tion. Aussi voyons-nous les poëtes exagérer et peindre comme très voisin du désespoir, l’état d’angoisse d’un homme qui s’accuse lui-même, et dont le sentiment de sa faute fait le supplice.
Il n’accuse que lui-même et il s’écrie qu’il est l’unique auteur de ses propres maux.
Au lieu que les malheurs d’un grand personnage sont fort allégés et fort adoucis par le sentiment qu’il a de son innocence et de son propre mérite. De plus, lorsque notre malheur vient des autres nous sommes libres de nous plaindre ; ce qui nous met à portée d’exhaler notre douleur, et la rend moins suffocante. En effet, lorsqu’on peut imputer son malheur à l’injustice des autres hommes, l’on est indigné, l’on rêve aux moyens de se venger, on implore la justice divine, ou on l’attend. Et même si c’est un coup de la fortune, on peut, jusqu’à un certain point, se soulager en accusant le destin.
Cette mère infortunée accuse les dieux et les astres cruels.