ont été prolongées sur l’Atlantique à l’aide, de données fournies par un grand nombre de navires. Plusieurs d’entre elles ont mis en évidence des tourbillons entièrement semblables à ceux qui avaient été observés sur le continent, et progressant comme ceux-ci vers l’est. Mais ces cartes fournissent peu de renseignements sur l’origine des tourbillons. Ainsi le commentaire de la carte du 1er octobre 1864 signale une tempête en formation dans les parages de Terre-Neuve et du Labrador, sans autre indication.
Le Bureau météorologique de Londres a publié une série de cartes synoptiques de la partie de l’océan Atlantique située au nord du parallèle de 50 degrés, pour les onze jours qui ont précédé le 8 février 1870, cartes qui nous permettent une nouvelle étude sur l’origine des tempêtes tournantes. Cet intéressant travail a été entrepris après la disparition d’un grand Bâtiment à vapeur, City of Boston, qui avait quitté Halifax le 28 janvier, au début de la période du mauvais temps, et dont on n’a plus entendu parler. La vaste enquête a été encore dirigée par le capitaine Toynbee, qui réunit et discuta les données fournies par trente-six navires dispersés sur différentes parties de la région atlantique, par les stations météorologiques de la côte des États-Unis, de Terre-Neuve et du Labrador, ainsi que celles provenant des stations d’Europe et résumées dans le Bulletin international de l’Observatoire de Paris. Les cartes synoptiques montrent qu’il y avait pendant les onze jours presque constamment du vent de nord dans le voisinage de la côte américaine, et que le vent de sud régnait à une certaine distance dans l’est. Suivant les cartes des lignes isobares de M. Buchan, dont il a déjà été question plus haut, il devait exister des pressions maxima dans les lieux où soufflaient ces vents, et en se rapportant à la loi de Buys-Ballot[1], un minimum de pression devait se trouver entre elles. Ce minimum correspondait précisément au Gulf-stream, et notre remarque faite à propos du carré no 3, sur la coïncidence de la plus basse pression avec la plus haute température des eaux, se confirme ici.
On retrouve la situation caractérisée alors et dont nous avons déduit la probabilité de la naissance d’un mouvement rotatoire. La condition du renouvellement de la force vive du cyclone ainsi produit se trouve aussi dans la chaleur et dans l’humidité de l’air au-dessus du Gulf-stream.
Sur les cartes synoptiques du 5 février, à huit heures du matin, à trois heures et à huit heures du soir, on peut suivre les modifications des lignes isobares qui enveloppent un centre de dépression situé à peu près par 30 degrés de longitude ouest et 50 degrés de latitude nord. Sur celle du 6, le centre s’est un peu déplacé vers l’est, et sur celle du 7, tout le système des isobares, toujours formé autour d’un centre, s’étend sur les îles Britanniques. L’examen de ces cartes suggère au capitaine Toynbee d’intéressantes observations, qui peuvent aussi servir à éclaircir la question de l’origine et des mouvements des tempêtes tournantes.
« Peut-être, dit-il, le mouvement de l’aire de dépression vers le nord-est est-il causé par le changement de position du point où les deux courants aériens se rencontrent, la dépression ancienne se comblant constamment, pendant qu’une nouvelle dépression se forme en avant d’elle. La figure ci-contre aidera à comprendre cette idée. Supposons un vent de nord du côté ouest et un vent de sud du côté est de l’Atlantique ; par suite de la pression exercée l’une sur l’autre par ces vents, quand ils arriveront au contact, il se formera en un point C, où cette action sera la plus forte, un revolin ou tourbillon. Le minimum de pression barométrique et une pluie abondante s’y manifesteront. Le tourbillon paraîtra avancer à mesure que le contact s’étendra lui-même, mais en réalité il sera formé de nouveau dans l’air. La direction du mouvement et la vitesse avec laquelle avancera l’aire de dépression dépendront de la force relative des deux courants. Les tourbillons se sont formés en A et en B avant d’arriver en C et maintenant c’est en D que le centre de dépression nouveau se formera. La direction des vents indiquée par des flèches fera comprendre le phénomène de la rotation générale, pendant que le tourbillon central se reforme en avant à l’aide de l’air frais fourni par les deux vents qui sont entrés en lutte. »
D’après cette théorie, il n’y aurait plus à supposer le déplacement d’énormes masses d’air, et cette circonstance parait écarter l’objection soulevée contre la théorie généralement admise jusqu’à présent. Il y a tout lieu d’espérer que la continuation des études
- ↑ M. Buys-Ballot, directeur de l’Institut météorologique d’Utrecht, a déduit la règle suivante de très-nombreuses observations : Placez-vous de manière à ce que le point où le baromètre est le plus bas se trouve à votre gauche, et celui où il est le plus haut à votre droite ; vous tournez le dos à la direction d’où le vent soufflera.