vent, qui ont des yeux pour ne rien voir, des oreilles pour ne rien entendre, la boutique de Mme Prévost n’existait pas, elle n’a même jamais existé. Ah bien oui ! s’attarder à contempler quelques modestes fleurs quand Chevet, tout à côté, expose ses homards flamboyants !
Mais, pour être ainsi cachée, ignorée, perdue dans son nuage odorant, la boutique de Mme Prevost n’en était que plus tendrement fêtée ; c’était, pour ainsi dire, l’antichambre poétique de tous les amours de vingt ans, c’était le rendez-vous de toutes les passions innocentes, de toutes les coquetteries permises, des élégances les plus légitimes. La jeune femme (femme parisienne, jeunesse parisienne) ne passait jamais devant cet humble parterre sans se souvenir en soupirant de la première fleur qu’elle avait mise à son corsage. Là venaient butiner chaque jour toutes les passions timides que Paris renferme. Cette boutique de Mme Prevost vous offrait à toute heure, selon le besoin de votre âme, des idylles toutes fai-