jésus » connus à son époque - et dont le nombre s'élève aujourd'hui à onze[3]. Enfin, Calvin s'élève contre la vénération des instruments de la Passion, qui risque d'inciter les fidèles à vouer un culte aux pierres qui ont lapidé saint Étienne ou aux flèches qui ont transpercé saint Sébastien[1].
Rééditions
[modifier | modifier le code]L'ouvrage rencontre un succès immédiat. Réédité une dizaine de fois dans la seconde moitié du XVIe siècle, il est rapidement traduit en latin, en allemand, en anglais et en flamand[1]. On dénombre vingt éditions entre 1543 et 1622 : sept en français, une en latin, six en allemand, deux en anglais et quatre en flamand[5].
Parmi ses premiers traducteurs, on peut citer Nicolas Des Gallars (latin, 1548), Jacob Eysenberg (allemand, 1557), Johann Fischart (allemand, 1583) et Stephen Wythers (anglais, 1561)[6],[7].
Les rééditions du Traité des reliques, constantes depuis la première parution, sont aujourd'hui, pour les plus récentes :
- Traité des reliques, texte présenté par Irena Backus, Labor et Fides, 2000 (ISBN 978-2-8309-0971-5) ;
- Traité des reliques, introduction et notes de Bernard Cottret, Les Éditions de Paris/Max Chaleil, 2009.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Françoise Biotti-Mache, « Aperçu sur les reliques chrétiennes », Études sur la mort, 2007/1 (n° 131), p. 115-132
- « Le Traité des reliques de Jean Calvin (1543) », site du Musée protestant
- Philip Schaff, « 122. Against the Worship of Relics », History of the Christian Church, ch. XV : Theological Controversies
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Le Traité des reliques de Jean Calvin (1543) », site du Musée protestant.
- Philip Schaff, « 122. Against the Worship of Relics », History of the Christian Church, ch. XV : Theological Controversies.
- Françoise Biotti-Mache, « Aperçu sur les reliques chrétiennes », Études sur la mort, 2007/1 (n° 131), p. 115-132.
- « Traité des reliques », sur le site des éditions Labor et Fides.
- Carlos M. N. Eire. War Against the Idols: The Reformation of Worship from Erasmus to Calvin, Cambridge University Press, 1989, p. 229.
- Alfred Erichson, Bibliographia Calviniana: catalogus chronologicus operum Calvini : catalogus systematicus operum ..., 1900, p. 22.
- Andrew Pettegree, «Calvinism in Europe, 1540-1620». Cambridge University Press. 1996 / p. 90.