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Cinéma marocain

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Cla Studios à Ouarzazate.

Le cinéma marocain regroupe à la fois les films, téléfilms et les productions cinématographiques produits au Maroc.

Le premier tournage au Maroc date de 1897, avec Le Chevrier marocain de Louis Lumière (no 1394 au catalogue Lumière), qui inaugure une tradition de tournages étrangers au Maroc, tradition qui perdure jusqu'à nos jours[1].

La diffusion de films au Maroc, avant 1939, relève pour l'essentiel du cinéma colonial français, à des fins à la fois de divertissement et de propagande.

Les premières structures de production apparaissent au Maroc en 1944 avec la création du Centre cinématographique marocain [2] et l'ouverture des studios et laboratoires Souissi à Rabat.

Les réalisateurs marocains sont peu nombreux jusqu'à l'indépendance du pays (1956) et, comme Mohamed Ousfour dans les années 1940, se limitant aux courts-métrages.

Le premier long métrage marocain est diffusé en 1958, réalisé par Mohamed Ousfour : Le Fils maudit[3]. Le cinéma marocain met une dizaine d'années pour être reconnu avec le film Weshma (Traces) de Hamid Bénani en 1970, qui paraît juste après Vaincre pour vivre (الحياة كفاح) co-réalisé en 1968 par Ahmed Mesnaoui et Mohamed Tazi (qu'il ne faut pas confondre avec son homonyme Mohamed Abderrahmane Tazi) ou Soleil de printemps (1969) de Latif Lahlou.

À l'opposé d'autres cinémas d'Europe ou du Maghreb, l'État marocain a longtemps laissé son cinéma trouver par lui-même les moyens nécessaires à sa survie et son épanouissement national ou international, ce qui a créé un déséquilibre entre un cinéma commercial (souvent médiocre) et un cinéma esthétisant à public essentiellement élitiste. Malgré ces conditions difficiles, le cinéma marocain voit sa première sélection au festival de Cannes en 1978 (Alyam, Alyam d'Ahmed El Maânouni). Un autre film du même réalisateur, Transes, connait un immense succès populaire à sa sortie en 1981 et deviendra par la suite un film culte, puisqu'il sera le premier film restauré par la World Cinema Foundation et à ce titre, présenté au Festival de Cannes en 2007.

Au début des années 2000, la politique cinématographique du Maroc change, avec la création du Festival international du film de Marrakech, et la rénovation de l'industrie marocaine du film. Depuis, le cinéma marocain progresse et il est de plus en plus souvent sélectionné et/ou primé dans les festivals internationaux, ce qui encourage de plus en plus de jeunes à se lancer dans une carrière dans le Septième Art. Ce progrès sert également de référence au cinéma africain moribond.

Cette évolution récente du cinéma marocain est bénéfique pour l'expression de la culture et de l'imaginaire des Marocains dans une branche d'activité globalisée à l'échelle mondiale où le risque d'imiter le Cambodge, qui ne produit plus aucun film actuellement, guette de nombreux pays.

Quelques dates-clefs :

Distribution

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Le protectorat français au Maroc (1912-1956) avait établi une commission de censure sur les films distribués au Maroc. Ayant survécu à l'indépendance, cet organisme de régulation s’est occupé jusqu'aux années 1970 surtout de contrôler la distribution des films étrangers en raison d'une production nationale encore faible comparée à celle des pays francophones voisins[5]. De ce fait, le Maroc a laissé le champ libre à d'autres cinémas concurrents qui se sont affirmés aisément auprès du public marocain ; aujourd'hui il doit lui faire face avec plusieurs années de retard. Il en est de même pour d'autres secteurs artistiques tel que la musique par exemple.

D'après une étude publiée par le cabinet Valyans Consulting à la demande du Centre cinématographique marocain (CCM), même si la production du cinéma au Maroc est abondante, les salles de cinéma ferment et 60 % des Marocains ne regardent pas de films[6]. En 2008, le cinéma marocain a fêté ses 50 ans, l'occasion de faire le point sur ses défis et atouts futurs.

Le Maroc et le cinéma

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Même après les réformes de modernisation politique des années 2010 (qui ont notamment amené la nouvelle constitution de 2011), la censure perdure au Maroc. Exodus: Gods and Kings de Ridley Scott a été censuré pour raisons religieuses par le parti islamiste le film a obtenu un second visa d'exploitation après suppressions de scènes ; alors que Much Loved de Nabil Ayouch a été censuré par le Ministère de la Communication marocain pour des scènes pornographiques, le film montrant des aspects de la prostitution au Maroc[7].

En juin 2022, le centre cinématographique marocain interdit la diffusion du film La Dame du Paradis après sa condamnation par le Conseil supérieur des oulémas [8],[9].

Le Maroc dans l'imaginaire cinématographique

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Un certain nombre de films très célèbres, s'ils ont été tournés en Californie, font appel à l'image du Maroc, ou du moins à une vision d'un Orient romancé :

Filmographie marocaine

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La liste suivante contient des films produits ou coproduits au Maroc:

Films étrangers tournés au Maroc

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Si le Maroc est depuis toujours une terre d'accueil pour le cinéma étranger (Othello d'Orson Welles en 1952, L'Homme qui en savait trop d'Alfred Hitchcock en 1956[11],[12], ou Lawrence d'Arabie en 1962), c'est depuis les années 2000 que cette activité se développe vraiment, avec l'ouverture de studios de tournage aux normes internationales à Ouarzazate. Le Maroc occupe la seconde meilleure place du pourtour arabo-méditerranéen, après l'Egypte. Le nombre de ces productions est en croissance permanente, fléchissant seulement durant les périodes de crise[13].

Parmi les films tournés en totalité ou en partie au Maroc :

La variété des paysages et de l'architecture, la lumière et ses nuances sont les principales raisons de cet engouement pour le tournage de films au Maroc[14].

Industrie du film au Maroc

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Réalisateurs

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On trouve au niveau national des réalisateurs qui ont donné leur lettres de noblesse : Hamid Bénani (Wechma, Traces, 1970), Souheil Ben Barka (Les mille et une Mains, 1974), Moumen Smihi (El Chergui ou le Silence violent, 1975), Ahmed El Maânouni (Alyam, Alyam, 1978 ; Transes (Al Hal), 1981; Les Cœurs brûlés, 2007), Jilali Ferhati (Poupées de roseau, 1981 ; La Plage des enfants perdus, 1991), Mustapha Derkaoui (Les beaux Jours de Shéhérazade, 1982) ; Farida Benlyazid (Une porte sur le ciel, 1988), Saâd Chraïbi (Chronique d'une vie normale, 1990), Mohamed Abderrahmane Tazi (Badis, 1989 ; À la recherche du mari de ma femme, 1993), Abdelkader Lagtaâ (Un amour à Casablanca, 1992 ; La Porte close, 1998), Hakim Noury (Le Marteau et l'Enclume, 1990), Hassan Benjelloun (La Fête des autres, 1990).

Ces dernières années, de jeunes réalisateurs ont révolutionné le cinéma marocain. Parmi ceux-ci, on peut citer des réalisateurs comme Nabil Ayouch ou Narjiss Nejjar, Faouzi Bensaïdi, Nour-Eddine Lakhmari, Laïla Marrakchi (son premier long métrage, Marock, est produit en 2004 et figure dans la section Un certain regard au Festival de Cannes 2005).

Festivals de cinéma

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De nombreux festivals sont organisés au Maroc[16] :

Les structures nationales

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Syndicats et organisations de professionnels

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Le Centre cinématographique marocain est le principal acteur dans l'activité cinématographique au Maroc. La plupart des autres acteurs sont regroupés en chambres syndicales dont les principales sont les suivantes :

  • Chambre Marocaine des Salles de Cinéma
  • Chambre Marocaine des distributeurs de Films
  • Chambre Marocaine des Producteurs de Films
  • Union des Réalisateurs Auteurs Marocains
  • Chambre Nationale des Producteurs de Films
  • Chambre Marocaine des Techniciens de Films
  • Syndicat National des Techniciens du Cinéma et l'Audiovisuel
  • Syndicat National des Professionnels du Cinéma au Maroc
  • Chambre Marocaine des Distributeurs de Films et Programmes Audiovisuels
  • Fédération nationale des ciné-clubs au Maroc

Studios d'enregistrement

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Écoles du cinéma

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Le Maroc dispose de trois grandes écoles du cinéma[22] :

Comédiens-comédiennes

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De la diaspora marocaine

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Films et acteurs marocains primés ou sélectionnés

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  • Actrice Loubna Abidar

2016 : nomination au César de la meilleure actrice à paris

Le cinéma dans les médias

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Internet, Web-TV, Web-cinéma

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En Occident de nombreux fournisseurs d'accès Internet haut débit, proposent à leurs clients la possibilité de visualiser des films à la demande. De plus, des sites commerciaux proposent le même type de produits. À ce jour, tout ceci n'existe pas encore au Maroc.

Cependant il y a quelques sites web officiels consacrés aux actualités cinématographiques et listes de films en projection sur le territoire national.

Émissions télévisées sur le cinéma

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  • L'émission Ciné-Jeudi présentée par Ali Haasan sur la 1re chaîne de 1991 à 2013
  • L'émission Marrakech Express sur la chaîne 1
  • La chaîne thématique Aflam TV, chaîne 7 sur la TNT

Presse écrite

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  • 1980 : Création par le critique de cinéma Hamid Nahla d'Al-Bayane cinématographique (البيان السينمائي) qui sera le premier supplément d'un journal marocain en arabe entièrement consacré au cinéma.

Magazines spécialisés

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  • CineMag, premier magazine du cinéma et de l'audiovisuel au Maroc; Sophie Hafida LOTFI : directrice de la revue

Compléments

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Du théâtre au cinéma

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De nombreux comédiens ayant fait leurs armes au théâtre se dirigent vers le cinéma. Le va-et-vient entre cinéma et théâtre étant très fréquent, ces deux éléments sont indissociables.

  • Article du ministère de la Culture du Maroc sur le théâtre[24]
  • État des lieux du théâtre marocain[25]
  • Activités théâtrales du Maroc[26]

Le déclin de la fréquentation

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Malgré un développement de la production nationale et des multiplexes de type Megarama, la fréquentation des cinémas au Maroc est en déclin constant. Cela est notamment dû à la fermeture ou l'abandon de la plupart des cinémas de quartiers[27], [28].

Nombre d'entrées annuel, de 1990 à nos jours
Année Visiteurs Année Visiteurs Année Visiteurs
1990 nc 2000 12 340 312 2010 2 535 829
1991 nc 2001 11 614 845 2011 2 248 542
1992 nc 2002 10 727 566 2012 2 011 294
1993 20 434 458 2003 9 425 292 2013 1 792 533
1994 19 273 071 2004 6 794 345 2014 1 643 647
1995 17 535 567 2005 4 763 738 2015 1 842 348
1996 16 335 410 2006 3 854 942 2016 1 527 224
1997 14 335 767 2007 3 376 452 2017 1 674 563
1998 13 570 018 2008 2 960 877 2018 1 562 350
1999 12 573 093 2009 2 638 707 2019 1 883 425

Articles connexes

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Bibliographie

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  • Hamid Nahla, DEA (Diplôme des Études Approfondies) en Audiovisuel-cinéma intitulé Les structures du cinéma marocain sous la direction du Professeur Guy Borréli et soutenu à l’Université de Nancy II en 1989.
  • Hamid Nahla, Les structures du cinéma au Maroc : approche multidimensionnelle, thèse de Doctorat National en Sciences de Gestion, soutenue à l'Université de Nancy en 1992 (Mention Très Honorable à l'unanimité du Jury).
  • Hamid Nahla, Attitudes comportementales du consommateur marocain-Tome 2; 450 pages; éd. Manageria; DL 2014MO4110; (ISBN 978-9954-644-05-8); 2015
  • Hamid Nahla, Communication et stratégies Pub (la pub par le média cinéma au Maroc);300 pages; éd. Manageria; DL 2014MO4103; (ISBN 978-9954-9513-9-2); 2014
  • Entre désir et incertitude, documentaire franco-marocain d'Abdelkader Lagtaâ, 52 minutes, 2010[29]
  • Il était une fois le cinéma au Maroc de A.Araib, Édition Edh (décembre 1999).
  • [PDF] Principaux textes régissant la cinématographie au Maroc, Centre cinématographique marocain, , 69 p. (lire en ligne)
  • « La presse égyptienne s'étale sur "l'étonnante» expérience cinématographique du Maroc" : Al Ahram et Al Jomhouria consacrent des articles au 7e art », Le Matin (Maroc),‎ (lire en ligne)
  • Roy Armes (trad. de l'anglais), Dictionnaire des cinéastes africains de long métrage, Paris, Karthala, coll. « Caméra des trois mondes », , 401 p. (ISBN 978-2-84586-958-5, lire en ligne), « Maroc (80 cinéastes - 186 films) », p. 241-245 [aperçu en ligne]
    Chronologie des années 1960 aux années 2000.
  • (en) What Moroccan Cinema? : A Historical and Critical Study, 1956-2006, Lexington Books, , 379 p. (ISBN 978-0-7391-3185-5) [aperçu en ligne]
  • Meryem Salmi, « Les salles de cinéma au Maroc face au défi du numérique », Al Bayane,‎ (lire en ligne)
  • Karim Boukhari, « Enquête : Les audaces du nouveau cinéma marocain », Telquel, Casablanca,‎ (lire en ligne)
  • Ahmed Bouanani (1938-2011), La Septième Porte : une histoire du cinéma au Maroc de 1907 à 1986 (1986, 2021)

Liens externes

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Notes et références

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  1. Les tableaux de production du CMM[réf. incomplète]
  2. Omar El Yahyaoui, « Le cinéma du Maroc comme moyen de développement coopératif en Afrique », Langues, Cultures et Communication, vol. 2, no 1,‎ , p. 71-78 (lire en ligne)
  3. a et b Malika Gueddim, « Le cinéma Maghrébin entre traçabilité coloniale et déterminations nationales », Regards, no 26,‎ , p. 57-83 (lire en ligne)
  4. Le cinéma marocain par : Virginie Lelièvre
  5. Giuseppe Sedia, « Centre Cinématographique Marocain : Entretien avec Abdelhatif Laassadi », Clap noir, 10 février 2009.
  6. Qods Chabâa, « 60 % des Marocains ne vont pas au cinéma » dans Aujourd'hui le Maroc, no 1399, 26 avril 2007.
  7. Censure, insultes, menaces de mort : “Much Loved” de Nabil Ayouch crée la polémique au Maroc, Les Inrockuptibles, 2 juin 2015
  8. « Le Maroc interdit « La Dame du Paradis », un film jugé « blasphématoire » », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  9. « Le CCM interdit La Dame du Paradis, film contesté dans le monde musulman », Telquel,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s « Programme des rencontres cinématographiques du Maghreb des films » [PDF], sur Maghrebdesfilms.fr, , p. 50
  11. Le réalisateur débarqua à Marrakech avec armes et bagages (plus de 25 camions de matériel pour le tournage de ce film)
  12. Un espion est assassiné à Marrakech et confie au Dr. Benjamin McKenna, rencontré la veille, qu'un attentat se prépare à Londres. McKenna et sa femme se retrouvent embarqués dans un complot international, obligés de se taire pour sauver leur fils gardé en otage.
  13. Association Racines, Maroc, « Document de travail des états généraux de la culture au Maroc », , p. 52
  14. Odile Tremblay, « Le cinéma marocain à l'heure d'Hollywood », Le Devoir, 13 décembre 2004.
  15. « Le Maroc pays d’accueil du cinéma mondial, un rêve à l’épreuve des islamistes – Jeune Afrique », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. « CALENDRIER DES MANIFESTATIONS CINEMATOGRAPHIQUES NATIONALES EN 2017 », Centre Cinématographique Marocain
  17. « Le Festival national du film éducatif, du 23 au 25 avril à Fès »
  18. En 2010 : Récompense au film Le Fil vert
  19. Ce festival devient l'un des principaux rendez-vous mondiaux du cinéma d'animation et représente le seul du genre sur l'ensemble du continent africain.
  20. Festivalcinematiznit.com
  21. « Actualité au Maroc - Maroc Hebdo », sur Maroc Hebdo International (consulté le ).
  22. El Hadji Mamadou Gueye, « Le magazine américain Variety encense le Maroc comme destination cinématographique », sur www.yabiladi.com, (consulté le )
  23. Site officiel de l'Institut spécialisé dans les métiers du cinéma
  24. « Document sans titre », sur minculture.gov.ma via Wikiwix (consulté le ).
  25. « Portail national du Maroc : », sur maroc.ma via Wikiwix (consulté le ).
  26. (en) « Maghrebarts.ma », sur maghrebarts.ma (consulté le ).
  27. Euromedaudiovisuel.net
  28. Academia.edu
  29. Programme du Maghreb des films 2010 : « Premier film documentaire consacré à la cinématographie marocaine. En donnant la parole à des cinéastes et des critiques, ce documentaire s'attache, parallèlement à une approche historique succincte, à identifier quelques tendances qui animent le cinéma marocain et en même temps à pointer du doigt les principaux dangers qui menacent son évolution », p. 38.